LIDER News | 02 mars 2017
La nouvelle a d’abord fait sourire certains: le Maroc demanderait à adhérer à la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Loin d’être une plaisanterie, la démarche de Mohamed VI est tout à fait sérieuse, comme le prouve la tournée actuelle qu’il effectue dans la région, et qui vise à concrétiser ce projet hors-norme.
Sur le plan pratique, les textes de la Cedeao sont silencieux sur le processus d’adhésion. Mais l’organe décisionnaire de la Cedeao étant la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, qui sont tous des amis des intérêts du souverain chérifien, la suite à la demande officielle formulée par les autorités marocaines le 24 février et adressée à Mme Ellen Johnson Sirleaf, présidente actuelle de l’organisation sous-régionale, sera sans aucun doute positive.
Mais qu’est-ce qui motive Mohamed VI?
Voyant la possibilité de se substituer à la France déclinante, que la puissance publique marocaine a d’ailleurs déjà remplacé comme premier investisseur étranger dans certains pays du pré-carré colonial français, le roi veut prendre la place que cherchait Kadhafi sur le continent, mais par d’autres moyens moins flamboyants et en utilisant le flou des textes en vigueur. Subtilement, à la manière du voleur chinois et sous prétexte de booster l’intégration africaine qui manque cruellement de leadership, le Maroc se trace de nouvelles frontières.
Le roi anticipe le soutien des services français, qui contrôleront le système non plus à travers l’Europe et l’euro, mais plutôt par la sous-traitance marocaine et le dirham interposés. Le Maroc francophone pourrait être, pendant quelque temps, moins dangereux aux yeux de Paris, que le Nigeria ou l’Afrique du Sud.
Les principales économies sous régionales sont d’ores et déjà acquises à sa cause.
Le Nigéria y gagne gros, avec le pharaonique projet de gazoduc sous-marin, devant relier le Nigeria à l’Europe, en passant par le Maroc. Le gazoduc sera sécurisé par les pays membres de l’espace Cedeao, auquel le Maroc exigerait d’appartenir avant de sortir les fonds nécessaires à sa réalisation, au lieu de passer par l’Algérie, son frère ennemi.
La Côte d’Ivoire y gagne aussi énormément, avec les relations d’affaire opaques et enrichissantes entre le palais royal chérifien et le couple royal ivoirien.
Et c’est ainsi que les chefs d’Etats ouest-africains, au lieu de sonner timidement le glas de la Françafrique, tellement nuisible au bien-être et à la prospérité de des populations de la zone, marchent plutôt résolument vers la pérennisation de celle-ci, en la dotant d’un nouveau paravent.
La sous-tutelle marocaine rassurerait ainsi ceux que la tutelle directe française semble choquer.
Rappelons que le Maroc était, il y a moins d’un siècle, un pays membre de la zone franc et que sa sortie a été tellement fructueuse pour ses intérêts qu’il est devenu aujourd’hui un grand investisseur dans l’ensemble du continent africain, qui l’a d’ailleurs réintégré comme membre de l’Union africaine.
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