Jean-Claude Djéréké
Nous devons chasser Ouattara comme les Burkinabè chassèrent Compaoré, le 31 octobre 2014. Pourquoi? Parce que c’est un diviseur (il a monté les Nordistes contre le reste de la Côte d’Ivoire en leur faisant croire que leurs frères du Sud, du Centre, de l’Est et de l’Ouest les considéraient comme des Ivoiriens de seconde zone, les musulmans contre les chrétiens en soutenant qu’il est interdit aux musulmans d’accéder à la magistrature suprême dans notre pays, les étrangers contre les Ivoiriens avec l’instauration de la carte de séjour), parce que c’est un imposteur (souvenons-nous de ses deux lieux de naissance, de ses deux mères et de ses deux cartes d’identité nationale), parce que c’est un tueur (les 300 Ivoiriens qui perdirent la vie dans la nuit du 19 septembre 2002 parmi lesquels Boga Doudou, le général Gueï et Marcelin Yacé, les massacres de Petit Duékoué, Guitrozon, Adébem, Sago, Anonkoua-Kouté, les 60 gendarmes et danseuses d’Adjanou froidement assassins; les Bohoun Bouabré, Mamadou Ben Soumahoro, Jean-Baptiste Gomont Diagou, Raymond Gnan et autres Ivoiriens, célèbres ou moins connus, morts en exil, faute de moyens et de soins; l’exécution de IB qui croyait lutter pour lui, c’est lui), parce que c’est un menteur (en 2010, il avait promis de n’exercer qu’un mandat de 5 ans, de faire tomber une pluie de milliards sur chaque ville ivoirienne, de construire 5 universités en 5 ans, etc. mais on n’a rien vu), parce que c’est un hors-la-loi (il voulait arracher le pouvoir à Konan Bédié en 1993, fit tomber “le pouvoir moribond” de ce dernier en 1999, tenta de renverser Robert Gueï en 2000, jeta ses partisans dans la rue le jour où Laurent Gbagbo prêtait serment, n’a jamais sanctionné Kigbafori Soro impliqué dans la tentative de coup d’État de Gilbert Diendéré contre Michel Kafando et Cie, aida Jean Ping à tricher au Gabon), parce que c’est un dictateur (seul le RHDP a accès aux médias publics, l’opposition n’est pas autorisée à manifester pacifiquement, tout journal qui critique son incompétence, son tribalisme et sa gabegie est suspendu illico presto pour plusieurs semaines par le sinistre Raphaël Lakpé qui nous le présenta pourtant comme un ressortissant burkinabè), parce qu’il est cruel (il est le commanditaire de la fermeture des banques et de l’embargo sur les médicaments), parce qu’il veut enrichir les étrangers (Français, Libanais, Burkinabè, Maliens, Marocains, Guinéens, Turcs, etc.) et appauvrir les Ivoiriens, parce qu’il se fiche royalement d’Houphouët (sinon il n’aurait pas fait bombarder la résidence construite par lui et aurait réhabilité promptement Yamoussoukro), parce qu’il est ingrat (pensons à comment il a remercié IB et Tiburce Koffi et ce qu’il prépare contre “son fils” Soro), parce qu’il utilise des méthodes barbares contre ceux qui ne partagent pas ses vues (éventrer, égorger et brûler comme Compaoré qui fit calciner Norbert Zongo et ses compagnons, le 13 décembre 1998) alors que les Ivoiriens se contentent d’éclats de voix et d’insultes quand ils sont en désaccord.
Les leaders du Front du Refus ont appelé le peuple à sortir et celui-ci a obéi; ils ont lancé des mots d’ordre clairs et précis qui ont été parfaitement exécutés. Bravo aux uns et aux autres pour le courage et la détermination qu’il nous a été donné de voir les 20 et 28 octobre 2016 ! Mais le “non” qui a triomphé lors du simulacre de référendum, le 30 octobre 2016, ne doit être vu que comme une étape. Cela veut dire que, plutôt que de dormir sur nos lauriers et de baisser la garde, nous devons nous apprêter à faire davantage et “faire davantage”, c’est chasser cette bande d’imposteurs et d’escrocs par un soulèvement populaire. Quelqu’un, qui aurait dû se joindre à la manifestation du Front du Refus au lieu d’organiser piteusement sa propre marche, a invité Ouattara à se démettre ou à renoncer à sa 3e République. À mon avis, l’homme installé en 2011 par Sarkozy ne démissionnera pas car tout son parcours montre qu’il n’a rien d’un démocrate et qu’il est sans honneur ni dignité. Parce qu’ils étaient démocrates, parce qu’ils avaient le sens de l’honneur et de la dignité, Charles de Gaulle et David Cameron démissionnèrent respectivement le 27 avril 1969 et le 24 juin en 2016 quand le peuple n’alla pas dans le sens souhaité par eux. Ouattara ne fera pas marche arrière sur l’idée d’une nouvelle Constitution dont les partisans n’ont pas réussi à nous convaincre de la nécessité et de l’opportunité. Pourquoi? Parce que cette Constitution, en plus d’assurer une impunité à Ouattara et de le débarrasser enfin de celui qui s’est toujours présenté comme un “homme de mission” mais qui a trop de sang sur les mains, fera des Ivoiriens des étrangers dans leur propre pays et permettra à n’importe quel aventurier de diriger l’Éburnie, puis de retrouver son vrai pays quand la justice voudra le poursuivre comme Alberto Fujimori quitta le Pérou en novembre 2000 pour le Japon.
En un mot, le faussaire Youssouf Bakayoko déclarera, faux chiffres à l’appui, que le “oui” l’a emporté. Aucun Ivoirien sérieux et patriote ne devrait accepter sa déclaration. Ce que nous devons plutôt faire, c’est descendre de nouveau dans la rue sur toute l’étendue du territoire national, cesser de payer les factures d’eau et d’électricité, bref paralyser le pays jusqu’à la fuite de ce régime sanguinaire et totalitaire. Pour cela, nous ne devrions plus laisser les policiers arrêter aussi facilement nos leaders. Nous devons former un bouclier humain autour d’eux. Nous ne pouvons pas non plus, au nom de la lutte pacifique, laisser policiers et gendarmes nous gazer ou bastonner sans réagir. Nous devrons répondre du tac au tac car la légitime défense indique clairement qu’une personne ripostant à une agression ne peut être tenue pénalement responsable. L’idéal serait que l’on se contente d’une désobéissance civile qui est “le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique”. Mais, Ouattara ne connaissant que le langage de la violence et Dieu ne demandant à aucune de ses créatures de se laisser tuer, nous sommes bien obligés de défendre la vie qu’Il nous a donnée et que Lui seul a le droit d’ôter. Ouattara n’a jamais rien respecté en Côte d’Ivoire. Il n’a eu que du mépris pour les Ivoiriens et leurs institutions. Le moment est arrivé, pour chacun de nous, de s’approprier et de mettre en pratique le mot de Voltaire : “C’est à celui qui domine sur les esprits par la force de la vérité, non à ceux qui font les esclaves par la violence, que nous devons nos respects.” (cf. Voltaire, Lettres philosophiques). Ouattara ne mérite ni respect ni obéissance. Tout ce qu’il mérite désormais, c’est d’être chassé comme et avec Compaoré.
Cet objectif ne pourra être atteint que si nos leaders continuent de faire taire leur ego. L’un ou l’autre analyste a fait remarquer que Mamadou Koulibaly émergeait comme le chef naturel de l’opposition. Nous n’avons pas besoin de ce genre d’affirmation car tous les leaders ont bien travaillé jusqu’ici. Savoir si X a mieux parlé que Y et Z importe peu. Ce qui est important, aujourd’hui, c’est que tous restent unis, continuent de regarder dans la même direction et n’écoutent que le peuple, et non ce régime moribond, car ce n’est pas ce dernier qui doit dire à l’opposition où elle doit se réunir ni quel itinéraire elle doit emprunter. Après que le référendum s’est soldé par un “non” retentissant et sans bavure, Ouattara et les moutons de Panurge qui croient encore en lui ont une seule chose à faire: dégager.
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