Par Ivoirejustice
34e témoin de l’accusation dans l’affaire Gbagbo-Blé Goudé, l’ex-chef de la police ivoirienne a poursuivi sa déposition ce lundi à la Cour Pénale internationale (CPI). A la barre depuis le 15 février, il aurait déjà bien renseigné la Chambre.
Par Anne Leray
Quatrième jour de prétoire pour Brédou M’Bia. Comme pour beaucoup de témoins, la personnalité de cet ancien responsable de la police ivoirienne durant la crise 2010-2011, se révèle au fil des heures et des questions. Calmement campé sur sa table de déposition, ce haut-gradé dont on découvre qu’il a parfois exprimé des avis divergents à ceux de sa hiérarchie, ne paraît pas faire montre d’une docilité aveugle. Ne disait-il pas vendredi qu’on lui avait forcé la main en décembre 2010 pour prêter allégeance à Laurent Gbagbo ?
Limogeages et débarquements
On a appris ce matin qu’il avait, avec trois de ses homologues hiérarchiques (1), sollicité une entrevue auprès de l’ancien président pour lui demander « à l’unanimité » de se retirer du jeu début 2011. « Ce jour-là, il y avait le ministre de la Jeunesse, des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de la Défense. Nous lui avons dit que nous ne souhaitions pas qu’il continue à exercer ses fonctions et demandé si possible de se retirer », explique M’Bia. « Quelle a été la réponse de Laurent Gbagbo ? » demande le procureur Eric McDonald. « Il n’a pas répondu, mais il a dit j’ai compris ».
Dans le fil des mouvements au sein des appareils d’Etat, il a été question lors de l’interrogatoire de la défense, du limogeage de Youssouf Kouyaté en janvier 2011, alors adjoint du préfet de police d’Abidjan. La raison de cette démission intimée par Laurent Gbagbo et ses proches ? Le fait que Youssouf Kouyaté aurait été représenté par le rebelle Chérif Ousmane lors des obsèques de son père auxquelles il ne pouvait assister. « Ils ont établi une relation entre eux » relate M’Bia en précisant que selon lui, il n’avait « commis aucune faute ».
Emmanuel Altit est également revenu sur le fait que M’Bia lui-même ait récemment été démis de ses fonctions, le 11 janvier 2017 après neuf ans de service, pour éclaircir les raisons de son départ. Un départ qui fait suite, selon l’intéressé, « au mouvement d’humeur des soldats ivoiriens et à leurs revendications quant à la prime réclamée, ce que je ne souhaite pas commenter » (2).
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