Par Connectionivoirienne
A 24 heures de la fin de campagne – Des candidats toujours invisibles à Abidjan Ceux qui font fort: Affoussy à fond dans la com à Cocody, John Chahin en hélico à Afféry
Les candidats aux élections législatives du 18 décembre ont eu une semaine pour faire officiellement campagne. A 24 heures de la clôture, il a été constaté de voir que parmi les candidats, surtout à Abidjan, il y a les uns et les autres.
S’il y a des candidats qui ont préparé minutieusement ce rendez-vous, les autres sont venus faire de la figuration au regard de leur stratégie de déploiement et de séduction, invisible, illisible et imperceptible. Après pratiquement six jours de campagne, ces candidats moins nantis n’ont même pas d’affiches dans certaines parties de leur circonscription, celles offertes par la CEI.
C’est le cas à Yopougon où la liste du Fndr (Front national démocratique réformiste) conduite par son président, le comptable Didier Brou, reste l’ombre d’elle-même. Et pourtant ce parti qui présente aussi une liste à Cocody a annoncé de longue date sa participation.
Dans l’ensemble, on est encore loin de l’hystérie et des moments de ferveur des années 90 ou 2000 où les élections législatives drainaient des foules, avec des candidats qui rivalisaient vraiment de techniques de séduction. Aujourd’hui les technologies de communication ont évolué mais des candidats tardent à se mettre à jour, préférant encore les méthodes traditionnelles peu opérationnelles.
A Cocody, la commune des élites du pays, huit listes s’affrontent mais la campagne se réduit pour l’essentiel à trois ou quatre candidats qui se distinguent. Les autres, pour la plupart des indépendants, sans appareil politique végètent encore. Parmi ceux qui font fort, bien sûr figurent la ministre de la communication, Yasmina Ouégnin, Issiaka Sangaré du Fpi et le professeur de sociologie et homme d’affaires, Tiémoko Doumbia, un grand mécène, candidat indépendant. Ce dernier dispose dans sa flotte de 25 véhicules de campagne. Son discours est de plus en plus séduisant et réceptif auprès des habitants de Cocody, surtout les intellectuels et les gens en situation difficile qu’il a beaucoup aidés.
Affoussiata Bamba Lamine, la candidate du pouvoir, tête de liste Rhdp démontre qu’elle est vraiment la ministre de la communication de la Côte d’Ivoire. Elle apparaît sur la plupart des grands panneaux publicitaires de la commune. Des 12 m² aux panneaux géants, elle n’a pas lésiné sur les moyens à ce niveau. Selon nos informations, les 12m² se louent généralement à 100 mille FCFA la semaine, l’unité. Affoussy qui utilise les initiales ABL pour faire chic a aussi pour elle des camions podium et des véhicules à bandes défilantes. En tout cas elle assure sa visibilité avec des tenues bien choisies, l’image bien soignée, bien ‘’photoshopée’’. Conquérir Cocody par une communication à outrance, elle le fait, reste à savoir si les électeurs suivront. En sa défaveur, cette image de celle qui fuit sa circonscription d’Abobo pour se réfugier à Cocody, loin de l’insécurité créée par les « microbes ».
A côté d’elle, Yasmina Ouégnin, la députée sortante tire son épingle du jeu. Yasmina démontre qu’elle est une Ouégnin avant tout. Sa logistique est impressionnante, des écrans géants, les tee-shirts de campagne en quantité industrielle, les clubs de soutien qui affluent. Yasmina est portée par un fort capital sympathie depuis sa petite rébellion contre le Pdci, son parti et contre la constitution Ouattara. Yasmina est la préférée de la presse abidjanaise et ses meetings ne sont point boudés.
Sangaré Issiaka du Fpi fait également parler de lui avec une campagne acceptable dans un Cocody autrefois réputée pro-Gbagbo. De 2000 à 2011, les députés et le maire étaient Fpi. On est loin de cette époque mais Issiaka, le cadet de Sangaré Abou Drahamane qui est pro-Affi veut reprendre ce fief. Il a aussi ses camions podium et un appareil politique qui fait le boulot.
A Abobo, le ministre Toungara, tête de liste Rhdp qui fait équipe avec d’autres barons du régime tels que la ministre Kandia Kamissoko ou encore Jeanne Peuhmond n’a pas de problème de moyens mais plutôt de communication. Toungara, selon ses affiches veut « accélérer le progrès d’Abobo ». Or de l’avis des populations, il ne fait pas mieux en étant non seulement ministre mais également député-maire de la commune. Il n’a pas toujours bonne presse et le chef de l’Etat est venu lui donner le coup de pouce qu’il lui fallait en lançant dans sa commune les travaux de bitumage de la voirie abidjanaise. Au total, 20 km de route de la localité dite « commune martyre » vont recevoir du bitume.
A Marcory, une autre attraction de ces législatives avec ses 8 candidats, ça promet des étincelles. Mais les adversaires de la liste Rhdp conduite par le sortant Helms, ne sont pas tous logés à la même enseigne en termes de moyens. Diop Pulchérie du Fpi est bien connue de même que Boété Laurette de Cap-Udd de Gervais Coulibaly. Elles sont toutes deux des agents de la mairie, elles ont des réseaux de relations dans la commune industrielle mais elles ont encore fort à faire pour se rendre plus visibles. A côté, Lamine Diabagaté, un indépendant pro-Ouattara, ancien maire intérimaire mène une campagne acceptable avec ses propres moyens.
Dans un climat de désaffection et de presque indifférence des populations sur l’ensemble du territoire, l’issue de ces élections reste incertaine. La victoire reviendra à qui aura réussi à mobiliser ses électeurs. Et les candidats le savent si bien que certains ne font pas dans la plaisanterie.
C’est le cas du militaire producteur d’émissions télé, John Chahin Sombo (JCS) qui est en lice à Akoupé, dans le pays Akyé, un ex-fief pro-Gbagbo. Là-bas, selon les échos qui nous parviennent, c’est comme s’il avait déjà gagné. JCS y est allé fort devant la candidate du Rhdp Yapo Valerie, militante du Pdci-Rda avec un hélicoptère magistralement décoré à ses couleurs. John Chahin comme s’il allait pour une émission tonnerre a déployé deux cars de la compagnie UTB, une pléiade d’artistes et des hôtesses à faire pâlir d’envie. Il a choisi la séduction à outrance. Le spectacle est toujours au rendez-vous. En précampagne chaque localité de la circonscription a reçu l’organisation de sa célèbre émission « Tonnerre ».
A Gagnoa commune, Zadi Djédjé et son colistier Yssouf Diabaté, président du Sporting club ne font pas piètre prestation avec un meeting d’ouverture réussi à Dioulabougou. Zadi veut faire tomber de gros calibres comme le ministre Dakoury Tabley associé à Sériba, le maire de la commune. Parades dans la ville, campagne de proximité, des affiches à profusion dans toute la ville. Zadi Djédjé en tant que candidat indépendant veut surprendre et fermer la bouche à ses détracteurs pro-Gbagbo qui retiennent de lui l’image d’un traitre quand lui, se présente comme le candidat de l’union et de la réconciliation.
Comment les électeurs vont-ils sanctionner tous ces ‘’dragueurs’’ ? La réponse au soir du dimanche.
SD à Abidjan
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