Imbroglio politique en Gambie: La reprise du scrutin, une solution acceptable comme…en Autriche

epa01284065 Algerian President Abdelaziz Bouteflika (L) talks with Gambian President Yahya Jammeh (C) and Sudanese President Omar al-Bashir (R) at the Organization of the Islamic Conference summit in Dakar, Senegal 13 March 2008. Senegal is hosting the summit of the 57 nation Organisation of the Islamic Conference (OIC) which aims at bolstering relations in the world's Muslim community, bringing together Arab and African states. EPA/ALIOU MBAYE
EPA/ALIOU MBAYE

Note: Le deuxième tour de l’élection présidentielle en Autriche le 22 mai 2016 dernier avait été annulé par le Tribunal constitutionnel du pays après avoir constaté des « irrégularités patentes » qui pouvaient avoir donné lieu «à des manipulations», sans cependant que celles-ci n’aient pu être « clairement établies comme des fraudes ». Le Tribunal avait été saisi d’un recours du parti d’extrême-droite FPÖ [arrivé second], sur des irrégularités dans le décompte des votes par correspondances. Le candidat de la Gauche [Vert] Alexander Van der Bellen, qui avait emporté d’un cheveu [50,3%] le scrutin du 22 mai, est sorti récemment vainqueur du même scrutin repris le 4 décembre dernier, avec 53% des voix.

IMBROGLIO POLITIQUE EN GAMBIE

On peut avoir des préjugés négatifs à l’endroit de Yahya Jammeh, au regard de sa gouvernance et de son passé, cependant on ne peut nier, que l’annonce par la Commission Électorale elle-même, de l’état d’erreurs matérielles ayant affecté le décompte du scrutin, jette un doute sérieux sur son exactitude. Dès lors, la suggestion d’une reprise du scrutin, nonobstant l’argument que les chiffres rectifiés ne renversent pas le résultat de celui-ci, parait une solution acceptable, dans le climat de crise et de suspicion, suscité par ce impair ( honnêteté, absence de rigueur et de professionnalisme de la Commission Électorale, économie de vies humaines dans le cas d’une confrontation violente, une seconde chance donnée à chacune des parties).

L’imprudence et l’irresponsabilité, voire l’amateurisme, du Président désigné Adama BARROW, n’a pas permis de favoriser une transition pacifique. Il s’est livré à des déclarations et a exprimé des intentions qui n’étaient pas de nature à rassurer le Pouvoir sortant, alors qu’il ne maitrisait pas encore tous les leviers de la réalité du Pouvoir. Il aura manqué de perspicacité et de réalisme, pour permettre une transmission sans heurt.

Désormais, soit les pressions extérieures seront suffisantes pour faire reculer Yahya Jammeh, ce dont j’en doute, soit que l’UA et la CEDEAO sauront trouver des solutions pertinentes, pour aider nos frères Gambiens à régler cette crise naissante, de manière pacifique et démocratique.

C’est un coup dur porter à une espérance, celle de voir l’Afrique de l’Ouest, à l’exemple du Ghana, du Nigeria, du Sénégal et du Bénin voisins, s’engager dans un mécanisme démocratique, permettant une alternance pacifique.Affaire donc à suivre. Ce qui est sur, le peuple qui a repris confiance, l’opposition qui en est sortie fortifiée, et la Communauté internationale qui déteste ses pratiques, ne lui faciliteront pas les choses, maintenant qu’il est affaibli, par un déficit de légitimité et de légalité.

Pierre Soumarey

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