Gabon : comment Ali Bongo Ondimba va répliquer au recours déposé par Jean Ping
Alors que Jean Ping a déposé un recours devant la Cour constitutionnelle jeudi dernier, le camp d’Ali Bongo devrait déposer une « demande reconventionnelle » pour répondre aux accusations formulées par son opposant, rapporte Jeune-afrique.
« Le prochain round entre Ali Bongo Ondimba et Jean Ping se jouera bien devant la Cour constitutionnelle gabonaise. L’opposition a déposé un recours jeudi 8 septembre, apportant selon elle des preuves de fraudes dans la province du Haut-Ogooué, région d’origine du président sortant. Selon les informations de Jeune Afrique, le camp d’Ali Bongo Ondimba prépare la riposte. Il devrait déposer « très rapidement » une « demande reconventionnelle » devant la Cour. (…) Au-delà des éléments de réponse qu’apportera le camp d’ABO sur la région du Haut-Ogooué, les services juridiques du président sortant devraient également transmettre des pièces concernant d’autres provinces, où ils estiment avoir constaté des fraudes de la part de l’opposition. Alain-Claude Bilie By Nze avait dénoncé « une fraude massive » dans la province du Woleu-Ntem, qui a la réputation d’être un fief de l’opposition. »
JA
Le journal français Le Monde à son tour fait une large place aux thèses de Jean Ping.
« 50 millions de francs CFA contre notre silence »
Il semblerait que le pouvoir s’y soit repris à deux fois pour arriver à ce chiffre. Un proche de Jean Ping nous a affirmé « disposer d’un enregistrement audio du gouverneur de la province du Haut-Ogooué sur lequel il annonce une participation de 95 % », un score insuffisant qu’il aurait ultérieurement modifié.
Un autre témoignage jette le doute sur la sincérité des résultats de la province. Selon René Ndémézoo Obiang, directeur de campagne de Jean Ping, trois représentants de l’opposition au sein de la commission électorale provinciale du Haut-Ogooué auraient été « achetés » pour fermer les yeux sur le décalage existant entre les PV arrivant des départements et ceux finalement annoncés au niveau de la province. L’un d’eux, Fabrice Simba, commissaire provincial pour le compte de l’opposition à la Cénap du Haut-Ogooué, joint au téléphone, affirme avoir « reçu 50 millions de francs CFA [environ 75 000 euros] en échange de notre silence ». « Nous avons partagé cette somme à trois : Marius Mbourou [vice-président de la CEP désigné par l’opposition], Josaphat Azzibrouk et moi ».
Dans une déclaration faite le 30 août devant un huissier de justice, dont nous avons obtenu la copie, Fabrice Simba dit avoir été informé par M. Mbourou que celui-ci « a été approché par monsieur le président de la commission provinciale électorale du Haut-Ogooué, monsieur Nguia François qui lui a dit qu’après les résultats du vote quelqu’un nous remettra une somme de 50 millions de francs CFA ». « Je n’ai pas vu la personne qui nous a remis l’argent », ajoute-t-il. Le procès-verbal de l’huissier évoque « une personne inconnue qui serait de la majorité ». Marius Mbourou se serait évanoui dans la nature et il est difficile de confirmer les accusations portées.
Ce qui semble clair, en revanche, c’est que les PV récupérés par l’opposition contredisent les chiffres de la Cénap, que ce soit au niveau de la participation ou du score des deux candidats.
Convoyage rocambolesque
Le récit du convoyage de ces PV originaux depuis Franceville (chef-lieu du Haut-Ogooué) jusqu’à la capitale (plus de 700 km) est en soi rocambolesque. « Il a fallu faire croire qu’on les acheminait par la route », assure Pascal Oyougou, qui coordonnait la campagne de Jean Ping dans la province. « Lors d’un arrêt, nous avons discrètement échangé des mallettes. Celle qui contenait les PV est finalement partie par avion et se trouve désormais en lieu sûr », affirme-t-il.
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