Enfin il est là ! Après avoir publié plusieurs tribunes dans les journaux, les réseaux sociaux et dans la presse en ligne, l’enseignant des universités, spécialiste de droit constitutionnel et analyste politique, Geoffroy-Julien Kouao a décidé de compiler l’ensemble de ses réflexions et interviews dans un livre : « Côte d’Ivoire, la 3e République est mal partie ».
Le mardi 20 septembre 2016, il a présenté son essai politique aux journalistes à la Librairie Carrefour en attendant la grande dédicace ce samedi 24 septembre 2016. D’entrée de jeu, l’auteur prévient que son livre n’est pas un cours de droit constitutionnel. Il n’est pas non plus une prise de position politique mais une contribution d’un intellectuel au débat d’actualité dans son pays. « Mon livre est pro-Côte d’Ivoire », soutient-il au passage. Le livre peu volumineux, facile à lire et à comprendre est un condensé de tribunes aussi incisives que fouillées qui portent toutes sur le projet de changement de constitution envisagé par le chef de l’Etat.
Geoffroy Kouao qui n’est pas adepte de la langue de bois fait savoir clairement à travers ses réflexions que le projet de nouvelle constitution est non seulement inopportun mais que la démarche empruntée par Alassane Ouattara n’est pas bonne. Inutile donc, selon lui, d’en arriver au débat sur le fond. « En droit la forme précède le fond », insiste-t-il. L’universitaire se démarque des positions optimistes sur ce projet qui fait déjà l’objet d’une campagne assidue de la part des tenants du pouvoir alors que le mystère demeure sur son contenu.
Quand on lui demande pourquoi la 3e République est mal partie, l’auteur n’hésite pas à relever les nombreux griefs dans la démarche du président de la République, initiateur du projet. Il affirme sans sourciller : « C’est au peuple de se doter d’une constitution. On ne donne pas une constitution à un peuple ». Il éclaire sa pensée à la lumière du préambule de l’actuelle loi fondamentale de la Côte d’Ivoire qui dispose « Le peuple de Côte d’Ivoire (…) se donne librement et solennellement comme loi fondamentale la présente Constitution adoptée par Référendum. »
Parlant du comité d’experts, il estime qu’il n’en est pas un, puisque ledit comité ne comprend pas que des spécialistes du droit constitutionnel. Il préfère le terme « comité de juristes » car à l’analyse les dix personnalités qui le composent sont de différentes spécialités du droit. Par ailleurs, soutient M. Kouao, une assemblée constituante aurait été la solution idoine pour l’écriture d’une nouvelle constitution. Car nommer seulement des experts pour écrire à la pace de tout le monde, est ce qu’il appelle de la sophocratie. « La sophocratie n’est pas la démocratie », se révolte-t-il.
En attendant la sortie officielle de son livre, le premier du genre, Geoffroy Kouao qui se dit prêt à tout débat public, avertit les porteurs de la 3e République en ces termes : « Elle naîtra certainement vivante mais elle ne sera pas viable. A la moindre alternance, elle disparaîtra. Une république, ce sont des valeurs, il faut les respecter. Dans une République, ce n’est pas un homme qui a raison mais le peuple.»
SD à Abidjan
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