Par Connectionivoirienne
…En dépit de gros investissements, grèves intempestives, baisse du niveau…
En Côte d’Ivoire environ 800 milliards de FCFA du budget national sont consacrés chaque année au ministère de l’Education nationale. Dans cette enveloppe, seulement 6 % sont alloués à l’investissement et 93 % aux dépenses de fonctionnement et de salaires des enseignants. Depuis l’avènement du régime Ouattara ce sont 40 mille enseignants qui ont été recrutés et à peu près 16 mille classes ont été construites.
Tous ces chiffres, en attendant vérification, ont été donnés par Kandia Kamissoko Camara, ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique, mercredi au cours d’une émission de RTI 1 où elle était d’ailleurs la seule invitée sur le plateau. Elle a longuement exposé sur notre système éducatif, elle a parlé de ses atouts, de ses performances, de ses déceptions et de ses perspectives.
La ministre de l’Education a courageusement admis les critiques d’un récent rapport de la Banque mondiale qui indiquait clairement qu’en dépit des montants colossaux investis dans le secteur éducation formation, les résultats restaient en deçà des attentes. Comme pour dire que l’école ivoirienne va mal. De même, elle n’a pas rejeté le classement d’un organisme international d’évaluation des systèmes scolaires en Afrique et qui classe la Côte d’Ivoire dans le bas du tableau à la dernière place, derrière des pays comme le Tchad et le Niger.
Comme boucs-émissaires à tous ces problèmes soulevés, Kandia Camara désigne les enseignants qui dit-elle, à travers leurs syndicats déclenchent des grèves qui impactent négativement les volumes horaires et donc la qualité de l’enseignement. Elle en a appelé à la responsabilité des enseignants eux-mêmes et des parents d’élèves avant d’ajouter plus loin que « les responsabilités sont partagées ». Elle a indiqué que ces dernières années, ses réformes entreprises visent à rehausser le niveau de l’enseignement en Côte d’Ivoire. Ceci passe, selon elle, par le relèvement des volumes horaires pour les amener au niveau des normes internationales.
Durant les deux heures d’émission, elle s’est rarement mise en cause, se contentant simplement de ses prouesses à la tête de son département ministériel et de celles du gouvernement, entre autres, le déblocage des salaires et la revalorisation salariale. Toutes choses qui, selon elle, permettent aujourd’hui à un instituteur adjoint (IA) de gagner 397 000 FCFA de salaire mensuel.
Seulement, la ministre a oublié que le salaire ne saurait être la seule source de satisfaction ou de motivation du travailleur. Celle-ci dépend également de l’environnement du travail et de la cohésion entre les acteurs du système. Or depuis son arrivée à la tête de ce ministère clé, Kandia Camara fait montre d’une arrogance qui a fini par détériorer le capital sympathie entre elle et les autres acteurs du système. Sa trop grande propension à préférer les méthodes cavalières et brutales pour imposer ses décisions en faisant valoir que c’est elle l’autorité, a grandement contribué à raidir les syndicats les plus significatifs qui cultivent une certaine solidarité. Il en est ainsi des cours du mercredi que certains enseignants du primaire boycottent jusqu’ici.
En ce qui concerne le niveau des élèves proprement dit, il faut relever que si certaines réformes sont admissibles, il reste que des réformes telles que l’instauration du coefficient 1 pour toutes les matières au collège, n’est pas tout aussi efficace qu’on le pense. Tous les élèves ne sauraient être polyvalents si tel était l’objectif visé. C’est pourquoi, il fallait leur laisser le choix d’être plus fort dans certaines matières au détriment d’autres pour que seul, le coefficient élevé ici ou bas là, puisse être l’élément qui permette de les jauger. Autre mesure contre-productive, celle qui veut que plus aucun élève ne double une classe au primaire, même avec 1 ou 2 de moyenne sur 10.
L’autre facteur limitant qu’il faut relever, c’est la prise de certaines décisions sous la seule influence de la politique politicienne. Le régime Ouattara qui prend pour seul repère de son autoévaluation la gouvernance Gbagbo a multiplié les maladresses, juste pour faire admettre qu’il fait mieux qu’avant. Il en est ainsi des taux de réussite arrangés aux différents examens scolaires. Ceux-ci sont dans la réalité flatteurs parce qu’en définitive, les élèves ainsi admis progressent avec des niveaux décriés par les enseignants eux-mêmes. Et ça, Kandia l’a elle-même reconnu sur le plateau.
Comme réponse, elle a promis un séminaire de tous les acteurs de l’école pour réfléchir sur la manière de rendre l’école ivoirienne performante. Kandia dirige ce département depuis six ans. Elle en est encore à organiser un séminaire sur la performance du système éducatif ivoirien. N’est-ce pas tard ?
SD à Abidjan
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