François Hollande a annoncé jeudi à 20 heures en direct à la télévision depuis l’Elysée qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle de 2017.
Le chef de l’Etat français a assuré n’avoir « qu’un seul regret : avoir proposé la déchéance de la nationalité ».
M. Hollande a pris tout le monde de court en donnant sa décision dès le premier jour de l’ouverture des candidatures à la primaire de la gauche. Pour justifier sa décision, il a d’abord commencé par dresser un bilan très positif de son quinquennat, « revendiquant les avancées » qu’il estime avoir permises par sa politique en France. « Je porte un bilan et j’en assume toute la responsabilité. » « J’ai voulu que notre modèle social puisse être conservé », a-t-il ajouté.
Pendant les quelques minutes qu’a duré son discours, il a entretenu une dernière fois le doute sur sa décision finale. Il a notamment estimé avoir rempli son principal engagement, celui sur l’emploi – « depuis le début de l’année, le chômage diminue » – tout en concédant avoir remporté cette bataille trop tard. Il a aussi mis en avant la lutte contre le terrorisme : « Nous avons tenu bon, et j’ai pris les mesures nécessaires, sans jamais remettre en cause nos libertés. » Il s’est en revanche livré à un mea culpa sur la question de la déchéance de nationalité, qui devait lui permettre de préserver « la cohésion nationale », mais qui a surtout divisé son camp.
A ce stade de son allocution, tout laissait presque à penser qu’il avait décidé de se représenter. Comme si, une dernière fois, François Hollande avait décidé de profiter de son statut de maître du jeu. Mais, prenant acte de son incapacité à rassembler la gauche, il a fini par annoncer son renoncement. « Je ne peux me résoudre à la dispersion de la gauche, à son éclatement », a-t-il lancé. « Pour ma part, je ne suis animé que par l’intérêt supérieur du pays. Le pays, depuis plus de quatre ans et demi, je l’ai servi avec honnêteté (…). Aujourd’hui je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. »
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A gauche, chronique d’un suicide annoncé
Editorial. Alors que s’ouvre la période de dépôt des candidatures à la primaire, la gauche paraît déterminée à démontrer son incapacité à surmonter ses déchirements narcissiques et idéologiques.
LE MONDE | 01.12.2016
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Editorial du « Monde ». La gauche en général, les socialistes en particulier, a connu dans le passé de rudes défaites. L’on songe au score humiliant (tout juste 5 %) obtenu par Gaston Defferre à l’élection présidentielle de 1969. A la déroute des législatives de 1993, où le groupe socialiste fut réduit à une cinquantaine de députés. Au 21 avril 2002, quand Lionel Jospin fut devancé par Jean-Marie Le Pen au premier tour de la présidentielle.
Au train où vont les choses, on risque fort d’assister, au printemps 2017, à un spectacle plus calamiteux encore, qui verrait se cumuler ces trois scénarios : un candidat socialiste écarté du second tour avec moins de 10 % des voix et une gauche laminée aux législatives qui suivront.
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Après d’autres dans ces colonnes, il y a trois jours, Jacques Attali sonnait le tocsin en rappelant une évidence : la gauche a toujours perdu lorsqu’elle a été désunie. Et il invitait François Hollande, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron à en tirer les conséquences, c’est-à-dire à décider, ensemble, d’organiser une primaire de toutes les gauches. L’ancien conseiller de François Mitterrand parle d’or. A ceci près qu’il n’a aucune chance d’être entendu par les acteurs de ce suicide collectif annoncé. Au moment où la droite vient de faire la démonstration de sa capacité à surmonter ses déchirements narcissiques ou idéologiques, la gauche paraît déterminée à faire la démonstration inverse.
Entre panique et psychodrame
Déjà, six candidats déclarés se disputent un capital pourtant bien maigre – 35 % tout au plus du corps électoral lors de tous les scrutins récents. Les deux trotskistes, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, seront rituellement de la partie. Jean-Luc Mélenchon est en passe d’achever son OPA, commencée il y a cinq ans, sur la gauche radicale et ce qui reste du communisme. En joueur de flûte talentueux, Emmanuel Macron s’emploie à faire émerger un improbable progressisme. L’écologie réduite aux acquêts présente Yannick Jadot, et Sylvia Pinel entend porter haut les couleurs du radicalisme de gauche.
TOUS LES PARTIS SONT MORTELS. LES RADICAUX ET LES COMMUNISTES, LONGTEMPS INCONTOURNABLES, ONT PRATIQUEMENT DISPARU DU PAYSAGE
Quant aux socialistes, ils sont partagés entre panique et psychodrame. Alors que s’ouvre la période de dépôt des candidatures à la primaire annoncée pour désigner leur candidat, ils paraissent condamnés à une pathétique bataille de chiffonniers. Le premier responsable est François Hollande, qui n’a pas su donner un sens à son quinquennat, incarner avec autorité sa fonction et s’imposer comme le candidat légitime de son camp. Plus longtemps il entretiendra le flou sur ses intentions, plus il sèmera la confusion. Manuel Valls n’est pas en reste : un jour, le premier ministre invite sans ménagement le chef de l’Etat à passer la main et se pose en quasi-candidat ; le lendemain, il proteste de son respect de la prééminence présidentielle. Quant à l’ancien ministre Arnaud Montebourg, entré en lice depuis des semaines, son plaidoyer pour faire de cette consultation « une arme de construction massive » cache mal sa crainte qu’elle devienne un processus de destruction mutuelle.
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Tous les partis sont mortels. Les radicaux et les communistes, longtemps incontournables, ont pratiquement disparu du paysage. Avant de suivre le même chemin, les socialistes prendront-ils le temps de s’interroger sur leur responsabilité démocratique : celle d’offrir aux Français une force de proposition sérieuse et collective, plutôt que de laisser la droite et l’extrême droite se disputer l’avenir du pays ? Plus le temps passe, plus on en doute.
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