REPORTAGE par Liliane Bridji
« Le président Ouattara a dit de baisser les prix mais mon chauffeur ne m’a pas encore dit de baisser », peste le convoyeur d’un minicar communément appelé « gbaka » faisant la ligne Adjamé (Nord d’Abidjan)-Bingerville (Est) face au mécontentement des passagers qui souhaitent l’application des nouveaux tarifs.
Depuis le 1er août (lundi), cette baisse devrait entrer en vigueur sur ce trajet passant de 250 Fcfa à 200 Fcfa. Mais, les nombreux passagers qui font quotidiennement cette ligne continuent de payer l’ancien prix.
« Le président vous dit de diminuer, mais vous ne l’écoutez pas (…) alors que vous êtes pour la plupart ses militants », se plaint dans le véhicule, un passager, la cinquantaine, visiblement remonté.
Ce passager qui reçoit l’approbation des autres personnes dans le véhicule ajoute que malgré la baisse des prix du carburant, les transporteurs font « la sourde oreille » en refusant de diminuer les tarifs comme annoncé par le patronat des transporteurs.
Les syndicats de transporteurs pointés du doigt
Selon beaucoup de transporteurs à Abidjan, le non-respect des nouveaux tarifs est dû à certains syndicats qui continuent de prélever le même montant au niveau des taxes dans les différentes gares routières.
« C’est vrai que le gouvernement a appelé à baisser les prix, mais les syndicats continuent de nous prélever 3.000 Fcfa/jour dans les gares routières », raconte un chauffeur de taxi faisant le trajet Treichville (Sud d’Abidjan)-Plateau qui ajoute que malgré cette somme, tous les chauffeurs doivent obligatoirement débourser 100 Fcfa par chargement.
« Je n’ai aucun souci à enlever 50 Fcfa mais il faut que les syndicats aussi baissent le coût de leur prélèvement (quotidien) », insiste-t-il.
Selon lui, le coût élevé des taxes des syndicats est « un combat quotidien » pour les chauffeurs, dénonçant une « mafia » qui agit dans ce secteur du transport, impliquant de « hautes personnalités » ivoiriennes.
A la gare de taxi de la Riviera 2 dans la commune de Cocody (Abidjan Est) si certains chauffeurs appliquent les nouveaux tarifs d’autres gardent cependant les anciens prix.
« Riviera 2-Marcory n’est plus à 750 Fcfa? », demande un passager. « Non, aujourd’hui j’ai décidé de faire à 700 Fcfa », répond Ibrahim, le chauffeur du taxi qui précise que cette décision vient de lui, ne sachant pas si ses collègues en feront de même.
Pour lui, les responsables de syndicats doivent résoudre « ce désordre » dans le secteur du transport.
« Souvent ces personnes quittent Abobo (Abidjan-Nord) pour venir gérer les gares à la Riviera 2 (…) On ne les connait pas souvent mais ils disent venir au nom d’un tel responsable syndical », déplore Ibrahim au poste de péage du pont Henry Konan Bédié à Abidjan.
Un problème de monnaie pour certains…
Certains chauffeurs de taxis comme ceux ralliant le Plateau (centre des affaires d’Abidjan) aux autres communes, disent avoir respecté les premiers jours la baisse des tarifs mais se sont buttés à un problème de monnaie.
« On a essayé mais on a vu que ça ne va pas. Affaire de monnaie… », explique Abou, la quarantaine qui finalement maintient le tarif de 500 Fcfa sur la ligne Plateau-Koumassi au lieu de 450 Fcfa comme annoncé par le Haut conseil du transport en Côte d’Ivoire.
LIB
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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