L’actuel Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan [73 ans], que, d’aucuns présentent comme le grand bénéficiaire [futur vice-président sans suffrage universel] du forcing constitutionnel en préparation, était ce vendredi devant les cadres du parti d’Alassane Ouattara [75 ans], le RDR. Sans surprise, le PM Duncan a appelé les militants du PDCI et du RDR à voter «Oui » au prochain référendum constitutionnel, dont une large majorité de l’opinion ivoirienne demande soit l’annulation pure et simple, ou son report.
A l’analyse les cinq raisons avancées par le vieil ami de Ouattara n’ont pas réussi à enlever les doutes sur la volonté du couple Bédié/Ouattara de régler les problèmes de succession au sein de leur coalition politique à travers la Constitution du pays. Une façon de faire main-basse sur le pays. Le Premier ministre se contredit lui-même en citant la tentative de Félix Houphouët-Boigny d’instaurer un poste de vice-président en 1980. Un projet auquel l’ex président avait finalement renoncé.
En fait, Kablan Duncan n’a fait que reprendre les arguments de la vieille classe politique ivoirienne qui, dans une mentalité tirée de l’époque coloniale, pense éternellement asservir les Ivoiriens en leur refusant un cadre démocratique propice à une meilleure redistribution des richesses du pays dans un cadre constitutionnel moderne et adapté aux spécificités du pays.
Au nom de quoi cette constitution en projet renforce-elle les pouvoirs déjà signifiants d’un Président de la République ? Pourquoi nommer des Sénateurs ? Pourquoi faire sauter l’âge maximum du candidat à la présidentielle ? Pourquoi nommer un Vice-Président à la sauvette ? Pourquoi accorder au président la possibilité de modifier la loi fondamentale en passant par un Sénat dont il nomme les 1/3 des membres ? Duncan n’apporte aucune réponse.
Par Hervé Coulibaly
Rencontre avec la haute Direction du Rassemblement des Républicains (rdr)
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Version 1 corrigée le 20/10/2016
INTÉGRALITÉ DU DISCOURS DE DUNCAN
Distingués Membres des Instances RDR ;
– Militantes et militants du RDR ;
– Biens Chers sœurs et frères,
Monsieur le Secrétaire Général par intérim du RDR, Président du Directoire du RHDP
C’est pour moi une véritable joie, de prendre la parole devant les Hautes instances du Rassemblement des Républicains (RDR).
Je voudrais, en cette heureuse occasion, adresser mes sincères remerciements à vous, Monsieur le Secrétaire Général par intérim du RDR, Président du Directoire du RHDP, pour l’aimable invitation que vous avez bien voulu nous adresser pour prendre part à cette importante séance de travail.
C’est le lieu pour moi de me féliciter de la parfaite convergence de vue entre les Partis membres du RHDP, dont le RDR constitue un des piliers essentiels.
Je tiens également à saluer très chaleureusement, l’engagement du RDR au sein du RHDP et au côté du Gouvernement, dans la réalisation de la grande ambition du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, de « faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent en 2020. »
J’associe à ce vibrant hommage, l’ensemble des membres des instances, des cadres et des militants du RDR, forces vives du Parti, qui œuvrent chaque jour sur le terrain à la consolidation de la paix et de la concorde nationale, et du développement économique et social de notre cher pays.
– Distingués Membres des Instances RDR ;
– Militantes et militants du RDR ;
– Biens Chers sœurs et frères,
Nous le savons, ou nous le sentons toutes et tous que la Côte d’Ivoire aborde une phase décisive de son histoire, avec la tenue le 30 octobre prochain, d’un référendum pour l’adoption de la nouvelle Constitution devant au final aboutir à la naissance de la 3ème République.
Comme à toutes les étapes cruciales de la marche de notre pays notamment, depuis mai 2005, l’ensemble des forces vives du RHDP, se doivent de se mobiliser pour répondre présentes à ce rendez-vous historique.
Il était donc de notre devoir, devoir d’ailleurs fort agréable, de venir à la rencontre des militants du RDR, afin de vous entretenir sur les enjeux de cette nouvelle Constitution, portée par le Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, avec le soutien ferme et résolu de son aîné, le Président Henri Konan BEDIE.
Le Gouvernement entend donc, à la suite du Président de la République, qui l’a fait si brillamment, le 05 octobre 2016, devant le Parlement ivoirien, expliquer les réformes majeures de la nouvelle Constitution et obtenir l’adhésion de la majorité des Ivoiriens.
Alors pourquoi, voter « Oui » au referendum Constitutionnel du 30 octobre prochain ?
Premièrement, pour nous militants du RHDP, il s’agit d’un devoir militant ; le Président de la République, initiateur de cette nouvelle Constitution ayant été porté au pouvoir par notre coalition politique.
En effet, la réforme constitutionnelle qui sera soumise au peuple ivoirien le 30 octobre 2016, fait partie des grandes promesses de campagne et des engagements forts du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, qui été élu à une écrasante majorité lors de la présidentielle d’octobre 2015. Cette réforme engage donc, au premier chef, le RHDP.
C’est sans aucun doute, l’une des raisons pour lesquelles, le Président de la Conférence des Présidents du RHDP, le Président Henri Konan BEDIE, a tenu à accompagner personnellement au Parlement, le Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, le 05 octobre 2016. Un fait historique sans précédent dans notre pays ! N’est-ce pas ! (Un Président de la République en exercice et un ancien Président de la République ensemble à l’Assemblée Nationale)
Ensuite, les Députés membres issus de notre majorité RHDP ont voté à une écrasante majorité, l’avant-projet de Constitution aussi bien en Commission qu’à la plénière (95,9 %). Il s’agit donc maintenant pour tous les militants du RHDP et donc du RDR, de parachever le « OUI » de la majorité à la nouvelle Constitution en la votant massivement, le 30 octobre 2016.
Ce serait la meilleure démonstration de notre engagement ferme et résolu derrière le président Alassane OUATTARA, dans son immense œuvre de transformation de la Côte d’Ivoire.
Deuxièmement, et dans le fond, la nouvelle Constitution est conforme à l’esprit et à la philosophie politique du Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY et du RHDP, parce que cette Constitution vise à préserver la Côte d’Ivoire, de l’instabilité, en lui garantissant la paix et la stabilité politique.
Vous savez tous que la question de la succession a toujours été un élément important de stabilité ou d’instabilité d’un pays. La nouvelle Constitution règle et clarifie cette question en prévoyant tous les mécanismes pour la continuité du pouvoir, à travers la création d’un poste de Vice-Président.
A partir de 2020, le Vice-Président sera élu au suffrage universel direct, sur le même ticket que le Président de la République. La nouvelle Constitution s’inspire en cela des exemples réussis au GHANA, au NIGERIA et aux ETATS-UNIS pour ne citer que ces pays.
Il convient de rappeler que, le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, notre père spirituel à tous, avait déjà eu cette vision-là en 1980, en introduisant cette disposition dans la Constitution avant de la retirer par la suite.
Pour ce qui est des questions d’éligibilité à la Présidence de la République, la nouvelle Constitution retire toutes les notions conflictuelles qui ont favorisé la grave crise socio-politique traversée par notre pays, au cours des décennies passées.
Sur ce point, le Président de la République entend ainsi respecter ses engagements internationaux, en référence à la table ronde de Linas Marcoussis de 2003, où le RDR était présent et où tous les acteurs politiques, y compris l’actuelle opposition, se sont accordés sur une nouvelle réécriture des conditions d’éligibilité, qui figure aujourd’hui dans la nouvelle Constitution.
Ainsi, la nouvelle Constitution est une Constitution pour la paix. Elle ferme la parenthèse de dix années de crise et de guerre ouverte par la Constitution de 2000.
S’agissant de la création du SENAT, elle renforce le pouvoir législatif qui dispose ainsi de deux Chambres avec l’Assemblée Nationale (Cf. notamment les USA considérés comme le temple de la démocratie).
Autant de raisons qui me font dire que les réformes politiques et institutionnelles majeures de la nouvelle Constitution sont d’inspiration Houphouétiste. Il est donc de votre responsabilité première, en tant que militants du RDR et membres du RHDP, de défendre ces réformes qui sont conformes à nos valeurs communes de paix et de fraternité.
Mais au-delà, la nouvelle Constitution renforce les Institutions de la République, à travers une synthèse harmonieuse entre les valeurs de notre civilisation et les exigences d’une société ouverte sur le monde, et consciente des défis nouveaux qui s’impose à elle. Dans cette perspective, des réformes importantes ont été opérées :
1. Au plan judiciaire, l’indépendance du pouvoir judiciaire est davantage réaffirmée à travers (i) le choix parmi les hauts Magistrats du futur Président du Conseil Supérieur de la Magistrature et (ii) la création de deux juridictions, la Cour Suprême et la Cour des Comptes qui est érigée en une Institution séparée, conformément à nos engagements au sein de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA ;
2. Le renforcement du rôle de la Chambre des Rois et des Chefs traditionnels, afin de bénéficier davantage de la sagesse des Autorités traditionnelles dans la gestion des conflits sociaux, la préservation de la paix et le renforcement de la cohésion sociale ;
3. L’extension du champ des compétences du Conseil Economique et Social (CES) aux aspects environnementaux et culturels.
Ces avancées renforcent le caractère moderne et démocratique de notre système politique et institutionnel, et visent une plus grande participation de l’ensemble des forces vives à la construction de notre pays.
Troisièmement, la nouvelle Constitution règle durablement la question foncière dans notre pays.
Ainsi, la Constitution reconnait clairement que seuls l’Etat, les collectivités publiques et les personnes physiques de nationalité Ivoirienne, peuvent accéder à la propriété foncière rurale. Désormais les non nationaux ne peuvent être propriétaires de terres rurales ; mais ils peuvent accéder à la terre en la louant. Dans ce cas, ils peuvent avoir recours au bail emphytéotique, qui peut durer jusqu’à 99 ans.
La Côte d’Ivoire étant pour l’heure, un pays essentiellement agricole, la clarification et la sécurisation des droits en matière de foncier rural contribueront sans aucun doute à un développement agricole plus important avec des retombées positives au plan économique. C’est également une des portes des conflits sociaux qui se renferme.
Quatrièmement la nouvelle Constitution favorise la promotion des jeunes et des femmes dont le rôle dans le développement de notre pays est mieux réaffirmé.
En effet, la nouvelle constitution :
– fait la promotion des droits politiques de la femme et garantit la parité entre les hommes et les femmes ;
– protège la jeunesse contre toutes formes d’exploitation et d’abandon ;
– soumet l’Etat et les collectivités à l’obligation de créer les conditions favorables à l’éducation civique et morale de la jeunesse, et à sa participation au développement de notre pays ;
– prévoit la prise de mesures nécessaires, en vue d’assurer la participation de la jeunesse au développement social, économique, culturel, sportif, physique et créatif.
Il s’agit incontestablement, d’avancées majeures pour le bien-être de nos jeunes et de nos femmes ainsi que de la concrétisation de l’engagement du Président de la République de faire d’eux le fer de lance de l’émergence de la Côte d’Ivoire en 2020.
Cinquièmement, la nouvelle Constitution ouvre davantage les portes du progrès à la Côte d’Ivoire et du bonheur de nos populations.
– Chers frères et sœurs,
La nouvelle Constitution jette les bases d’un nouveau contrat social qui a pour socle, les acquis immuables de notre jeune Nation en matière de démocratie, de promotion des droits de l’homme, mais aussi et surtout, de progrès et de développement économique et social.
Oui, au-delà des réformes institutionnelles importantes dont je viens d’évoquer quelques aspects, le cœur de la nouvelle Constitution réside dans la promotion de l’homme ivoirien ou de « l’ivoirien nouveau », dont les droits fondamentaux sont mieux garantis et les aspirations légitimes mieux prises en charge.
Ainsi, la nouvelle Constitution :
– réaffirme l’attachement de la Côte d’Ivoire aux droits humains et aux libertés ;
– interdit, avec une plus grande fermeté, toute forme de discrimination fondée sur la race, le sexe, la religion ou l’ethnie ;
– garantit le droit de chaque citoyen à un libre et égal accès à la Justice, à l’information et aux documents publics ;
– renforce le caractère obligatoire de l’école ;
– interdit le travail des enfants ;
– promeut la liberté de création artistique et littéraire ;
– condamne le déversement des déchets toxiques ;
– garantit la protection des personnes en situation de handicap ;
– favorise davantage la promotion et le respect de la bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques ;
– associe davantage les ivoiriens de l’extérieur au développement économique et social de la Côte d’Ivoire ;
– garantit le droit de l’opposition démocratique ;
– règlemente le cumul des mandats etc…
A l’évidence, la nouvelle Constitution renforce les conditions pour l’émergence d’un citoyen nouveau et d’une société de progrès social et humain, dans la justice et l’équité.
– Militantes et Militants du RDR,
– Chers sœurs et frères du RHDP,
Votre adhésion à la nouvelle Constitution, tient donc à la fois du cœur et de la raison. Oui, la nouvelle Constitution porte la marque du RHDP dont la philosophie politique a contribué à l’écriture des grandes lignes. Oui, la nouvelle Constitution solde les contentieux douloureux de notre passé et nous ouvre des perspectives nouvelles pour l’édification d’une nation de paix et de concorde nationale.
C’est pourquoi, je vous exhorte à vous l’approprier et à l’expliquer partout autour de vous et surtout, à faire en sorte que les militants du RDR soient très nombreux dans les bureaux de vote et votent massivement « Oui » au referendum, le 30 octobre prochain.
Je vous invite pour cela à rester sourds aux oiseaux de mauvais augures et aux amateurs de politique politicienne.
Comme nous le savons tous, l’expression achevée de la démocratie, c’est le recours au suffrage du peuple ; seul donc le peuple ivoirien jugera de l’opportunité ou non de la réforme constitutionnelle proposée, le 30 octobre 2016 ; seul le peuple ivoirien appréciera, mieux que quiconque, la légitimité de la nouvelle Constitution.
N’ayez donc aucun complexe ; surtout qu’au surplus, le Président de la République a procédé à une large consultation, afin d’impliquer toutes les sensibilités politiques ou religieuses de notre pays.
Je sais donc pouvoir compter sur vous chers frères et sœurs, pour que le 30 octobre 2016, nous portions sur les fonds baptismaux la troisième République, dans la ferveur et avec responsabilité, en votant massivement « OUI » au referendum. N’est-ce pas ?
Alors :
• Votons oui à la nouvelle Constitution pour la paix et le progrès ;
• Votons oui à la nouvelle Constitution pour la préservation de nos droits en matière de foncier rural ;
• Votons oui à la nouvelle Constitution pour la valorisation de nos cultures et de nos traditions ;
• Votons « Oui » à la nouvelle Constitution pour l’avenir de nos jeunes et la promotion des femmes ;
• Votons « Oui » à la nouvelle Constitution pour le développement politique, économique, social et culturel de la Côte d’Ivoire ;
• Oui, votons « Oui » pour « la Côte d’Ivoire émergente à l’horizon 2020 ».
Je vous remercie de votre aimable attention.
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