Côte-d’Ivoire Cocody cité SIR reportage – 3 km de calvaire, boue, nids de poule et poussière

sir

Par Connectioinivoirienne

A quand la fin du calvaire des habitants ?

Connaissez-vous la cité Sir à Abidjan ? Pour qui connaît la capitale économique ivoirienne, cette belle cité d’apparence est perdue dans les confins de la Riviera Djorogobité à quelques minutes de Bingerville. En provenance de la Riviera 2, On y accède à partir du carrefour Abatta après le quartier Faya, route de Bingerville. Ses belles villas cossues à l’architecture anglaise impressionnent mais…

Paradoxe

Le visiteur qui désire s’y rendre est obligé d’emprunter trois bons kilomètres de terre battue, affrontant poussière et nids de poule sur une route non éclairée, le soir venu. Pourtant à l’opposé, la voie qui mène tout droit dans le village d’Abatta est bitumée depuis quelques années. En saison pluvieuse, les usagers de la voie menant à la cité Sir doivent patauger (dans la boue) sur tout le parcours pour y arriver. Les habitants ne cessent de se plaindre de cette situation et leurs cris de détresse semblent échapper aux bonnes oreilles, pour l’instant.
Nous avons dû faire, nous-même, l’amer constat quand nous nous y sommes rendu le mercredi 28 septembre dernier, dans l’après-midi. Il venait de pleuvoir et il a fallu un peu plus de 45 mn pour être à la porte de la cité aux 418 villas duplex. Un parcours qui par voie bitumée aurait duré moins de 10 mn. À la cité qui porte fièrement le nom du directeur général Joël Dervain, c’est seulement au seuil que le bitume vous accueille au terme d’un voyage périlleux. Toutes les artères ici sont bitumées.
Et les habitants, depuis 2010 et même avant, s’expliquent difficilement ce paradoxe. La Société ivoirienne de raffinage (Sir) qui y loge une partie de son personnel n’est-elle pas l’un des fleurons de l’économie ivoirienne, il y a quelques années ? La Sir n’est-elle pas aussi la société qui secrète le bitume au cours de ses activités de raffinage ? Mais bon ! Pour l’instant ce bitume ne suffit peut-être pas pour revêtir ces trois km ou alors parce que les puissants du pays n’y passent pas souvent.
Le directeur général de la société, le Pca et même le ministre du Pétrole et de l’énergie semblent pour l’instant impuissants face au calvaire des habitants, qui en plus du mauvais état de la route voient leurs souffrances s’aggraver avec l’absence d’un quelconque établissement scolaire au sein même de leur cité. Et les enfants doivent aller loin de leurs parents tous les matins pour ne revenir que tard le soir.

En 2011, à l’occasion du premier anniversaire d’une association de femmes de la cité, l’Afec-Sir, le Dg, le Pca et l’épouse du ministre Toungara avaient été invités et ils sont venus toucher du doigt ces réalités. Joël Dervain avait été franc avec les femmes en déclarant que « la Sir va très mal » pour résoudre à elle seule les problèmes soulevés. Toutefois, il avait indiqué que certaines tâches comme le bitumage de la voie relevaient de la compétence du gouvernement. Ami Toungara la marraine avait, pour sa part, promis de se battre auprès de son époux pour que toutes les doléances trouvent une réponse satisfaisante. « Quand je veux quelque chose, je l’obtiens toujours», avait-elle flatté ses filleules.
Cinq ans après leur passage, on est toujours à la case départ à la cité Joël Dervain. Ni route bitumée et éclairée, ni école. Des difficultés auxquelles se mêlent quelque fois des problèmes de ravitaillement en eau potable.

Toute chose qui suscite de l’amertume chez cet habitant que nous avons interrogé à la descente d’un vieux taxi woro woro (l’un des seuls qui font le trajet). « On ne sait plus qui va venir nous sauver. Ici on se sent abandonnés. En plus de la route impraticable, nous n’avons pas de marché et il faut aller très loin. Pas de bus, pas de car de ramassage pour nos enfants élèves. Tantôt on nous dit que c’est la mairie qui va venir faire le goudron, tantôt on dit que c’est le gouvernement. Nous constatons simplement que la voie qui va à Abatta est goudronnée pourtant c’est la même voie qui arrive ici. Vraiment on ne comprend plus rien et ça dure des années. Aidez-nous ! », s’est-il plaint.
En attendant le bonheur, les amortisseurs qui se cassent, la poussière qui envahit les maisons et les rougit, les élèves qui manquent très souvent les cours, les problèmes d’évacuation des malades et des femmes en couche qui nous ont été rapportés constituent le lot quotidien de la galère des habitants, parmi eux de hauts cadres et dirigeants de sociétés. Cela se passe dans la respectable commune de Cocody à l’Est d’Abidjan. A quand la fin de ce désastre ?

SD à Abidjan

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