Lu pour vous
Le groupe sud-coréen STX Offshore & Shipbuilding, actionnaire majoritaire des chantiers navals de Saint Nazaire (Loire-Atlantique), souhaite vendre le site d’ici la fin de l’année 2016. Car lourdement endetté, ce groupe est menacé de liquidation. Après l’italien Fincantieri et le néerlandais Damen, un troisième candidat vient de se déclarer intéressé par la reprise de ce site historique: le chinois Genting Hong Kong. Et c’est le branle-bas.
Le pays redoute, en effet, de laisser entrer le loup chinois dans sa bergerie. L’État français (qui détient actuellement 33 % du capital) n’écarte pas l’idée de la nationalisation de ces chantiers navals en devenant l’actionnaire majoritaire de STX France pour barrer la route à des investisseurs chinois. Et si cela n’était pas possible, il se propose, dans un communiqué, de «peser dans le choix du repreneur».
Il faut savoir qu’en plein feuilleton sur l’avenir industriel d’Alstom, convoité alors par l’américain GE et l’allemand Siemens, le gouvernement hexagonal publiait, le 15 mai 2014 au Journal officiel, un décret renforçant le dispositif de contrôle des investissements étrangers en France.
Ce décret impose un système d’autorisation préalable, venant du ministère de l’Économie, aux groupes étrangers voulant racheter une entreprise française dans des secteurs stratégiques ainsi verrouillés, à savoir l’énergie, les transports, l’eau, la santé et les télécoms. «Le choix que nous avons fait, avec le Premier ministre (Ayrault), est un choix de patriotisme économique », a expliqué Arnaud Montebourg, le ministre de l’Économie, dans un entretien au Monde. «Ces mesures de protection des intérêts stratégiques de la France sont une reconquête de notre puissance», a-t-il insisté.
Si le protectionnisme bat son plein en France, qu’en est-il de l’ivoirité économique qu’évoquait déjà Simplice de Messé Zinsou, président du Conseil d’administration de la Société ivoirienne de voyage maritime (Sivomar), pour combattre la mainmise du groupe Bolloré sur le Port autonome d’Abidjan? Car de plaque tournante du commerce maritime de la sous-région ouest africaine, la Côte d’Ivoire n’est plus qu’un nain au plan maritime: la Société de transport maritime (Sitram, société d’Etat) a été démantelée et Sivomar-Manivoir a coulé sous les eaux boueuses de la concurrence sauvage.
A l’instar de la libéralisation imposée du transport maritime qui a entraîné le naufrage de la politique maritime, le pays a procédé à une privatisation sauvage de toutes ses activités génératrices de revenus, ne protégeant aucun intérêt stratégique. Et en l’absence de tout dispositif de contrôle des investissements étrangers, le pays est aux mains des multinationales surtout françaises (quelquefois société d’État comme France Télécom) qui font aujourd’hui la pluie et le beau temps.
Ferro B.
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