Prao Yao Séraphin
« Si l’on demandait quel est le plus méchant, le plus pernicieux des hommes, tout le monde répondrait que c’est le traître. »
(Plutarque)
Le gouvernement ivoirien a adopté lors d’un conseil des ministres un décret portant convocation des collèges électoraux pour l’élection des députés le 18 décembre 2016. Plus de 6,4 millions d’électeurs – 3 259 270 d’hommes et 3 180 606 de femmes – seront à nouveau appelés aux urnes, selon la liste électorale. Après le fiasco démocratique du référendum du dimanche 30 octobre sur le projet de nouvelle Constitution, le pays s’apprête une fois encore à aller à des élections organisées par une Commission Electorale Inféodée au pouvoir. Pour rappel, cette commission électorale a annoncé dernièrement un taux de participation de 42,42% alors que le monde entier sait que le vrai taux ne dépasse pas les 10%. Avec une telle commission, le seul combat de l’opposition est celui qui contraindra le président Ouattara à revenir sur cette mauvaise commission électorale. Le plus court chemin vers la guérison de notre pays, c’est la démission de monsieur Bakayoko et la création d’une nouvelle CEI. Nous avions indiqué que si cette opposition ne réclamait pas son départ, alors toute candidature d’opposant aux futures élections serait une marque de traitrise. Dans le cadre du combat que le peuple mène pour la prise en compte de ses aspirations, à travers l’alternance démocratique au sommet de l’Etat, l’opposition ivoirienne a donné l’impression d’être son porte-voix. Après avoir engagé le peuple dans un combat contre le projet de nouvelle Constitution, une partie de l’opposition ivoirienne est prête à aller aux élections législatives avec cette même CEI. Ces opposants ne méritent plus le respect du peuple car ils sont pires que le Président Ouattara. Comment peut-on ruser avec la vie des Ivoiriens ? Avec de tels opposants, on ne peut que créer de faux martyrs. En réalité cette opposition caviar se moque des ivoiriens en général et des jeunes en particulier. Quelle est finalement sa crédibilité ? Faire de l’opposition caviar à un moment crucial de l’histoire de notre pays dirigé frauduleusement par le régime Ouattara, est misérable. D’ailleurs l’Union africaine (UA) vient enfin de se rendre compte du caractère illégal et illégitime de la CEI en Côte d’Ivoire. Pour éviter que le pays aille de mal en pis, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a déclaré, la CEI ivoirienne non-conforme au droit international. Pour l’UA , « l’Etat de Côte d’Ivoire a violé son obligation de créer un organe électoral indépendant et impartial, prévu par l’article 17 de la Charte africaine sur la démocratie et l’article 3 du protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, et qu’il a également, par voie de conséquence, violé le droit des citoyens de participer librement à la direction des Affaires publiques de leur pays garanti par l’article 13 (…) de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ». Pour nous, si le président Ouattara reste sourd aux cris démocratiques alors les opposants sérieux ne doivent pas l’accompagner dans cette mascarade électorale. Tous ces jeunes et adultes qui se rendaient massivement dans les différents meetings de l’opposition étaient principalement mus par l’idée d’un changement et non parce qu’ils étaient réellement attachés aux leaders d’une opposition dont certaines figures ne rassuraient pas. Il est temps que les jeunes se prennent en charge, prennent leur destin en mains et évitent de se faire manipuler par des faux politiciens.
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