Quatorze ans aujourd’hui le 19 septembre 2016. A l’occasion des dix ans du coup-d’état échoué, qui s’était muée en rébellion armée, un des ténors de la plus grande crise militaro-politique que notre pays a connue parlait. Il s’agissait du Commandant Koné Gaoussou, dit Jah Gao, ex-commandant du Groupement tactique 9, aujourd’hui Force d’intervention rapide (FIR) de la Zone 2, composée d’Abobo, Anyama, Agboville et Alépé. Nous vous repassons cette interview publiée il y a de cela quatre ans, en 2012.
Dix ans déjà que la rébellion armée secouait la Côte d’Ivoire. Vous qui en avez été un acteur, pouvez-vous revenir sur les causes qui ont soutendu cette lutte armée ?
K.G : Ce qui nous a motivés en 2002, comme tout le monde le sait, c’était pour restaurer la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire. Au temps du général Guéi, il y avait beaucoup de dérapages. Etant dans l’armée en tant que commando parachutiste à la Firpac dans le groupe d’intervention rapide para commando, l’armée était divisée et même politisée. Ce qui n’était pas du tout normal. L’armée doit demeurer apolitique. Au sein de l’armée, régnait le vent de la discrimination et du tribalisme. Les Nordistes étaient montrés du doigt. Tout cela se remarquait dans les patrouilles.
Quel rôle avez-vous joué particulièrement à partir du 19 septembre 2002 ?
K.G : A partir du 19 septembre, nous avons mené beaucoup d’actions sur le terrain. Nous avons combattu à Abidjan, et d’Abidjan, nous sommes allés à Bouaké. Entre Abidjan et Bouaké, nous avons été confrontés à un problème, car on nous avait tendu une embuscade au niveau de Yamoussoukro. Mais nous avons pu franchir Yamoussoukro et nous sommes rentrés sur Bouaké.
Après la crise du 19 septembre 2002, quel regard avez – vous aujourd’hui quand vous regardez dans le rétroviseur, mon commandant?
K.G : 10 ans après, je suis satisfait des retombées de notre mouvement. Nous avons atteint notre but, notre objectif, c’est-à-dire l’instauration de la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire. Je peux dire sans toutefois verser dans l’autosatisfaction, que le bilan a été globalement positif.
Si les mêmes conditions qu’il y a dix ans se présentaient avec son lot d’injustice, de discrimination, d’intolérance, seriez-vous prêt à reprendre les armes comme en 2002 ?
K.G : Oui. Si les mêmes causes se présentaient, je serais prêt à agir de la sorte. Je suis prêt à reprendre les armes si les mêmes conditions se reproduisent. Nous, en prenant les armes, nous avions un objectif. Figurez-vous que moi, j’étais un soldat dans l’armée de Côte d’Ivoire, régulièrement payé, mais ce sont les causes que j’ai citées plus haut qui ont fait que je me suis révolté. En tant que ressortissant du Nord, je ne pouvais pas laisser mes frères mourir de la barbarie du pouvoir de Laurent Gbagbo. Il fallait ce soulèvement pour que les choses changent et c’est ce que nous avons fait.
Durant ce parcours de 2002 à aujourd’hui, aviez-vous eu des regrets par moments ?
K.G : J’ai souffert de chaque perte de nos amis et soldats. Nous avons perdu pas mal d’éléments. Je salue la mémoire de tous nos camarades qui sont tombés au combat et je profite de votre support pour encore présenter mes condoléances aux familles de nos illustres disparus.
Il y a certainement, mon Commandant, des faits qui vous ont marqué tout au long de cette crise. Pouvez-vous nous en citer ?
K.G : Les faits qui m’ont marqué négativement comme je viens de le dire, c’est la disparition de certains chefs. C’est malheureusement la loi de la guerre, quand vous commencez ensemble, il y en a parmi vous qui perdent la vie. La vie est ainsi faite. J’ai des amis comme Oumar Diarrassouba, dit Zagga- Zagga, un camarade avec qui j’étais à la Firpac, nous étions dans la même section, qui malheureusement est tombé aux premières heures à Bouaké. Je peux citer Mobio qui était un civil, Petit Kolo, Kass qui, malheureusement, n’a pas cerné le sens de la lutte.
Aujourd’hui, lors de cette crise, vous avez obtenu la délivrance des cartes nationales d’identité, il y a un Président légitimement élu, quels sentiments éprouvez-vous face à ces retombées positives de votre lutte ?
K.G : Je rends d’abord un vibrant hommage au Président de l’Assemblée nationale, M. Guillaume Kigbafori Soro, parce que sans lui, la lutte aurait pris une autre allure et aurait été très difficile. Premièrement, je considère notre leader comme un militaire. Il en a les qualités requises car il a encadré beaucoup de nos combattants, organisé l’armée des Forces armées des Forces nouvelles. Ce n’est pas permis à n’importe qui. Je sais de quoi je parle. Etre à la tête d’une troupe, une rébellion sans être militaire, ce n’est pas donné à tous de réussir ce pari que le chef Soro a relevé. Mieux, il a organisé les élections. Nous connaissons tous ici le climat délétère, les blocages suscités pour que les élections ne puissent pas se dérouler. C’est un homme de parole, c’est un homme digne et il ne trahit pas. Tous ceux qui l’ont trahi sont tombés. C’est le lieu de le dire. Le Président Soro connaît parfaitement ses chefs militaires. Nous avons dormi ensemble dans les mêmes maisons. Nous étions délaissés en exil quand à son arrivée, il nous a réorganisés. C’est lui, Soro, qui a préparé la majorité des plans de guerre alors qu’il n’était pas militaire. Il y avait à ce moment, des chefs parmi nous qui n’avaient aucune notion militaire. Il faut qu’on se dise la vérité. Le Président Soro est venu et il nous a organisés jusqu’à l’avènement du 19 septembre 2002. C’est lui qui a tracé le plan de guerre du lieu où nous étions jusqu’à Abidjan. Même à Abidjan, c’est encore lui qui a mis en branle la stratégie militaire à mener. Aussi, quand il était Premier ministre, toute la Côte d’Ivoire a apprécié le travail de Soro. C’est un homme à respecter et je lui rends un vibrant hommage.
Pour terminer, mon commandant quel bilan pouvez-vous nous faire de la situation sécuritaire dans les différentes localités qui sont sous votre responsabilité ?
K.G : Il faut dire que j’ai la zone la plus difficile. Je gère la zone d’Abobo qui a été la base des combattants d’Abidjan. Il y a Anyama, Agboville et Alépé qui sont restés hostiles au pouvoir. Donc, j’ai la zone la plus difficile mais, Dieu merci, avec la stratégie que j’ai mise en place, sur quelquefois les conseils avisés du Président Guillaume Soro, je parviens à gérer les localités sous mon autorité. Je reste en contact permanent avec lui. A cet effet, je demande aux populations ivoiriennes de rester sereines face aux attaques menées çà et là. Ces attaques ne pourront jamais aboutir. Je demande aux déstabilisateurs de savoir raison garder. Le pays est gouverné actuellement par un Président qui est à la tâche pour offrir un mieux-être aux populations. Tout le monde entier apprécie le travail que le Président Alassane Ouattara est en train de faire. Au lieu de lui mettre les bâtons dans les roues, les fauteurs de troubles gagneraient à le soutenir dans sa tâche.
Source: guillaumesoro.com
Titre et surtitres Soir-Info
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