Lancina Ouattara, le président des hôteliers et restaurateurs de Grand-Bassam (43 km d’Abidjan), a estimé qu’ »il aurait fallu « un plan Marshall » et un « abattement fiscal » pour les opérateurs économique de cette cité balnéaire, après l’attaque armée dont trois complexes ont été victimes le 13 mars 2016, dans une interview à ALERTE INFO.
Le fonds de soutien de l’Etat aux hôteliers a-t-il profité à tout le monde ?
Le maire Philippe Ezaley a partagé en fonction des capacités et préjudices de chacun d’entre nous, c’est logique, les 200 millions FCFA étaient un pas du gouvernement. C’était à nous hôteliers de comprendre que cela devait nous permettre de pouvoir aller de l’avant.
Cette somme était une goutte d’eau dans la mer. Ce « Yako » (geste de compassion) était un très grand geste mais 200 millions FCFA pour 200 opérateurs c’est compliqué.
Il aurait fallu qu’il y ait des mesures d’accompagnement, qu’on pense à un plan Marshall pour Grand-Bassam, parce que le tourisme c’est l’avenir d’un pays. On avait souhaité que le gouvernement nous accompagne par rapport à des mesures sur la fiscalité, mais malheureusement cela n’a pas été le cas. Après un an, on ne s’est pas encore rétabli de notre blessure.
Quelles mesures fiscales avez-vous souhaité ?
Les taxes fiscales n’ont pas baissé, malgré le chiffre d’affaires, il aurait fallu qu’il y ait un plan pour ça, par exemple un rabattement.
Comment se porte le secteur du tourisme à Grand-Bassam, un an après l’attaque ?
Il faut dire que l’attaque djihadiste a été un coup dur pour grand-Bassam. Cet attentat qui ne se justifiait ne pas du tout, a eu une répercussion très grave sur la situation économique et sociale de la ville.
Grand-Bassam, déjà affectée avec tous les soubresauts de la Côte d’Ivoire, était à un taux d’occupation autour de 40% et après l’attaque on est retourné à 0%.
Pendant six mois, nous n’avons pas travaillé. C’est maintenant que l’activité est en train de se réveiller, aujourd’hui on a un taux d’occupation autour de 15 à 20%.
Vous disiez que pendant six mois vous n’avez pas travaillé, comment avez-vous pu survivre?
Pour moi particulièrement, ça a été un moment de réflexion. J’ai pris le temps de réunir le personnel, à leur initiative. J’emploie 50 à 60 personnes, on a réduit le personnel. Nous avons pu tenir avec l’appui de certaines banques, où nous avons pris des prêts. Aujourd’hui on arrive à payer le personnel, dégager certains fonds mais il faut dire que ce n’est pas facile.
A combien peut-on évaluer le préjudice subi ?
Le préjudice, n’est pas quantifiable, dans la mesure où c’est le plan social qui a été attaqué. Des réservations ont été annulées. Rien que chez moi (à l’hôtel Le Wharf), je suis à plus de 200.millions de préjudice, parce que j’avais des réservations sur l’année qui ont été annulées.
Aujourd’hui le préjudice est encore plus grave parce l’attaque est encore dans la tête des gens, c’est difficile mais on se remet parce que Bassam est une ville qui est restée débout.
Il y a une activité qui s’est développée pendant la crise, ce sont les séminaires touristiques. Ça commence à revenir tout doucement. Cela aurait été un coup dur, si on n’avait pas les séminaires. Ce serait un grand préjudice.
Vous vivez donc des séminaires en ce moment ?
Nous vivons de séminaires, si vous avez un mois sans faire de séminaire, vraiment c’est difficile, de faire face aux charges.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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