Au cours de sa récente conférence de presse, Pascal Affi Nguessan a dressé un tableau très sombre de la gouvernance du président Alassane Ouattara et a proposé la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et de transition.
Si le constat fait par l’ex Premier ministre de Gbagbo et président du FPI ne souffre d’aucune contestation, même si malgré la situation de pauvreté des ivoiriens, Affi tient parfois pour pièce à conviction les nombreux rapports des organismes internationaux (FMI, Banque Mondiale et près de 8 indicateurs de degré de pauvreté) dont on connait désormais les motivations. Ces mêmes qui font toujours les mêmes rapports ! Mais là où le moral est touché c’est lorsque le mari de Angélique Kili dénonce une gestion opaque de la filière café-cacao par le régime de Ouattara. Suivez mon regard ! Aussi quand Affi parle de la mission de son gouvernement d’union nationale et de transition,qu’ il doit encore mieux expliquer, car comment avoir à la fois un gouvernement d’union donc qui rassemble l’ensemble des forces vives du pays, les actuels membres du gouvernement y compris et avoir un autre de transition sans remettre en cause l’ensemble du lot actuel avec le départ du président ? Mais si cette idée est nourrie par beaucoup d’Ivoiriens, c’est son cadre temporel qui inquiète. De 2 à 3 ans !
Ainsi donc pour Affi, en seulement 3 ans, ce gouvernement
Dans l’immédiat va :
– restaurer la confiance des ivoiriens dans le jeu politique et dans la classe politique ;
– conclure une trêve avec toutes les organisations politiques, militaires, syndicales et sociales impliquées dans la crise et engager les négociations en vue de la résolution durable des problèmes auxquels les populations ivoiriennes sont confrontées;
– assainir l’environnement, et normaliser la vie politique et sociale à travers la libération de tous les prisonniers politiques, civils et militaires ;
– organiser le retour de tous les exilés et déplacés de guerre, dégeler tous les comptes bancaires et les avoirs de toutes les personnes concernées par ces mesures ;
– apaiser les cœurs et préparer la réconciliation nationale.
A court et moyen terme :
– organiser les Etats Généraux de la Républiques (EGR), un dialogue national inclusif pour fonder la réconciliation nationale, proposer des réparations sans discriminations pour toutes les victimes des graves évènements que le pays a connu ces quinze (15) dernières années, ainsi que tous moyens pouvant contribuer à guérir des traumatismes subis ;
– procéder à la réécriture de la Constitution ;
– adopter les reformes législatives nécessaires à la consolidation de l’Etat de droit ; de la cohésion sociale, des libertés et de la démocratie ;
– Refonder les armées nationales et le Système de Sécurité nationale (RSS) ;
– etc. « La neutralité et l’impartialité de ce gouvernement seront garanties par sa nature, sa composition équilibrée des différentes forces politiques et sociales » nous dit Pascal Affi.
Ma seule question est quel est le plan de M. Affi Nguessan pour la libération de Laurent Gbagbo et Blé Goudé ? Connait-il l’agenda de la CPI avant de circonscrire le cadre temporel des missions de son gouvernement d’union et transition ? Car ignorer cette hypothèse c’est méconnaitre la nouvelle sociologie politique de la Côte d’Ivoire. Enfin, il n’est pas toujours aisé pour quelqu’un qui a gouverné ou qui est contesté dans son propre parti d’être à l’origine de certaines réformes…
Philippe Kouhon à Paris
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