Côte-d’Ivoire Évariste Méambly (député Pdci): «Pourquoi j’ai remis les bulletins du «NON» à Soro »

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Le député de Facobly, issu du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), Evariste Méambly, a voté, mardi 11 octobre 2016, au Parlement ivoirien, « oui » à la nouvelle Constitution. Bien plus, il est allé remettre, séance tenante, au président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, les deux bulletins sur les trois qui montrent son choix, alors que le vote était à bulletin secret. Nous l’avons joint, hier mercredi 12 octobre 2016, au téléphone, et il en donne les raisons.

Pourquoi avez-vous remis, mercredi dernier, au Parlement, à Guillaume Soro, les deux bulletins sur les trois qui montrent votre « oui » à cette Constitution alors que le vote était à bulletin secret ?

Évariste Méambly : C’est un geste républicain que j’ai fait. Dès lors qu’on parle d’une nouvelle Constitution, qui est soutenue par les deux grands partis du Rhdp que sont le Rdr et le Pdci-Rda, et qu’en plus de cela, le président Bédié nous a instruits, nous députés, au cours d’une réunion, en nous reconnaissant le droit d’amendements, nous ne pouvions pas faire autre chose. Si le président Bédié nous a donnés des instructions, il sait où il va, et nous lui faisons confiance. A cet âge, le président Bédié ne peut pas nous envoyer dans l’abîme. Nous sommes convaincus que cette Constitution peut nous envoyer la paix, la stabilité, le développement et le bonheur. Donc, nous qui sommes à ses côtés, nous ne pouvons pas faire autrement.
Je voulais rappeler aux bons souvenirs de tous, que le président Bédié m’avait envoyé en mission pour expliquer l’appel de Daoukro en tant que Coordonnateur du Pdci dans la région du Guemon à l’ouest. En outre, j’ai fait campagne pour le candidat du Rhdp, le président Ouattara, qui a eu un score de 73 % dans ma région lors du premier tour de la présidentielle de 2015.

Quel est véritablement le sens de ce geste à l’endroit de M. Soro, alors que rien ne vous y obligeait ?

Aujourd’hui, je ne peux pas envoyer ma région à s’opposer pour s’opposer, surtout que je suis un agent de développement. Je dois envoyer ma région vers de nouveaux partenaires pour nous apporter le développement à tous les niveaux. A preuve, grâce à toutes les actions avec le Conseil régional, la région du Guemon a obtenu le plus fort taux de réussite au Cepe 2016 en Côte d’Ivoire, reconnu par le ministère de l’Éducation nationale. C’est parce que j’ai beaucoup investi dans l’école en moins de trois ans. J’ai fait construire 17 classes au Primaire. J’ai réhabilité 34 salles de classe, remis près de 8 000 tables-bancs dans le Guemon, distribué des milliers de kits scolaires, et construit le bâtiment de la Direction régionale de l’éducation nationale et de l’enseignement technique (Drenet). L’intérêt suprême de cette Constitution, c’est qu’à partir de 2020, avec l’instauration de la Vice-présidence, le futur président de la République est obligé de s’appuyer sur un autre colistier venant d’une autre région que lui. C’est pourquoi, j’ai décidé de m’engager et d’engager ma région pour voter « oui » pour cette nouvelle Constitution.

Quel message avez-vous voulu faire passer en remettant ces bulletins au chef du Parlement ivoirien ?

J’ai remis les deux bulletins qui consacrent le « non » et l’abstention au président Soro, parce qu’il est un acteur important dans l’élaboration de cette nouvelle Constitution. Il a aussi pris part à tous les accords de paix inter-ivoirien. Le président Soro sait, en outre, ce que le peuple Wê a vécu pendant la crise post-électorale. En lui montrant que nous avons voté « oui », mardi dernier, au Parlement, c’est pour que le président Soro soit notre interlocuteur auprès du président de la République, Alassane Ouattara. Et, que le chef de l’État comprenne que l’ouest a un seul souci, celui de la recherche effrénée de la paix et du développement qui passe par l’Hydraulique villageoise amélioré (Hva), l’électrification, les écoles, les centres de santé, les routes…pour entrer dans la 3ème République qu’il incarne désormais.

Que dites-vous de la nomination, à titre transitoire, d’un Vice-président par le président Ouattara avant 2020 ?

Pour la stabilité de la Côte d’Ivoire, il faut qu’un parti significatif comme le Pdci-Rda, qui est l’allié naturel du président Ouattara, puisse présenter une personnalité pour la Vice-présidence de la République, et dont la nomination ne va pas défrayer la chronique. Donc, en tant que membre du Bureau politique du Pdci, député du Pdci, Coordonnateur du Pdci dans l’ouest, je propose que le président Bédié soit le futur Vice-président de la Côte d’Ivoire. Je ne connais pas le choix du Rdr. Mais, je souhaite, au niveau du Pdci, une unanimité autour du président Bédié. Cela sera une juste récompense pour le président Bédié qui est un homme sage, un homme qui a été victime du coup d’État et qui n’a pas été revanchard. Le président Bédié garantira, à notre sens, la stabilité du pays. Et, en 2020, nous les jeunes loups, nous allons nous essayer si éventuellement, nous voulons postuler à la magistrature suprême. Mais pour l’heure, il faut positionner le président Bédié à la Vice-présidence de Côte d’Ivoire. Par ailleurs, je voudrais dire à mes amis du Fpi, qu’il est vrai que cette nouvelle Constitution met en selle les présidents Ouattara et Bédié, mais elle met aussi en selle le président Gbagbo. Parce que si le président Gbagbo sort de La Haye -ce que nous souhaitons parce qu’il est Ivoirien-, il pourra s’il le veut, à nouveau, être candidat à la présidence de la République. C’est pourquoi, je demande à mes amis du Fpi d’applaudir, et de soutenir cette nouvelle Constitution.

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