LIDER News
«Pourquoi vouloir nous entraîner dans une ambiance de guerre civile, alors que nous parlons de questions sociales, de questions politiques ? Depuis que nous avons commencé nos activités, jamais nous n’avons agressé personne. Pourquoi ce matin, allez-vous armer des jeunes gens pour venir blesser d’autres jeunes gens dans ce pays ? Vous n’allez pas réussir à opposer les Ivoiriens les uns aux autres.»
Le Professeur Mamadou Koulibaly s’est, d’entrée de jeu, adressé directement à Alassane Dramane Ouattara, après avoir remercié les forces de l’ordre et les agents de sécurité qui ont résisté toute la matinée aux attaques des miliciens engagés, selon les dires des habitants, par le maire de la commune de Yopougon pour agresser les populations sorties en grand nombre assister au meeting du Front du Refus le samedi 5 novembre 2016 à la place Ficgayo.
«D’habitude, c’est nous qu’on gaze. Pour une fois que ce n’est pas nous qu’on gaze, on peut dire merci à la police», a-t-il poursuivi, déplorant une vingtaines de blessés dont plusieurs cas graves ayant dû être évacués dans des centres hospitaliers voisins. «A ceux qui ont armé ces jeunes gens, vous ne pouvez pas arrêter la roue de l’histoire. Les gens en Côte d’Ivoire n’ont plus peur de vous».
Enjoignant l’auditoire à ne pas entrer dans le jeu des adversaireS et annonçant le dépôt d’une plainte relative aux événements graves de la journée, le président de LIDER a constaté : «Sur le terrain de la violence, ils sont plus forts que nous. Sur le terrain du droit, nous sommes imbattables.»
Ironisant sur le désaveu cinglant infligé à Ouattara, il a martelé : «Il contrôle la télévision, il contrôle la radio, il est le seul à avoir fait campagne, il contrôle l’administration, il a demandé aux préfets de faire campagne, il a mobilisé l’argent de l’Etat, il a mobilisé les forces de sécurité, il a conditionné les députés, il a conditionné la commission électorale pour arriver juste à 2.600.000.000 de votants? Cela veut dire que seize ans après, même les gens qui étaient déterminés à accompagner Ouattara, à mourir pour lui, à l’aimer et à travailler pour lui, aujourd’hui il en a perdu encore beaucoup plus pour cette constitution qu’il a fabriqué tout seul. Il est parti tout seul et puis il est allé se crasher contre le mur du peuple de Côte d’Ivoire, parce que le peuple a le pouvoir».
Indiquant très clairement la marche à suivre aux populations opposées au coup d’Etat constitutionnel de Ouattara, M. Koulibaly a prôné la bonne interprétation des statistiques électorales, le rassemblement et la patience. «Si, selon leurs chiffres, Yamoussoukro a fait 19%, cela veut dire qu’il y a des gens à Yamoussoukro qui aimeraient bien être ici avec nous ! Allez voir les mécontents, ceux dont on a cassé le commerce, ceux dont on a cassé les maisons, ceux qu’on a déguerpis, les licenciés, les fonctionnaires, les fâchés, les déçus, qu’ils soient du Rdr, du Pdci, du Mfa, de partout, allez les chercher. A chaque tournée, on deviendra un peu plus gros, un peu plus puissants et puis voouum !»
Mimant l’exemple d’un lanceur de marteau, il a illustré son propos : «Quand il veut lancer très puissamment, très loin un objet très lourd, le sportif prend l’élan. Il tourne, il tourne, il tourne, doucement, doucement, puis fortement, fortement, fortement et puis voooum ! C’est ce que nous devons faire.»
«Expliquez aux gens qu’on va chercher que la constitution est un problème social. Déjà tu te plains des factures de courant, d’eau, des frais d’inscription à l’université, des hôpitaux, des salaires, de la retraite. Si cette constitution est appliquée, c’est des dépenses supplémentaires que tu acceptes. Un vice-président, des sénateurs, un conseil économique social, culturel et environnemental, tous les présidents d’institutions qu’il va nommer… il faudra les payer de votre poche», a-t-il poursuivi, invitant les chefs d’entreprises, de sociétés à ne pas regarder les opposants à la constitution de Ouattara comme des gens qui font de la politique, mais plutôt comme des combattants du social.
Annonçant la saisine de la haute cour de justice de la Cedeao pour l’annulation du scrutin référendaire relativement à la violation du protocole d’accord n°2 sur la démocratie et la bonne gouvernance, il est revenu, à la demande des milliers de personnes présentes, sur son arrestation et son interrogatoire la veille dans les locaux de la préfecture de police. «Ils disent que j’ai une responsabilité intellectuelle comme je vous ai dit d’aller casser les urnes, les bureaux de vote, de brûler les bulletins. J’ai dit au procureur : ‘Vous avez écouté Ouattara. Il a dit que tout s’est passé dans la quiétude, la tranquillité, qu’il n’y a eu aucun problème. Si lui, qui est président de la République, il dit qu’il n’y a aucun problème, et vous me dites que moi j’ai causé des problèmes, alors il faut qu’on concorde les sources.»
«Expliquez aux militaires, aux policiers, aux gendarmes qu’ils ne sont pas nos ennemis. Ils sont citoyens de Côte d’Ivoire comme nous. Ils défendent la légalité, comme nous. Il ne faut pas qu’ils se laissent entrainer par une pouvoir moribond sur la voie de l’illégalité. Dites-leur que nous leur apportons des fleurs et que nous sommes ensemble», a-t-il conclu devant un auditoire acquis à sa cause et scandant «le pouvoir au peuple», alors que des éléments de la brigade anti-émeute arrosaient de gaz lacrymogènes des miliciens à solde du pouvoir qui tentaient encore d’agresser le public à quelques mètres du podium.
Vidéo de l’intégralité de l’intervention du Pr. Koulibaly : https://www.youtube.com/watch?v=fk9eSpB1o50
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