Côte-d’Ivoire Constitution, libération de Gbagbo: Méambly-Jeannot Ahoussou, deux visions différentes

ahoussou-kouadio-jeannot

Ils sont tous deux cadres du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). Jeannot Ahoussou Kouadio est membre du Secrétariat exécutif du Pdci-Rda, ministre d’Etat auprès du président de la République chargé du Dialogue politique et des relations avec les institutions, président du Conseil régional du Bélier, président de l’Association des cadres et élus Pdci-Rda du grand centre (Aec-gc), président de l’Assemblée des régions et districts de Côte d’Ivoire (Ardci) et député de Didiévi commune et sous-préfecture. Méambly T. Evariste, lui, est membre du Bureau politique du Pdci-Rda, Coordonnateur du Pdci-Rda dans l’ouest, Délégué départemental du Pdci-Rda à Facobly, président du Conseil régional du Guemon, député de Facobly.
La semaine dernière, ces deux collaborateurs d’Henri Konan Bédié ont fait des sorties relatives à la nouvelle Constitution, évoquant le cas Gbagbo jugé à la Cour pénale internationale (Cpi).

« Pour la stabilité de la Côte d’Ivoire, il faut qu’un parti significatif comme le Pdci-Rda, qui est l’allié naturel du président Ouattara, puisse présenter une personnalité pour la Vice-présidence de la République, et dont la nomination ne va pas défrayer la chronique. Donc (…), je propose que le président Bédié soit le futur Vice-président de la Côte d’Ivoire (…). Par ailleurs, je voudrais dire à mes amis du Fpi, qu’il est vrai que cette nouvelle Constitution remet en selle les présidents Ouattara et Bédié, mais elle remet aussi en selle le président Gbagbo. Parce que si le président Gbagbo sort de La Haye -ce que nous souhaitons parce qu’il est Ivoirien-, il pourra s’il le veut, à nouveau, être candidat à la présidence de la République. C’est pourquoi je demande à mes amis du Fpi d’applaudir, et de soutenir cette nouvelle Constitution », a déclaré, lors d’un entretien avec la presse, mercredi 12 octobre 2016, à Marcory, Méambly Evariste lorsqu’il lui a été demandé ce qu’il pense de la nomination, à titre transitoire, d’un Vice-président par le président Ouattara avant 2020.

Contacté au téléphone, le vendredi 14 octobre 2016, après la sortie de Jeannot Ahoussou, sur Radio France internationale (Rfi), Méambly Evariste a explicité sa position, demandant un non lieu pour Gbagbo et Blé Goudé. « Je souhaite un non lieu dans le procès de Gbagbo et son co-détenu Blé Goudé. Ceci dans un souci de paix et de réconciliation en Côte d’Ivoire pour la 3ème République. Parce que si on veut aller à un procès équitable, cela ouvrirait la porte à plusieurs arrestations et déportations dans les deux camps ex-belligérantes à la Cpi. Alors que si ce non lieu dans le procès de Gbagbo est obtenu, il n’aurait plus d’enquête dans le camp du président Ouattara à la Cpi. On éviterait alors des emprisonnements des supposés coupables et la Côte d’Ivoire aurait tourné définitivement les pages sombres de cette deuxième Constitution avec 6 coups d’Etat et un pays qui recherche encore aujourd’hui, la cohésion sociale. Car, le tissu social est fragilisé ou brisé. Ce qui suppose que le président Aimé Henri Konan Bedié sera au cœur de l’exécutif en étant Vice-président pour peser véritablement de tout son poids auprès de son jeune frère Ouattara pour libérer la Côte d’Ivoire pour la nouvelle génération qui n’aurait plus de passif au plan de la cohésion sociale à gérer. De la sorte, elle pourra mieux s’attaquer à la véritable émergence économique du pays si chère aux présidents Ouattara et Bedié dans la 3ème République promise à la jeunesse comme ils nous le disent si bien chaque fois », a-t-il reprécisé sa pensée.

Contrairement à Méambly qui souhaite la libération pour non lieu de Laurent Gbagbo, Jeannot Ahoussou Kouadio dit qu’il pourra être candidat à la présidence de la République après avoir purgé sa peine. « Je pense que les gens du Fpi, qu’ils arrêtent d’affabuler. J’ai écouté hier matin on parlait, on disait pourquoi est-ce qu’on a fait lever le plafond quant à l’âge pour être candidat, c’est le seul article qui a été rédigé à Marcoussis et signé même par le Fpi. Je crois qu’en levant le plafond, demain, j’espère bien si le président Gbagbo finit de purger sa peine de prison, il pourra devenir candidat. Alors le Fpi n’a pas à être contre », a réagi Jeannot Ahoussou, vendredi 14 octobre 2016, quand Rfi lui a posé cette question : « Dans la future Constitution, si elle est adoptée le 30 octobre, les règles d’éligibilité à la présidence seront moins strictes qu’avant, du coup elles sont trop permissives disent les dirigeants du Fpi ? ».
Ces deux sorties de cadres de la même famille politique ont amené un observateur de la vie politique ivoirienne à faire ce commentaire : « J’ai lu et écouté les deux déclarations de Méambly et de Jeannot Ahoussou à propos de l’éventualité de la candidature de Laurent Gbagbo à la présidence de la République. Si les propos de Méambly peuvent pousser certains pro-Gbagbo à aller voter cette nouvelle Constitution parce que, pour eux, leur champion peut encore être candidat, ceux de Jeannot Ahoussou peuvent les amener à boycotter le référendum qui tient pourtant à cœur au président Ouattara et président Bédié. S’ils prennent en compte la prise de position de l’ex-Premier ministre Ahoussou, ils pourront dire que les gens du pouvoir veulent la condamnation de leur mentor et donc, ils pourront tout faire pour ne pas que le projet de nouvelle Constitution aboutisse ».

Hervé KPODION

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.