François Soudan [jeune-afrique] reconnait «l’unilatéralisme judiciaire de la CPI» mais déconseille le retrait aux Africains

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Lu pour vous

François Soudan est directeur de la rédaction de Jeune-Afrique

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«Et voici que l’on en revient à la Cour pénale internationale (CPI). Non seulement parce que Bachar al-Assad et ses séides mériteraient sans doute d’y siéger dans le box des accusés, mais aussi parce qu’elle traverse en ce moment une profonde crise de légitimité. Certes, le front du refus africain est mené par de mauvais chefs– Nkurunziza, Jammeh, Zuma – pour des raisons personnelles qui n’ont que peu de chose à voir avec la lutte contre l’impunité, mais même ceux qui défendent sans relâche l’incontestable avancée que représente le Statut de Rome reconnaissent que, quatorze ans après sa création, la CPI est malade de ses tares congénitales.

Le fait que trois des cinq membres du Conseil de sécurité – les plus puissants: États-Unis, Chine, Russie – ne sont pas parties à la Cour, tout en s’arrogeant le droit de la saisir pour des crimes commis par d’autres qu’eux et de bloquer les procédures ouvertes à l’encontre de leurs protégés (Syrie, Israël…), est un scandale.

Cet unilatéralisme judiciaire, la perméabilité de la CPI aux tentatives d’instrumentalisation de ceux qui coopèrent avec elle pour des motifs intéressés – éloigner durablement un opposant par exemple – ainsi que son tropisme africain, évidemment préjudiciable à son image de marque sur le continent, posent un vrai problème de fond.

Plutôt que de le résoudre en récusant le Statut de Rome (ce que les Américains, soit dit en passant, ont été les premiers à faire lorsque George W. Bush a annulé la signature qu’y avait apposée son prédécesseur Bill Clinton), l’Union africaine serait mieux inspirée de mener la fronde de l’intérieur, afin d’en réformer les statuts et le fonctionnement. S’il en est encore temps.” […]

François Soudan

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