Le pouvoir au peuple ! Le pouvoir au peuple ! Le pouvoir au peuple !
Merci aux forces de sécurité, merci à la police, merci pour ce que vous avez fait pour que cette rencontre puisse avoir lieu. Merci aux différentes composantes des forces de l’ordre qui sont venues sécuriser les populations réunies ici, qui ont demandé cette place, qui l’ont obtenue. Et malheureusement des gens bien intentionnés sont allés armer des jeunes gens qui sont venus nous faire la vingtaine de blessés dont certains ont été évacués dans les centres hospitaliers parce que les blessures, à l’arme blanche, sont graves.
« Vous n’allez pas réussir à opposer les Ivoiriens les uns aux autres »
Nous faisons un rassemblement politique. Cette place, nous l’avons payée pour. Et depuis que nous avons commencé nos activités, jamais nous n’avons agressé personne. Nous avons marché au Plateau et nous nous sommes réunis plusieurs fois ici. Jamais nous n’avons agressé personne. Pourquoi ce matin, aller armer des jeunes gens pour venir blesser d’autres jeunes gens dans ce pays ? Pourquoi nous entrainer dans une ambiance de guerre civile alors que nous parlons de questions sociales, de questions politiques ? Pourquoi vouloir forcément qu’il y ait des confrontations entre les communautés alors que nous sommes en train de vous dire que ce que vous faites est illégal, illégitime et qu’il faut arrêter. Vous n’allez pas réussir à opposer les Ivoiriens les uns aux autres. Ces jeunes qui sont ici auraient pu réagir comme ceux qui sont venus. Il y aurait eu des dizaines de morts. Merci à la police d’être intervenue. Toujours c’est nous qu’on gaze. Pour une fois que ce n’est pas nous qu’on gaze, on peut dire merci à ceux qui gazent.
A ceux qui ont armé ces jeunes gens. Vous ne pouvez pas arrêter la roue de l’histoire. Les gens en Côte d’Ivoire n’ont plus peur de vous. C’était à l’époque où vous pouviez mystifier les populations. Je suis ceci, je suis cela, je peux ceci, je peux cela. Aujourd’hui, c’est terminé ! C’est terminé ! Et quand la démystification arrive, la meilleure attitude c’est l’humilité. Reconnaître que vraiment on a exagéré et puis arrêter. Au lieu d’arrêter, vous voulez tourner la manivelle pour nous conduire dans les conflits. Les conflits ne passeront pas ici ! Nous allons étudier les procédures pour porter plainte contre ceux qui sont venus nous agresser. Comme d’habitude c’est contre nous on fait des enquêtes, on portera plainte, pour que l’on nous dise d’où viennent ces jeunes gens, qui a envoyé ces jeunes, qui a comploté, qui les a armés. Vous qui êtes au courant, préparez-vous pour venir témoigner. On ne peut pas accepter cela. Mais ne jouez jamais leur jeu. C’est ce qu’ils veulent. Or sur le terrain de la violence, ils sont relativement plus forts que nous. Sur le terrain du droit, nous sommes imbattables parce que pour nous, le pouvoir est au peuple.
« Le peuple a désavoué Ouattara »
Alors tout à l’heure, j’ai entendu 42% comparés à 56%. C’est vrai hein ! en 2000, lorsqu’on a adopté la constitution, il y avait 2 millions 800 mille personnes qui ont voté. Ces 2 millions 800 mille personnes représentaient ceux qui ont participé au vote et il y a 16 ans. Ces personnes se sont levées pour aller adopter une constitution. On dit qu’elle n’est pas consensuelle. D’accord, accordons-leur cela. 16 ans après, la population de Côte d’Ivoire a augmenté. La population sur la liste électorale a augmenté. On fait un référendum pour la nouvelle constitution et c’est seulement 2 millions 600 mille personnes qui se sont déplacées pour aller voter, selon leurs chiffres. 16 ans après, Alassane Ouattara n’a pas été capable de dépasser le score de la constitution de 2000. 16 ans après ! C’est ce qui fait dire que le peuple l’a désavoué. Il n’est pas dans l’opposition ! Il est au pouvoir. Il contrôle la télévision, il contrôle la radio, il est le seul à avoir fait campagne, il contrôle l’administration, il a demandé aux préfets de faire campagne, il a mobilisé l’argent de l’Etat. Il a mobilisé les forces de sécurité, il a conditionné les députés, il a conditionné la commission électorale pour arriver juste à 2 millions 600 mille. Ça c’est le désaveu ! ça veut dire que 16 ans après des gens étaient déterminés pour accompagner Ouattara et travailler pour lui, aujourd’hui, il en a perdu beaucoup. Il a fait sa constitution tout seul et puis il est allé se crasher contre le mur du peuple de Côte d’Ivoire parce que le peuple a le pouvoir. Le pouvoir au peuple ! Le pouvoir au peuple ! Le pouvoir au peuple !
« Allons chercher le grand nombre »
Alors, là où nous sommes arrivés, la prochaine étape, ce serait quoi ? C’est de comprendre ces statistiques et de nous dire que là-bas au Pdci, si Yamoussoukro a fait 19 % ça veut dire qu’il y a des gens à Yamoussoukro qui aimeraient bien être ici avec nous. Si en Côte d’Ivoire il y a eu 42 % de taux de participation, ça veut dire qu’en plus de nous il y a 20 à 25 % de gens qui aimeraient être avec nous.
Quand vous lancez un objet et que vous voulez le lancer très fort, très puissamment, un objet lourd, pas une bille mais un poids, les sportifs prennent l’élan. Ils tournent, ils tournent, ils tournent, doucement, doucement et ensuite fortement, fortement, fortement et puis voummmm !!! C’est ce que nous devons faire. Doucement, doucement, doucement, doucement, doucement et puis voummm !
A mon avis, le mot d’ordre que j’aimerais bien vous proposer aujourd’hui, c’est de dire que chacun de nous, en sortant d’ici doit aller convaincre. Tous ceux qui sont mécontents, ceux dont on a cassé le commerce, ceux dont on a cassé les maisons, ceux qu’on a déguerpi, les licenciés, les fonctionnaires, les fâchés, les déçus et autres, il faut aller les voir. Il faut aller les voir, qu’ils soient du Rdr, qu’ils soient du Pdci, du Mfa, partout, allez les voir, ils veulent être avec nous. Allons les chercher et c’est à chaque tournée que nous irons les chercher. On deviendra un peu plus gros, ainsi de suite, ainsi de suite et puis voummm ! Il ne faut pas qu’on se dépêche de lancer, c’est encore trop lourd. On a fait une fois, deux fois et ça ne va pas aller trop loin. Allons chercher le monde. A côté des 19 % de Yamoussoukro, il y a des gens, allons les chercher. Et en allant les chercher, il faut leur expliquer que notre problème n’est pas un problème politique, ce n’est pas le problème de pro-ceci et de pro-cela. Nous sommes face à un problème social. Il faut leur expliquer que la constitution qui est en cours est un problème social. Si cette constitution est appliquée, déjà tu te plains des factures de courant, déjà tu te plains des factures d’eau, déjà tu te plains des frais d’inscription à l’université, déjà tu te plains des hôpitaux, déjà tu te plains des salaires, tu te plains de la retraite qui n’est pas suffisante, si tu acceptes cette constitution, c’est des dépenses supplémentaires que tu acceptes. Un vice-président, il faut payer. Un sénateur, il faut payer, un conseiller économique social et environnemental, il faut payer. Tous les présidents d’institutions qu’il va nommer, il faut payer. Aujourd’hui, c’est environ 7 milliards de FCFA que le gouvernement met dans les factures de téléphone et d’eau. Si vous avez toutes ces institutions, ça va passer à 10 milliards FCFA. Mais vous pensez que ces 10 milliards on va les avoir où ? C’est dans vos poches. Expliquez ça simplement si le monsieur est Pdci. Si on laisse faire, l’année prochaine le courant va augmenter, les licenciements vont se faire, les impôts vont augmenter. Expliquez aux dirigeants de société que ne nous regardez pas comme des gens qui font de la politique. Regardez nous comme des combattants du social ou comme des gens qui se battent pour la survie sociale de ce pays. Ce sont les travailleurs qui vont payer pour la constitution de Ouattara, ce n’est pas lui qui va payer. Dites-leur, vous les gens des sociétés, vous êtes dans votre coin et vous dites que vous ne faites pas de politique. Mais ce sont vos impôts et taxes qui vont augmenter ! Ce sont les redressements qui vont augmenter ! Expliquez-leur ça. Et puis quand ces personnes vont venir avec nous, de meetings en meetings, de masse en masse, on va tourner la manivelle : viam ! viam ! viam ! vim ! vim ! vim ! Et voum !
Il faut aller les chercher. Il faut aller les chercher. Il faut aller leur parler pour que nous puissions être de plus en plus nombreux et impressionner Ouattara.
Ce que nous allons faire dans l’immédiat c’est : Saisir le conseil constitutionnel. On savait que ça n’allait rien donner mais on a saisi quand même. On a pris un avocat et puis on a signé une requête pour dire que cette constitution est illégale, elle viole toutes les règles. Ceux qui l’ont élaborée ont tout violé, ceux qui l’ont voté ont tout violé. La commission électorale a déraillé complètement, il faut l’invalider. Et ils ont regardé, ils ont dit que ce n’est pas bon, la constitution est validée. Ce n’est pas grave ! Un combattant ne s’arrête jamais. Si ce n’est pas valable ici, on prend notre dossier, on va saisir la haute cour de justice de la Cedeao. On va saisir la cour de justice de la Cedeao parce que les textes de la Cedeao ont été violés, on vous l’a déjà dit. Donc pendant qu’on rassemble en interne pour tourner la manivelle, à l’international, nos juristes et avocats poussent aussi pour montrer aux gens que le type que vous soutenez là-bas (en Côte d’Ivoire), c’est un hors-la-loi. Il faut le lui dire et tout le monde est en train de comprendre maintenant. Donc vous continuez votre campagne d’explication. Ne cherchez pas beaucoup de mots. Dites simplement que vous allez payer les factures. Nous aussi on fait le même travail mais on saisit les instances. Et puis on va se revoir et les mots d’ordre vont évoluer au fur et à mesure jusqu’au jour où on va se retrouver place de la République sans demander d’autorisation à qui que ce soit. Pour le moment, comme on est en train de tourner donc on est obligé de demander des permissions. Vous pensez que les gens au Burkina qui se sont levés pour dire qu’on ne veut plus de cette constitution, vous pensez qu’ils ont écrit une lettre à qui que ce soit !? Vous pensez qu’ils ont dit ce qu’ils allaient faire à cette place-là ? Quand le moment arrive, personne ne dit à son camarade allons-y. chacun laisse son plat de riz, chacun laisse sa télévision et puis on se dit allons-y. On va tous dans la même direction mais il n’y a pas quelqu’un qui conduit quelqu’un quelque part. On se lève tous et on y va. Ce moment n’est pas encore arrivé, tous l’ont dit ici et nous continuons à tourner la manivelle. Voilà le message. Pour le reste, ne vous laissez pas impressionnés parce que c’est vous qui avez le pouvoir. Le gouvernement de Ouattara est désavoué et il le sait.
Si c’était un homme d’honneur, il aurait demandé à Soro Guillaume de venir assurer la vacance du pouvoir. S’il était un homme d’honneur, il dirait : j’ai essayé une constitution tout seul et les gens l’ont rejetée. 42 % de taux de participation, ce n’est pas bon. S’il était un homme d’honneur, il dirait, un an après mon élection, si le peuple a dit ça c’est que les gens ne veulent plus de moi, je m’en vais. Soro Guillaume assure la vacance du pouvoir, on établit un calendrier électoral et puis en janvier on fait une nouvelle élection présidentielle. Et en ce moment le peuple décidera. On ira choisir qui sera président de la République de Côte d’Ivoire. Mais si on est dans cette situation et qu’il ne veut pas démissionner, bon ! Ne soyons pas pressés. Continuons de tourner la manivelle.
Voilà chers amis. Avec mes félicitations pour ce que vous avez fait.
(Dès cet instant, un militant lance dans le public : on vous a arrêté hier, parlez-nous de ça !)
« La violence et les casses n’ont pas commencé le 30 octobre »
Hier le procureur a envoyé des policiers me demander de les suivre. Ils ne m’ont pas brutalisé. J’ai pris ma voiture on est allé ensemble. Ils disent que j’ai une responsabilité intellectuelle parce que je vous ai dit, à vous de casser les urnes, d’aller casser les bureaux de vote, de brûler les bulletins. Comme moi je vous ai dit ça, le code pénal dit que je suis co-auteur. Donc pour tout ce qui a été fait je suis co-auteur, tous ceux qui sont ici sont co-auteurs. Ils m’ont appelé pour me demander si je suis satisfait du travail que vous avez fait. Je leur ai dit que j’étais très satisfait parce que j’ai vu le taux de participation. Je suis très satisfait parce que j’ai vu que le score est plus mauvais que ce que j’ai vu en 2000. Sur ce plan-là, je suis satisfait mais il ne faut pas qu’ils disent que les gens ont écouté mon mot d’ordre. Parce que j’ai parlé à Ouattara de retirer sa constitution, il ne l’a pas fait. J’ai parlé aux députés de retirer la constitution, ils ne l’ont pas fait. La commission électorale également ne l’a pas fait. Et puis d’ailleurs vous avez écouté Ouattara dire que tout s’est passé dans la quiétude, dans la tranquillité et il n’y a eu aucun problème. Alors si lui, il dit qu’il n’y a aucun problème et vous me dites que moi j’ai posé des problèmes, lui il est président de la République, il faut qu’on concorde les sources. Ils m’ont dit que l’enquête continue, qu’ils vont réunir des preuves, nous appeler de nouveau et nous confronter à cela. Ils m’ont demandé si je suis content de tout ce qui a été fait, la violence et tout ça. J’ai dit que c’était déplorable. Moi-même quand j’ai voulu aller à l’assemblée (nationale) pour dire à Ouattara que je n’étais pas d’accord, c’est par la violence qu’ils m’ont ramassé pour me jeter loin de là. J’ai dit que lorsqu’avec des amis nous nous sommes rassemblés à l’Indénié pour crier notre indignation, c’est par la violence qu’on nous a ramassés pour nous jeter hors. On a voulu marcher sur le boulevard lagunaire, on nous a gazés, on nous a frappés, on nous a blessés. La violence et la casse n’ont pas commencé le 30. La violence et la casse ont commencé avant le 30 octobre, quelques jours avant et moi-même j’ai été victime et je ne peux que déplorer cela. On attend les autres questions, on attend les autres étapes. Mais ne vous inquiétez pour nos emprisonnements. Parlez aux populations, mobilisez ! Mobilisez ! Pour que nous soyons très nombreux. Expliquez aux militaires, expliquez aux policiers, expliquez aux gendarmes. Ce ne sont pas nos ennemis, c’est juste qu’ils font leur travail. Ils ne sont pas nos ennemis et il faut leur répéter cela. Ils défendent la Côte d’Ivoire comme nous, ils défendent la légalité comme nous. Il ne faut pas qu’ils se laissent entraîner par un pouvoir moribond. Il faut leur dire que nous leur apportons des fleurs. Dites-leur que nous sommes ensemble ! On ne lui permettra pas de régner avec cette constitution
Le pouvoir au peuple ! Le pouvoir au peuple ! Le pouvoir au peuple !
Propos recueillis par SD à Abidjan
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