Le public présent lundi à l’hémicycle a suivi avec une petite surprise, la prise de parole du député de Duékoué, Oulla Privat pour récuser la candidature du député Evariste Méambly de Facobly, Sémien, Siably.
Quand le doyen d’âge qui dirigeait les débats a sollicité des observations après la présentation des deux candidats au perchoir, Oulla Privat s’est inscrit en premier pour porter la charge contre son ‘’frère’’ Méambly. Il lui a ouvertement demandé de retirer sa candidature pour défaut de forme et conformément au règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Il reprochait à Méambly d’avoir annoncé un groupe parlementaire en gestation et qui porte sa candidature. Dans son entendement et empruntant une sagesse africaine, il faut mettre un enfant au monde avant de lui donner un nom et se prévaloir d’être son géniteur. Bien sûr ces arguments de Oulla n’ont pas été retenus par le doyen d’âge et l’on est passé à l’élection.
Si ce petit moment de passe d’armes est de l’ordre normal des choses sur le terrain de la démocratie, et si Oulla est un inconditionnel soutien de Guillaume Soro, l’intervention du député de Duékoué et vice-président sortant de l’Assemblée nationale a tout d’un conflit de leadership qui oppose les deux hommes depuis 2013. C’est la guerre des frères ennemis de la région du Guémon qui s’est déportée à l’hémicycle. Oulla Privat et Méambly Tié Evariste entretiennent bien d’inimitiés depuis que l’un a été élu député indépendant de Duékoué sous-préfecture et l’autre député indépendant de Facobly en 2012 à la fin d’un feuilleton électoral sans précédent (l’élection à Facobly avait été reprise trois fois). En ce moment-là, Oulla Privat avait le vent en poupe et avant l’arrivée de Méambly à l’assemblée nationale, il s’était déjà fait une réputation de leader avec autour de lui, bon nombre de députés indépendants de la région. Il fut nommé vice-président de l’assemblée nationale.
Tout se gâte entre les deux frères après le grave accident de Oulla Privat en 2013. Ils devaient tous les deux, faire liste commune aux régionales de cette année-là avec Oulla comme tête de liste et Méambly en deuxième position. Oulla absent et interné à la Pisam, Méambly s’engage dans l’élection du conseil régional avec sa propre liste et gagne face à Oulla Privat qui avait constitué la sienne mais qui n’avait pu faire campagne. Se sentant trahi et humilié, le dernier cité a décidé de régler les comptes avec son désormais frère ennemi. Il tente de faire annuler son élection à la tête du conseil régional du Guémon via le conseil constitutionnel. Malgré le retrait de 2 mille voix, la victoire de Méambly sera confirmée.
Et depuis, par procuration ou directement, les deux hommes ne cessent d’exposer leurs divergences. Oulla s’est même rapproché de la ministre Anne Oulotto, l’autre sœur du Cavally. Ses accointances avec le Rdr ne sont plus à démontrer, selon certaines langues, quand Méambly de son côté clame son appartenance au Pdci, parti co-fondé par son grand-père Kouisson Kélétigui.
Faut-il que Méambly gagne de plus en plus en influence en tant que député, tuteur-parrain de plusieurs députés indépendants de l’Ouest, président de conseil régional, président de groupe parlementaire et probable vice-président de l’Assemblée nationale ? L’objet de la fronde du député Oulla Privat est là. Bloquer la montée en puissance de son frère ennemi Méambly afin de préserver le peu d’honneur qui lui reste encore.
SD à Abidjan
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