Nous invitons l’ensemble des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire à se solidariser de la grève des fonctionnaires et à rejoindre leur mouvement en y ajoutant leurs propres revendications…
Camarades étudiantes, camarades étudiants, Mesdames et Messieurs les journalistes, Chers invités, En ce début d’année 2017, notre pays la Côte d’Ivoire connait de profonds troubles sociaux, avec les nombreux mouvements de revendications tant du côté des corps habillés que de la fonction publique. Ce climat crée auprès de la plupart de nos concitoyens un sentiment d’insécurité mais aussi d’incompréhension et de fatigue. En tant qu’étudiants et élèves, nous sommes particulièrement préoccupés par l’arrêt des cours depuis maintenant plusieurs semaines, et encore plus inquiétés par la négligence avec laquelle l’État traite la question. De plus, en tant que parents de fonctionnaires et futurs fonctionnaires nous-mêmes, nous nous posons de nombreuses questions quant à notre avenir, au vu de ce qui se passe en ce moment et de la nature des revendications qui sont au centre de ce conflit. Autant le dire nettement – nous trouvons légitimes et nous soutenons les revendications de nos maîtres qui réclament :
• le retrait de l’ordonnance portant réforme de la pension de la retraite, • le paiement de stock des arriérés,
• la revalorisation salariale indemnitaire et des accessoires de salaire dont le paiement des 150 points d’indice,
• le respect de la liberté syndicale,
• et le retrait de la contribution nationale (CN) et de l’impôt sur les traitements et salaires (TTS).
En effet, comment comprendre que nos parents et nos maîtres doivent travailler plus longtemps avant de pouvoir prendre leur retraite, que les bénéfices de ces retraites diminuent et qu’en même temps, les montants prélevés sur leurs salaires augmentent, dans notre pays qui connait une croissance de près de 10 % et qui s’achemine vers l’émergence ?
Alors que, au vu des nombreuses annonces quant à l’excellent état de notre économie et de notre développement, la population s’attend plutôt à une hausse de son niveau de vie, comment expliquer que le gouvernement trouve normal d’appliquer une politique d’austérité, c’est-à-dire d’économies sur les dépenses sociales ?
Notre pays connaîtrait-il en réalité une phase de récession ? Une telle politique ouvre la voie à une démoralisation parmi les travailleurs de la fonction publique, ce qui se ressentira inévitablement sur la qualité du service et de l’accueil dans l’administration, les hôpitaux, l’université, et ne peut qu’encourager certains à combler le manque à gagner par la corruption !
C’est comme si le gouvernement voulait encourager des pratiques telles que la vente des notes, vente de fascicules, cotisations fantaisistes, etc. De plus, rappelons que les fonctionnaires qui touchent un salaire sont des consommateurs dont les dépenses quotidiennes contribuent à la bonne santé de l’ensemble de notre population de petits vendeurs et petits entrepreneurs. Il s’agit donc d’un manque à gagner pour l’ensemble de cette population.
Nous constatons également que ce gouvernement, qui prône sans arrêt le « dialogue social », cède en réalité bien plus vite aux revendications portées par certains corps armés, et ne semble pas faire des revendications des simples civils une priorité. Constatons également que le gouvernement semble allergique à la liberté d’association, dont fait partie la liberté syndicale, pour la simple raison que depuis l’arrivée au pouvoir du régime RHDP, nous assistons tristement à des interdictions sans nombre et à la criminalisation de tout mouvement de protestation, qu’il émane de la société civile, de l’opposition politique ou des syndicats de travailleurs et d’étudiants.
À force de vouloir rester sourd aux revendications et à la grogne sociale qui monte, le gouvernement nous mène à une situation dangereuse où les innombrables frustrations accumulées risquent d’éclater au grand jour de manière incontrôlée, comme cela s’est vu à Bouaké en juillet 2016. L’injustice faite à nos maîtres et à nos parents fonctionnaires les pousse par conséquent à poser des actions dont nous sommes malheureusement les premières victimes. L’école étant fermée, les élèves et étudiants n’ont par conséquent d’autre échappatoire que de se lier corps et âme à ce mouvement légitime initié par nos maîtres afin de nous assurer qu’une solution soit trouvée aussi rapidement que possible à leurs préoccupations et revendications justifiées, et ce, dans l’intérêt de tout un chacun.
C’est pourquoi nous invitons l’ensemble des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire à se solidariser de la grève des fonctionnaires et à rejoindre leur mouvement en y ajoutant leurs propres revendications, notamment en ce qui concerne les bourses, l’accès au logement (réhabilitation et construction de résidences), l’harmonisation des frais d’inscription dans les grandes écoles, la modernisation des infrastructures éducatives, la mise à disposition de moyens de transport adéquats et la distribution de fournitures scolaires par l’État à l’ensemble des élèves et non à quelques-uns par de quelconques fondations soi-disant charitables. Ce gouvernement a en effet démontré qu’il est plus que capable de trouver de l’argent lorsqu’il en a besoin, qu’il s’agisse de régler ses factures auprès de soldats mutins, de « stimuler » nos stars du football ou de prendre des engagements irresponsables vis-à-vis de sociétés « amies » tel qu’on le voit depuis l’ouverture du pont HKB ou avec les contrats donnés à Snedai, Quipux et Webb Fontaine pour ne citer que ceux-là.
Joignant notre voix aux gendarmes, aux soldats et aux fonctionnaires, nous réclamons donc nous aussi les milliards qui nous sont dus ! Nous vous remercions, LIGES… JUSQU’AU BOUT !!!
LIGES
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