Constitution en Côte d’Ivoire: Le nouveau viol et le jeu trouble de certains partis d’opposition de la coalition

conseil const 03 nov

Contribution de Katelé Bemba, membre du Comité de ceux qui jugent inopportune une nouvelle constitution en Côte d’Ivoire.

Comme à son habitude M. Dramane Ouattara orchestre une nouvelle atteinte à loi fondamentale de la Côte d’Ivoire. Il s’apprête à créer une nouvelle constitution pour servir ses desseins. Il n’est pas à son coup d’essai. Déjà en 1993, il voulait ravir le pouvoir au dauphin constitutionnel. Il en a été empêché. Depuis cet échec, le pays n’a plus connu de paix. Une longue période de déstabilisation s’est installée dans le pays, émaillée de nombreux coups d’Etat. Coups d’Etat dont la paternité a été attribuée ou revendiquée par M. Dramane ouattara. Après plusieurs et vaines tentatives de prendre le pouvoir par la force, il y est enfin parvenu avec le concours des forces extérieures et au mépris de la décision du Conseil Constitutionnel du pays. Depuis lors, il s’est mis à élaborer des stratagèmes pour conserver ce pouvoir ad vitam æternam.

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Tandis que le peuple de Côte d’Ivoire est encore groggy, et que le pays traverse une période des plus sinistres de son histoire, que les plaies sont encore saignantes, (réconciliation inexistante, microbes qui terrorisent, misère galopante …), au lieu de chercher à combattre ces fléaux, M. Dramane ouattara n’a pas trouvé meilleure idée que de planter le décor d’un nouveau conflit.

Les sacrifiés pour la gloire de M. Dramane ouattara.

M. Dramane ouattara adepte de la violence, veut créer une nouvelle source de conflit. Conflit sans lequel il croit son existence sans saveur. Il ne faut jamais oublier les nombreuses victimes ivoiriennes, parfois anonymes, quels que soient leurs camps, leurs ethnies ou religions qui ont été sacrifiées pour le goût immodéré de Dramane Ouattara d’accéder au pouvoir; coûte que coûte, sans se soucier ni du droit, ni des vies humaines. Comme si la mort des Balla Kéita, Boga Doudou, I.B, Kass, Tagro …, de ceux, asphyxiés dans des wagons à Korogho ou morts dans des conditions atroces dans tous les autres coins de la Côte d’Ivoire, n’avait aucune signification.

La Côte d’Ivoire a ainsi perdu ses filles et fils pour assouvir les ambitions d’un seul homme. La justice dans le cadre de ces crimes est absente, alors qu’elle se complaît dans des procès en sorcellerie, où sans preuves, avec des témoins brifés, condamne en général à plus de vingt ans. (Dogbo Blé – Mme Gbagbo – Séka Séka…).

M. Alasane Dramane ouattara qui a pris le pouvoir d’Etat par les armes, certain de son impunité, malgré quelques discours hypocrites, méprise en réalité la réconciliation. Ainsi les travaux de la CDVR qu’il a créée pour réconcilier les ivoiriens, n’ont jamais été publiés parce que leur contenu, ne plaiderait pas en sa faveur. Il en est de même des conclusions de la CONARIV, par ailleurs condescendante et obéissante au régime. Nous sommes dans l’esbroufe. Alors que le peuple attend en vain les conclusions effectives de ces deux organismes financés par les fonds publics, M. Dramane, tel un prestidigitateur sort de son chapeau un projet, qui, au lieu de réconcilier, divisera davantage les ivoiriens.

L’idée d’une nouvelle constitution, si elle peut être envisagée, se heurte actuellement à un certain nombre d’écueils. D’abord il existe des urgences plus urgentes pour l’avènement de la paix et la cohésion sociale dans le pays, qu’un projet de nouvelle constitution. Ensuite des problèmes qui font intervenir la légitimité de M. Dramane ouattra depuis le 11 avril 2011, et son comportement à l’égard de la constitution de 2000.

I – Les urgences

Libérer les prisonniers politiques. Dégeler leurs comptes.

Les prisons regorgent de femmes et d’hommes politiques emprisonnés arbitrairement, souvent sans jugement. (Assoa Adou, Lida Kouassi, Dahi Nestor et autres). Dramane ouattara a eu le toupet de demander à certains exilés de rentrer au nom de la paix, pour ensuite les accuser d’atteinte à la sûreté de l’Etat (de son Etat), pour leur faire subir des humiliations et les jeter dans ses geôles mal famées. En Côte d’Ivoire on peut être accusé de tout. Le cas de Madame Mého, accusée de détenir des armes de destruction massive, illustre cette absurdité.

Il conviendrait de dégeler les comptes de ces prisonniers afin qu’ils puissent avoir accès à des défenseurs compétents et pour que leurs familles subviennent à leurs besoins vitaux. En un mot pour qu’elles vivent décemment.

Réconcilier les ivoiriens.

Le pays est profondément divisé, d’abord entre ceux appelés à tort ou à raison des pro-gbagbo et le pouvoir de Dramane ouattara. Des régions entières cataloguées pro-gbagbo l’ont malheureusement payé au prix fort. Les Wês à Duekoué en sont l’atroce illustration. Les récents soubresauts de Bouaké et les sorties accusatoires des cadres du rdr donnent l’étendue de la désunion à l’intérieur même du rdr. Les attaques les plus virulentes et sans doute les plus dangereuses viennent du camp que Dramane a cru, lui être naturellement acquis. Le ver est rentré ans le fruit et sa putréfaction n’est plus loin.

Cette lucidité bien que tardive ne les déshonore pas. Toutefois, il n’est pas vain de rappeler, à cette occasion, la fable de La Fontaine  » Les Grenouilles qui demandent un Roi. » Des grenouilles vivaient dans une démocratie. Elles s’en sont lassées. Elles ont donc demandé au Dieu JUPIN de leur donner un Roi. Ce dernier accéda à leur requête en leur envoyant un Roi doux et débonnaire. Nos batraciens n’en n’ont pas voulu pour longtemps car trop mou à leur goût. Une nouvelle quête a été adressée à Jupin pour un roi plus dynamique et tonique. Ce dernier, lassé, leur envoya cette fois, pour les diriger une grue, gobeuse de grenouilles.

Une fois installée sur le trône, elle s’est mise à croquer les grenouilles, les tuer, les gober à son plaisir. De nouveau, elles s’adressent à Jupin pour se plaindre. Ce denier leur objecta, qu’ayant récusé les premières offres, elles devaient se contenter de cette grue.

Avec Dramane, on n’était persuadé au nord d’un monde meilleur, des crimes ont été commis pour cet objectif, malheureusement nous voici désabusés.

Créer des emplois et lutter contre la vie chère.

Les promesses d’une vie meilleure avec « ADO solutions » se sont évanouies. Les millions d’emplois qui devaient inonder le marché sont devenus chimériques. Baisser les coûts du kilowatt ou du mètre cube d’eau serait salutaire pour les ivoiriens qu’une nouvelle constitution. Aux dernières nouvelles, on annonce la mise en place d’un fonds de solidarité de plusieurs millions de francs pour aider les seuls militants désoeuvrés du rdr. Sic ! Dramane ouattara ne vit et ne respire que le clanisme et la discrimination, qu’il a baptisée rattrapage ethnique. La richesse produite dans le pays est réelle, mais elle est confisquée et détournée.

II – Les autres écueils.

La légitimité !

Le problème de la légitimité de M. Dramane procède d’un secret de polichinelle. Tout le monde sait, à commencer par lui même, qu’il n’a gagné aucune élection en 2010. Il en découle qu’il ne peut initier de projet d’une réforme constitutionnelle, car il tire sa légitimité de l’étranger et non du suffrage du peuple ivoirien. C’est un fait établi et personne ne le conteste sérieusement aujourd’hui. D’ailleurs, Madame Fanny Pigeaud qui suit et analyse les arcanes de la politiques de la France en Afrique et notamment en Côte d’Ivoire le réaffirme dans son article du 11 août 2016 intitulé  » Le franc CFA : Impossible de changer ? dans Mediapart « , en qualifiant d’exorbitants, les pouvoirs que la France a octroyés à Dramane Ouattara afin qu’il exerce son leadership dans la région.

 » Tant que Ouattara sera au pouvoir, les chefs d’État de la région ne prendront pas de positions contraires aux siennes : ils ont une peur bleue de lui. (…) ils pensent qu’il est tout-puissant (…) voient en lui la voix de la France qui l’a installé à la présidence (…). Le fait que plusieurs de ces dirigeants ont été élus à l’issue de processus électoraux contestés ou douteux n’aide pas. (…) « . Même au delà de nos frontières on sait qu’il a été imposé.

M. Dramane ouattara a appelé à voter la constitution de 2000.

La constitution de 2000 adoptée avec une très large majorité de 86%, n’a pas été respectée par Dramane ouattara alors qu’il a lui-même contribué à son adoption. Il a été candidat à l’élection présidentielle de 2010 suite à une décision exceptionnelle prise par le Président Gbagbo comme la Constitution Ivoirienne de 2000 l’y autorisait. La défaite de M. Dramane ouattara a été confirmée par le Conseil Constitutionnel, seul souverain en la matière et dont la décision ne peut faire l’objet d’aucune contestation. Mais malgré cette défaite, il s’est autoproclamé président avec le concours et complicité des puissances étrangères. Il a ainsi usurpé le pouvoir dans son Q.G de l’hôtel du golf. Il a renversé avec les armes le président ivoirien Gbagbo, déclaré élu par le Conseil Constitutionnel et déjà investi.

Ces faits nous conduisent à affirmer, que l’hôte du Palais Présidentiel d’Abidjan est illégal. Et que la Côte d’Ivoire vit sous une occupation, parce que son armée régulière sous équipée a été contrainte d’abandonner ses positions au profit des rebelles.

S’il n’a pas respecté la décision du Conseil Constitutionnel, garant de la constitution de 2000, quelle garantie peut-il nous offrir aujourd’hui, pour le respect de celle qu’il veut proposer au pays ?

Refermer la parenthèse du régime.

Ceux qui encouragent cette nouvelle constitution comme le PDCI ou ceux qui par des artifices langagiers, appellent à voter non à ce référendum, c’est à dire d’y participer, au bout du compte font le jeu des intérêts de Dramane ouattara. Ceux qui veulent que ce référendum ait lieu et que le peuple le rejette dans les urnes sont complices du régime et s’adonnent à un jeu trouble. Quelle garantie avons-nous que M. Dramane ouattara donnera des résultats qui ne soient pas traficotés à l’issue de ce référendum ?

Le PDCI n’aurait pas de réserve sur la constitution de Dramane ouattara et l’approuverait à 100 %. Ce parti sous la houlette de M. Bédié s’est mué en portefaix du rdr. Il a depuis perdu toute dignité. Un béni oui oui de son supérieur rdr. Konan Bédié chef de ce parti qui prônait naguère l’ivoirité, justement contre ce Dramane ouattara, a fini, par signer un pacte de soumission à ce dernier. Bédié est devenu un serviteur zélé de Dramane ouattara, il brade ainsi les intérêts du PDCI et surtout ceux de la Côte d’Ivoire. Konan Bédié est comptable de la déconfiture du pays et il devrait éviter de mêler le parti d’Houphouët à cette infamie.

Heureusement que toutes ces modifications ou érections de nouvelle constitution ne sont pas figées dans le marbre. La troisième république française a duré de septembre 1870 jusqu’au mois de juillet 1940. Elle aurait pu continuer son existence si les pleins pouvoirs n’avaient pas été accordés à un certain Maréchal Philippe Pétain à cette date. Ainsi le régime de Pétain de juillet 1940 au mois d’octobre 1944 n’a aujourd’hui aucune existence légale dans l’histoire de la France. C’est pourquoi, les positions du (FPI) Front Populaire Ivoirien, toutes tendances confondues et celles de la Plateforme des Organisations de la Société civile pour l’Observation du Processus Electoral en Côte d’Ivoire (POECI) qui consistent au rejet total de cette lubie de M Dramane ouattara, doivent être la seule issue. Toute autre démarche, notamment appeler à aller au vote, pour voter contre le référendum dans les urnes, participe d’une duperie. Car la nouvelle constitution est/serait purement et simplement illégitime. Il faut la rejeter en combattant sa naissance.

Cette période honteuse de la république française a été obturée dans l’histoire de ce pays, les générations suivantes de dirigeants politiques ayant jugé qu’elle était frappée du sceau d’infamie nationale et qu’il fallait donc la distraire et l’enterrer dans les sépultures de l’histoire. Il en sera de même pour la Côte d’Ivoire. Dans la même veine, la période de gouvernance de Dramane ouattara, avec ses viols, ses vols et crimes odieux, qui ont endeuillé ce pays, naguère havre de paix, constituera une parenthèse malheureuse dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Les futurs dirigeants devront fermer cette parenthèse honteuse pour conjurer cette malédiction incarnée par l’arrivée de M. Dramane ouattara sur la scène politique ivoirienne.

M. Alassane Dramane ouattara n’a pas la légitimité qualifiée pour modifier la constitution de 2000 et surtout d’en créer une autre. Les urgences auxquelles il devrait s’attaquer sont diverses, nombreuses et variées. Les priorités ne manquent donc pas, notamment la résorption du chômage endémique qui ronge le pays. L’heure d’une nouvelle constitution n’est pas encore à l’ordre du jour.

Katelé Bemba.

Membre du Comité de ceux qui jugent inopportune une nouvelle constitution.

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