Constitution Ouattara en Côte-d’Ivoire: Du dauphin au régent constitutionnel !

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Constitution Ouattara en Côte-d’Ivoire: Du Dauphin au Régent constitutionnel!

La copie que nous avons de l’avant-projet de constitution instaure un régime présidentialiste qui tourne à la royauté. Car le Roi est celui qui gère un pays sans contre-pouvoir. Lorsqu’il a un pouvoir absolu constitutionnalisé, on appelle cela la royauté constitutionnelle. Le régime que le Président Ouattara veut introduire dans notre pays, est différent de tout ce que nous avons connu jusqu’à ce jour.

En effet, la royauté constitutionnelle anglaise donne la gestion du pouvoir au parlement qui désigne le Premier Ministre issu de la majorité. Dans le cas du projet Ouattara, le Premier Ministre est nommé par le Président et ce dernier entretien des rapports de cour d’enregistrement des décisions présidentielles avec le parlement puisqu’il est dilué avec un sénat dont le tiers est nommé par le Roi-Président ou le Président-Roi. Avec la possibilité pour ce dernier d’avoir au moins un tiers des députés, il lui suffira alors de s’allier à quelques courtisans en quête de prébendes et le tour est joué. Et comme pour revoir sa copie il faut au moins les deux-tiers du parlement que personne ne pourra avoir puisqu’il nomme déjà un tiers du sénat, toute réforme ou déverrouillage interne du système est impossible par la voie démocratique.

Mais ce qui est absolument hallucinant, c’est que l’Etat devient un instrument qui sert le Président-Roi. Son Vice-Président qui sera nommé dès la promulgation de cette constitution, le remplacera quand il sera hors du pays ou empêché et pourra même présider le conseil des ministres. Le Premier Ministre remplacera le président quand ce dernier et son régent-puisque c’est de cela qu’il s’agit- ne seront pas disponibles. Mais attention, désormais, il y a la possibilité, une fois le projet voté, que le Président-Roi ne passe plus par le peuple pour des modifications de la constitution car cela peut se faire par le parlement réuni en congrès!!! Entre temps, comme les députés sont élus au scrutin majoritaire ( sans précision du nombre de tour comme dans le cas du potentiel prochain président-roi), alors le jeu des tribus triomphe avec clameur. Les bastions politiques qui sont en fait des bastions tribaux, formellement interdits par la constitution actuelle comme celle qui arrive, va encore s’imposer. En un mot, la république tribalisée se dote enfin d’un cadre légal, avec le chef de la tribu en puissance militaire et financière comme le nouveau roi que son régent et son ministre en premier aideront à gérer le pays. Ce chef aura le soutien de tous les chefs et rois et comme il n’y a plus de limite d’âge, le président-roi, vers la fin de son deuxième mandat, peut réunir le congrès et hop, une réforme est passée qui lui permet de continuer encore pour deux autres mandats! N’importe quoi en somme!!!

Au total, toutes les souffrances endurées du Nord au Sud, d’Est en Ouest en passant par le centre, avaient pour but d’introduire ce projet inique de perpétuation du pouvoir d’un individu et garantir à sa cour une gestion permanente du pouvoir longtemps après son départ. J’applaudis des deux mains Son Mentor qui aura démontré qu’il avait raison depuis le départ de vouloir l’écarter même s’il s’y est mal pris. Chez nous on dit c’est quelqu’un que tu ne connais pas que tu appelles par « hey »!!! L’ancien connaissait son type et il voulait en finir. Les kpakpato se sont mis au milieu et aujourd’hui, seize ans après qu’il ait été chassé par lui, il montre à tous pourquoi il ne fallait pas permettre à ce petit-frère de dérouler son jeu. Même si cela n’était pas démocratique. Mais alors doit-on laisser un tyran tirer profit de la démocratie pour tuer la démocratie
???

En tout cas, comme mon jeune frère l’a dit, « on est serein ». En tout cas, on est serein et imperturbable parce que nous aurons tous les yeux sur les députés le 5 octobre. Leur position sera déterminante. On attendra donc officiellement qu’ils se prononcent pour que chacun d’entre nous soit situé sur les fondements idéologiques et politiques de l’engagement en politique de chacun de notre génération, de celles qui nous ont précédées et encore plus, de la jeunesse de notre pays qui est désormais devant une alternative claire: valider le régent et son président-roi, ou alors faire barrage dans les urnes pour imposer la démocratie pour laquelle nombreux sont tombés, handicapés et désespèrent encore plus d’une certaine classe politique ivoirienne.

AHIPEAUD Martial Joseph, PhD

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