Le témoin avait demandé pardon pour les impairs commis par la Garde républicaine
Après les dernières questions de l’accusation, la défense de Laurent Gbagbo a pris le relai pour interroger le colonel Kouaho Amichia Edouard, actuel commandant de la Garde républicaine. Objectif : évaluer si l’éviction du témoin lors de la crise postélectorale pouvait être lue sous d’autres prismes que celui de l’ethnicité.
Par Camille Dubruelh
La fin de la crise postélectorale ivoirienne a occupé les débats ce vendredi 23 septembre à la Cour pénale internationale (CPI). Avant de passer la parole à la défense de Laurent Gbagbo, l’accusation a posé ses dernières questions au commandant de la Garde républicaine, qui dirigeait le groupement n°1 de cette unité à l’époque des faits. Le colonel Kouaho Amichia Edouard a expliqué être resté en poste « jusqu’à la fin », jusqu’à recevoir l’ordre par sa hiérarchie de quitter le camp de Treichville le 5 avril 2011, le lendemain du bombardement de la caserne. C’est à la base navale de Locodjro que le commandant a finalement été envoyé, base navale où il aurait vu environ 400 hommes jeunes, en civil et armés pour certains, « affluer vers un lieu de rassemblement ». Après une nuit passée sur place, le colonel a rejoint son domicile pour se recueillir « dans la prière » quelques jours, en attendant que Guillaume Soro lance un appel aux forces armées de regagner les casernes.
Suite à ces événements, le témoin a raconté s’être adressé à la population de Treichville. Dans un but de réconciliation, le colonel a demandé pardon « pour tout ce qui avait été fait par la Garde républicaine ». « Beaucoup d’impairs ont été commis par mes éléments », a-t-il justifié, faisant référence à de jeunes manifestants régulièrement battus au sein de la caserne de Treichville. Début mai 2011, le colonel Amichia a finalement été informé par sa hiérarchie qu’il occuperait désormais les fonctions de commandant de la Garde républicaine par intérim. Étant à ce poste, le témoin a pu assister à la « dépollution » d’une réserve de munitions aux sous-sols du Palais présidentielle. Une réserve qui « relevait exclusivement de Dogbo Blé », d’après ses dires et qui contenait des munitions pour armes individuelles, semi collectives ainsi que des obus de mortiers.
Rebondissant sur les questions de l’accusation, la défense a ensuite interrogé le témoin sur ses prérogatives actuelles et sa marge de manœuvre en tant que commandant de la Garde républicaine. « Aujourd’hui, vous attendez loyauté et discipline totale ? », a demandé Andreas O’Shea, l’un des avocats de Laurent Gbagbo. « Oui, tant qu’on reste dans la mission de la Garde républicaine », a répliqué le témoin.
La défense est ensuite revenue sur des faits évoqués hier, notamment une formation de recrues pour laquelle le colonel n’avait pas été informée. L’avocat a donc cherché à savoir si le témoin avait montré des signes d’insubordination à son supérieur, le général Dogbo Blé, pour être ainsi mis à l’écart. Andreas O’Shea a notamment évoqué un discours tenu par le commandant à ses éléments suite à une visite de son supérieur. Me O’Shea se demandait si le témoin avait contré ce que Dogbo Blé avait dit. Interrompu par la Cour, l’avocat s’est justifié : « L’accusation a poussé l’argument de l’appartenance ethnique sans cesse, moi j’essaie d’élargir ce cadre et fournir d’autres explications », a argumenté Andreas O’Shea, avant que ne tranche le président de la Chambre : « Ne le faites pas par le biais de ses impressions mais par des faits ».
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