Edwige FIENDE
Un an après l’attaque armée de Grand-Bassam, ville touristique située à une quarantaine de kilomètres à l’Est d’Abidjan, le taux de remplissage des hôtels a chuté de 40 à 15%, « un coup dur pour les hôteliers et restaurateurs qui ne sont « pas encore rétablis de cette blessure ».
Dans le restaurant-plage « Canaan Beach », un espace où les huit premières victimes ont été tuées, des clients prennent le déjeuner tandis que d’autres préfèrent se jeter à l’eau en raison de la forte chaleur.
Christian N’Tapké, le responsable des lieux essaie de faire la promotion de son espace où les activités sont devenues très lentes, par des annonces sur les réseaux sociaux.
« On pouvait enregistrer au moins 700 à 800 personnes minimum par espace les week-ends minimum, mais le taux a baissé », déplore M.N’Tapké, assis dans une chaise en bois, faisant face à la mer.
Avec un taux de remplissage évalué entre 300 et 700 personnes, son chiffre d’affaires a baissé de moins 70% et tourne autour de 150.000 à 200.000 Fcfa les week-ends.
A l’hôtel Le Wharf situé près de la plage, un autre site attaqué, « un plan de vacance » a été nécessaire pour réduire la cinquantaine d’employés, le chiffre d’affaires ayant été de 0 Fcfa en 2016 contre 300 à 400 millions Fcfa en 2015.
« J’avais des réservations sur l’année qui ont été annulées. Nous avons pu tenir avec l’appui de certaines banques, où nous avons pris des prêts. Aujourd’hui, on arrive à payer le personnel, mais il faut dire que ce n’est pas facile », explique le directeur général, Alassane Ouattara, tiré à quatre épingles.
Un coup dur pour l’économie
L’économie de Grand-Bassam qui repose presque sur le tourisme a pris un coup, pendant les six mois d’inactivité des restaurateurs et hôteliers.
« Du 13 mars, jusqu’en décembre 2016, on n’a pas travaillé, c’est maintenant que l’activité est en train de se réveiller, et on a un taux d’occupation autour de 15 à 20% aujourd’hui, précise M. Ouattara, également président des hôteliers, avec un sourire affable.
« La situation étant devenue difficile à un moment donné », une dizaine de restaurants et hôtels qui n’ont pu tenir ont fermé.
Au musée national des costumes, les touristes individuels sont devenus les plus nombreux. Les visites d’études, « qui permettent d’avoir le plus grand nombre de visiteurs ont baissé », la faute aux parents qui sont « un peu réticent à laisser venir leurs enfants », après l’attaque.
« L’année dernière, à la même période, on avait déjà reçu 40 établissements mais aujourd’hui, malheureusement, nous avons enregistré moins de la moitié de ce chiffre », témoigne le coordonnateur technique Ange Nahonin.
Support pédagogique pour les professeurs d’histoire-géographie surtout, et philosophie, des écoles s’étaient fidélisées, pour des visites dans ce musée dont les pièces sont essentiellement composées des costumes traditionnels de toutes les régions de Côte d’Ivoire.
Avec un préjudice évalué à 200 millions Fcfa à l’hôtel le Wharf, le patron estime que l’attaque ayant causé la mort de 19 personnes dont trois éléments des Forces spéciales (unité d’élite) « est encore gravée dans la tête des gens »
Développement des séminaires touristiques
Aujourd’hui, les hôteliers « vivent des séminaires touristiques » qui se sont développés à Bassam, après l’attaque.
La ville prisée pour ses plages et l’air frais, sert de cadre de réflexion à plusieurs organisations qui s’y rendent pour des ateliers et séminaires.
« Si vous faites un mois sans faire de séminaires, c’est difficile de couvrir les charges », avoue le président des hôteliers.
Les commerçants ambulants d’objets d’art ne se plaignent pas en ce moment avec une recette qui oscille entre 60.000 à 100.000 Fcfa par jour, après des mois d’inactivité.
« Avec les séminaires, des gens qui viennent de partout, on souhaite que ce soit mieux qu’auparavant », espère un commerçant sous couvert d’anonymat.
Au lendemain de cette attaque, le gouvernement a dégagé un fonds de 200.millions pour les opérateurs économiques touchés par le drame.
Pour Lancinan Ouattara, ce « geste significatif », reparti reparti entre plus de 200 hôteliers entre plus de 200 hôteliers et restaurateurs n »’a été qu’une goutte d’eau dans la mer » car « il aurait fallu un plan Marshall pour la ville », après cette attaque.
Les enquêtes ouvertes après l’attaque terroriste de trois hôtels le 13 mars 2016, ont conduit à l’arrestation de 38 personnes, selon le gouvernement ivoirien qui a invité « l’ensemble des populations vivants dans le pays et les représentations diplomatiques à l’extérieur, à observer lundi une minute de silence en mémoire des victimes à 12H45 (GMT et locales), heure du déclenchement des tirs ».
Une cérémonie officielle de commémoration de cette attaque est prévue lundi dans la cité balnéaire. Elle sera suivie samedi d’un grand concert, à l’initiative des hôteliers « pour dire que Bassam reste debout ».
EFI
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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