Par Serge Alain Koffi
Quelque 6, 2 millions d’électeurs ivoiriens étaient appelés aux urnes pour choisir entre 1.337 candidats, les 255 députés de la future assemblée nationale, dans un contexte marqué de nouveau par les suspicions de falsification des résultats contre une commission électorale indépendante (CEI), dont le capital crédibilité en Côte d’Ivoire demeure un grand chantier.
Le diplomate Youssouf Bakayoko a beau assuré de la partialité de la CEI qu’il dirige depuis 2010, mais il faut apparemment beaucoup plus que de simples mots pour que l’organe en charge de l’organisation des élections en Côte d’Ivoire se fasse l’unanimité.
De nombreux candidats à ces élections législatives, comme en rupture de confiance avec la CEI, l’arbitre du scrutin, ont déployé une batterie de mesures pour annihiler les velléités de fraude et de falsification des résultats issus des urnes.
La candidate indépendante de Cocody, Yasmina Ouegnin, par exemple a distribué à ces supporters des prospectus sur lesquels sont consignées des instructions pour la journée de vote. Sur ceux-ci, on peut lire : « je reste pour le dépouillement » « Je photographie le PV et les résultats sur le tableau ».
Certains candidats, se sont attachés les services d’informaticiens pour développer des applications web afin de suivre en temps réel le décompte des voix.
Après son vote, Mohamed Jichi, l’une des six têtes la liste du Front populaire ivoirien (FPI), le principal parti de l’opposition, à Yopougon (ouest d’Abidjan) a assuré avoir pris « des dispositions techniques » pour éviter la fraude sans les préciser. Tout comme l’ancien ministre Gnamien Konan A Botro (centre).
Dans de nombreuses circonscriptions, des candidats, surtout les indépendants et ceux issus de l’opposition, semblent clairement douter de la transparence du processus promise la main par la CEI.
Le député sortant de Port-bouet (sud d’Abidjan), Bertin Kouadio Konan dit KKB qui dit avoir mis des représentants dans chaque bureau de vote « pour veiller à la clarté du scrutin ». Contre cette commission, son jugement est sans concession : « ils sont nombreux, les Ivoiriens qui n’ont pas confiance en la CEI ».
La crise de confiance remonterait à la présidentielle de 2010. La CEI et son président avaient été au cœur du contentieux électoral survenu après le scrutin et qui a abouti à une crise armée, ayant fait officiellement 3.000 morts.
Youssouf Bakayoko s’était à la surprise générale retranché au quartier général de campagne de l’opposant d’alors Alassane Ouattara et proclamé des résultats qui le donnaient vainqueur du scrutin au détriment du président sortant Laurent Gbagbo, déclaré, quant à lui, élu par le Conseil constitutionnel peu après.
Depuis, la CEI semble n’avoir pas vraiment fait d’efforts pour redorer une image déjà fortement entamée. A l’issue de l’élection présidentielle d’octobre 2015, elle avait par exemple communiqué trois taux de participation différents en l’espace de quatre jours pour le même scrutin.
En novembre, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a enfoncé le clou en déclarant la CEI dans sa composition actuelle non conforme au droit international.
Mais malgré toutes ces critiques, d’autres candidats comme Kouakou Krah, tête de liste du FPI à Nassian et par ailleurs secrétaire national chargé des élections de l’ex-parti présidentiel croit encore en « la bonne foi » de la CEI.
L’élection législative apparait clairement comme une occasion pour la CEI de redorer son blason et regagner la confiance des électeurs ivoiriens. Sans aucun doute, son président Youssouf Bakayoko est au pied du mur.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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