D’après une enquête menée par le bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne (BASIC), plus de 2 millions d’enfants seraient exploités dans les plantations de cacao, ce chiffre alarmant vient corroborer celui du département étasunien du travail. Le BASIC a cherché dans son étude à comparer les filières traditionnelle, durable et équitable au Pérou et en Côte d’ivoire pour mesurer le coût humain de la production du cacao à destination du marché français.
L’industrie du cacao est actuellement dominée par 6 multinationales dont Mars, Ferrero, Nestle et Mondelez qui possèdent 50 % du marché mondial et se partagent plus de 100 milliards de dollars chaque année. A côté de ces géants du chocolat, les petits agriculteurs peinent à vivre de leur activité. Marginalisés dans leur petites exploitations, la plupart d’entre eux gagnent moins de deux euros par jour et sont contraints de vivre en dessous du seuil de pauvreté.
Incapables de rivaliser avec la libéralisation croissante des marchés et les grandes firmes qui y font la loi, les petits producteurs de cacao se replient sur des méthodes alternatives et affligeantes. En agrandissant leurs exploitations sans se soucier des normes environnementales, ils contribuent à la déforestation; en Côte d’Ivoire 80 % de la forêt a déjà disparu.
Les enfants qui constituent une main d’oeuvre facile et gratuite pâtissent grandement des ravages de la production déréglementée. Exploités dès leur plus jeune âge dans les plantations de cacao, ils vivent dans des conditions déplorables, manient des outils dangereux et sont exposés à des émulsions de produits chimiques qui nuisent gravement à leur santé. Les exploitants vont même jusqu’à réduire en esclavage certains enfants après les avoir arrachés à leur famille et privés de leur avenir.
Les multinationales de l’industrie du cacao sont régulièrement remise en cause à propos du travail des enfants. Ferrero a ainsi du ordonner la résiliation, avec effet immédiat, de toute relation avec son sous-traitant Prolegis en Roumanie. D’après le journal The Sun, les jouets Kinder seraient assemblés par des enfants roumains vivant dans la pauvreté.
Mais la plupart du temps, les firmes se contentent de fermer les yeux sur les sacrifices humains occasionnés par la chaine de production du chocolat et son arrivée sur le marché. Amnesty International a révélé dans une enquête récente que nombreuses sont les multinationales qui ne contrôlent pas si l’huile de palme, souvent présente dans les produits chocolatés, est stable, c’est-à-dire si elle porte atteinte aux droits de l’homme.
La filière traditionnelle du cacao est donc très peu soucieuse du bien-être des hommes qui y travaillent. Les coûts sociétaux, qui représentent les pertes et dépenses en terme environnemental, sanitaire et social, supportées par la collectivité du fait des moyens de production et de consommation, sont estimés à 2,85 milliards d’euros pour la Côte d’Ivoire et 62 millions d’euros pour le Pérou, d’après le rapport du BASIC.
Malgré l’image saine et éthique qu’elle se donne, la filière durable n’est pas beaucoup plus respectueuse des droits de l’homme que la filière traditionnelle. En revanche, le commerce équitable fonctionne quand il existe une organisation collective et structurées de producteurs. Le Pérou connait ainsi 80 % de coûts sociaux en moins par rapport à la filière traditionnelle grâce à la filière équitable.
La communauté internationale de travailleurs, consommateurs et investisseurs Sum of Us propose une pétition pour obliger Ferrero à lutter contre le travail des enfants. Elle a déjà réussi, en partenariat avec plusieurs ONG à interpeller Nestle pour que la firme prenne des mesures contre l’exploitation des enfants. Les enfants sont faits pour aimer le chocolat et non pour le produire…
En mangeant votre chocolat préféré, vous participez à l’exploitation de plus de 2 millions d’enfants
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