Par Connectionivoirienne
« Quand quelqu’un vous mandate, il faut d’abord savoir ce qu’il veut »
Le président du comité d’experts qui travaille sur l’avant-projet de la nouvelle constitution, le professeur Ouraga Obou était lundi face aux responsables des organisations professionnelles de journalistes, l’Unjci et l’Ojpci. Leurs échanges ont porté sur le travail en cours au sein du comité d’experts qui devrait déposer ses conclusions ce mercredi.
Au cours de ces échanges, Pr. Ouraga Obou a lâché quelques phrases qui éclairent sur la mainmise d’Alassane Ouattara sur le processus d’élaboration de la constitution même si le patron du comité d’experts tente de dissimuler cette forte pression. Extraits :
« (…) Le président nous a dit voilà les institutions et voici comment je voudrai que ça fonctionne. C’est vrai, il a fait des papiers qui ne sont rien d’autre que ses notes pour qu’à partir de celles-ci, sur les institutions dont la vice-présidence, le conseil économique et social, le sénat… nous puissions travailler. Donc nous avons pris ses notes sur ces institutions, nous avons pris également d’autres constitutions sur lesquelles nous nous sommes appuyés et que nous avons retouchées. (…) Vous savez, quand quelqu’un vous mandate, il faut d’abord savoir ce que la personne veut. Sur ces institutions et sur le fonctionnement même de ces institutions, il n’y a pas eu toujours avec lui, un accord absolu. Nous avons eu parfois à discuter avec le président, nous lui avons fait des propositions sur lesquelles nous avons discuté. C’est un président qui est ouvert. Il y a des choses sur lesquelles nous n’avons pas été d’accord. Il y a également des choses sur lesquelles nous sommes d’accord (…) mais en même temps, nous, nous sommes des professeurs. Il y a des choses que nous pouvons proposer sans savoir les conséquences. Nous sommes des professeurs de droit et ce que nous pouvons trouver comme bon, ce n’est pas forcément faisable. Seul le président de la République peut dire si c’est bien ou pas. Nous n’avons pas encore fini de travailler avec le président de la République. Parce qu’avec lui, nous passons en revue tous les articles un par un. »
Au cours de cet entretien, Ouraga Obou a également indiqué que la constitution en cours de préparation est écrite par les ivoiriens. Allusion faite aux consultations entreprises par Alassane Ouattara et par lui-même. Mais en même temps, il trahit son propos quand il affirme dans le même discours que « quand quelqu’un vous mandate, il faut d’abord savoir ce que la personne veut ». En clair pour lui, ce qui compte, ce n’est pas la volonté du peuple mais celle du président qui est son mandant.
Tout en affirmant que le comité n’est pas là pour traiter les revendications de l’opposition, encore moins pour juger les opinions des uns et des autres, le professeur de droit public a demandé à tous d’attendre le résultat de son travail. Les uns et les autres pourront alors faire leur choix selon leur entendement. Dans tous les cas, Ouraga Obou a laissé entendre que le ciel ne nous tomberait pas sur la tête si cette constitution n’est pas votée.
SD à Abidjan
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