La Côte d’Ivoire est une des principales sources d’armes qui circulent dans le Sahel, et notamment en République Centrafricaine (RCA), selon un rapport sur la circulation des armes transfrontalières dans le Sahel, publié ce mercredi 16 novembre 2016 par l’Organisation Conflict Armament Research (CAR) basée en Grande-Bretagne.
«En république centrafricaine, 20% des fusils d’assauts de types AK, et plus de 35% de type 56-2 proviennent de la Côte d’Ivoire», souligne ce document consulté par Ouestafnews sur le site web de CAR. Selon ce rapport, ces armes étaient légalement acquis par l’Etat ivoirien avant 2004 auprès d’un fabricant chinois et sont dotés d’un numéro de série spécifique qui ont facilité leur traçabilité.
Entre 2002 et 2011, la Côte d’Ivoire a vécu une crise militaro-politique marquée par la partition du pays et une violente crise postélectorale qui a fait, selon un bilan officiel, 3000 morts. Une situation qui a favorisé la prolifération des armes.
La présence des armes ivoiriennes en RCA (où éclatent régulièrement des conflits civils depuis 2004), a emprunté des canaux illégaux certes, mais aussi probablement officiels, selon les auteurs de ce rapport qui disent continuer les recherches pour plus de détails sur ce trafic.
S’il est certain que des armes ont été détournés lors du transfert de la Chine vers la Côte d’Ivoire, il reste cependant aux enquêteurs de CAR de fournir des preuves sur l’hypothèse d’un transfert d’armes vers la Centrafrique émanant de l’Etat ivoirien.
«On a estimé qu’un 2012, par exemple le gouvernement centrafricain a passé commande auprès de quelques intermédiaires en Côte d’Ivoire pour obtenir des fusils (…) dans la totalité des cas, il s’agit bien de flux d’armes, je dirais, illicites ou clandestins », a déclaré Claudio Gramizzi, un conseiller de CAR, cité par Radio France Internationale.
Des traces au Nord du mali
Selon les révélations de CAR, ces armes issus des stocks de l’armée ivoirienne ont été retrouvées en mai 2015 sur des civils quittant la frontière burkinabé pour rejoindre Gao au nord du Mali, devenu un repaire des groupes armés, dits « djihadistes ».
Ces mouvements laissent penser « l’existence d’un trafic entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, probablement facilité par les mouvements transfrontaliers des ex-forces nouvelles (la rébellion qui occupait le nord de la Côte d’Ivoire, entre 2002 et 2011) ou d’autres acteurs non-étatiques », estiment les rapporteurs.
Ces derniers restent convaincus que ces armes originellement détournés des stocks ivoiriens il y a une décennie, continuent d’approvisionner les groupes armés dans le Sahel, ce qui est prouvé par les fusils saisis dans le nord du Mali à la mi-2015.
Ce rapport de 50 pages, pointe aussi la Libye et le Moyen-orient comme autre principale source des armes circulant dans le Sahel. Concernant le Mali, CAR note que les « djihadistes » utilisent aussi des armes issues des pillages des réserves de l’armée régulière.
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Source: Ouest France
Mercredi 16 Novembre 2016
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