Côte d’Ivoire – Comment la police a manqué à son devoir devant les milliers de manifestants de l’opposition

marche

Par Connectionivoirienne

Torpillée et minimisée dès le départ, la marche annoncée par le front du refus a eu lieu comme prévu. Tôt le matin et par petits groupes, les manifestants se sont rassemblés aux lieux indiqués. La place des martyrs à Adjamé pour ceux venant d’Abidjan nord et le carrefour Solibra pour ceux d’Abidjan sud. Deux fronts se sont ainsi ouverts et la police aidée par la gendarmerie était là pour assurer le travail d’encadrement sans trop de conviction et avec quelques provocations auxquelles n’ont pas cédé les marcheurs.

Du côté d’Adjamé, il était midi quand la foule qui grossissait a pris le boulevard lagunaire. Les leaders encadrés par les manifestants eux-mêmes n’étaient pas en première ligne. C’est la disposition voulue par les militants qui ont dû braver un premier obstacle au niveau du carrefour Indénié où policiers et gendarmes tenaient un check-point pour empêcher les marcheurs d’emprunter la première bretelle qui mène au Plateau en passant par la caserne des sapeurs-pompiers. Idem au carrefour de la cathédrale. Pour entrer au Plateau la seule voie qui s’offrait à eux était celle du carrefour Chardy, en passant par l’AIP. C’est à cet endroit que les marcheurs qui avançaient en scandant « le pouvoir au peuple » ont été stoppés net par les hommes de la Crs et de la Bae (brigade anti-émeute). Ils étaient visiblement paniqués parce que de l’autre côté du boulevard lagunaire en provenance de Treichville, la colonne de marcheurs qui venait de franchir le deuxième pont se faisait menaçante, arrêtée également dans son avancée.

Tout dégénère vers 13h 45 quand, pris en tenailles par les deux foules dans ce traquenard créé par eux-mêmes, les hommes en tenue ont fait tonner les grenades lacrymogènes.

Une nuée blanche s’élève autour du quartier des affaires où commerçants baissent rapidement pavillons les uns après les autres. La fumée toxique amuse bien les chauves-souris qui se déchaînent au-dessus des manifestants dispersés après des courses poursuites.

La consigne donnée était de rassembler les marcheurs dans la bonbonnière du stade Houphouët-Boigny. Mais ici, non seulement toutes les voies d’accès étaient obstruées par les forces de l’ordre, mais aucune disposition n’a été prise pour un éventuel meeting. Ni bâches, ni sonorisation, ni électricité. Selon nos informations, les organisateurs ont eu le quitus d’occuper ce lieu à 22 h, la veille. Il leur a été demandé de payer eux-mêmes la fourniture en électricité. Coût estimé : 130 millions de FCFA ! Et évidemment, les premiers occupants ont vite compris qu’ils n’avaient rien à faire là, laissant quelques policiers dans les gradins.
Bilan d’une journée

Le point de presse qui s’est tenu au siège de Lider par la suite a été l’occasion de dresser le bilan de cette tumultueuse journée. Les informations données par la porte-parole Danièle Boni Claverie font état de plusieurs blessés dont un cas grave, celui du militant du Fpi d’Abobo, Adou Emile dont la mâchoire a été fracturée par une pierre lancée par un policier. 10 manifestants ont été également arrêtés.

Les organisateurs ne comptent pas s’arrêter là. D’autres manifestations sont envisagées.

SD à Abidjan

Bilan de la marche nationale du vendredi 28 octobre 2016

Localités Bilan enregistré à 17h30

Abidjan Très forte mobilisation, Répression par la police ; Nombreux blessé dont 1 cas grave ; 10 arrestations signalées
Abengourou Mobilisation moyenne et meeting

Bondoukou Mobilisation faible, marche correctement encadrée; le préfet menace contre toute manifestation au-delà de minuit
Bangolo Mobilisation moyenne et meeting
Duékoué Mobilisation moyenne et meeting
Daloa Deux meetings organisés, l’un à 16 et l’autre à 18h
Guiglo Mobilisation satisfaisante et meeting en cours jusqu’à 17h30
Bonoua Forte mobilisation, marche suivie d’un meeting organisé à 16h
Agboville Manifestation réprimée, toute la ville paralysée par les affrontements entre manifestants et policiers jusqu’15h30
Divo Bonne mobilisation et marche sans incident
Gagnoa Plus de 3 000 personnes mobilisées, marche et meeting sans incident ; mot d’ordre d’empêchement du référendum réitéré
Bouaflé Bonne mobilisation et marche précédée par un meeting sans incident
Yamoussoukro Mobilisation moyenne et meeting à la Place Vieux Simon
Sinfra Mobilisation moyenne et marche sans incident
Facobly Mobilisation moyenne et sans incident

Pour le Front du Refus et la Coalition du Non
La ministre Danièle Boni Claverie
Porte-parole

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