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Trente jours après leur retour d’exil, Kadet Gahé Bertin, ancien ministre puis ex-conseiller défense et sécurité à la présidence sous Laurent Gbagbo, commandant Kacou Brou dit Maréchal KB officier supérieur des affaires maritimes et portuaires viennent d’être réintégrés à la fonction publique.
Il n’en fallait pas plus pour déchaîner les passions dans le camp Gbagbo en Côte d’Ivoire et ailleurs. Kadet Bertin et commandant KB adulés hier, sont aujourd’hui voués aux gémonies pour traitrise avérée. Pourquoi ne sont-ils pas restés en exil comme ceux qui y sont encore et peut-être y mourir pour que leurs corps soient accueillis en héros inertes ? se demandent certains. Le camp Gbagbo reste encore fissuré par le choc d’avril 2011 et pour certains, le jour s’est couché à cette époque sans qu’il ne se soit encore éveillé à ce jour. Difficile donc de sortir de leur émotion et d’analyser les choses froidement.
Bertin Kadet et KB sont cloués au pilori sans qu’on ne daigne tenir compte de leurs propos qu’ils ont tenus le jour où ils regagnaient leur pays. Pis, Kadet a eu maille à partir avec ses parents de Ouragahio pour être revenu d’exil. Un confrère le présente même comme un ami suspect du régime Ouattara. Oubliée cette belle époque, où, porté au ministère de la Défense en 2003, Bertin Kadet avait réussi à stabiliser les lignes de front après avoir conduit l’opération de recrutement des soldats. Oubliée également le temps de gloire de maréchal KB, faiseur de roi à la Fesci et en qui une bonne frange de la jeunesse estudiantine se reconnaissait. KB et Kadet n’ont jamais publiquement désavoué Gbagbo depuis leur retour d’exil. Pourtant, ils sont traités de pro-Affi ou d’anti-Gbagbo, pour ne s’être pas dressés contre Ouattara.
Ceux qui font les commentaires oublient que KB a gardé le profil bas certes, mais il était absent à la cérémonie d’accueil organisée par Affi N’guessan. Ceux qui commentent ne tiennent pas compte des paroles fortes tenues par Kadet Bertin ce jour-là au QG du Fpi pro-Affi. Il s’était réclamé du Fpi, tout court et avait appelé les deux factions du parti à la réconciliation. « En notre sein, il faut que le discernement gagne les cœurs. Nous sommes des amis, des camarades. Luttons ensemble pour qu’on n’aille plus en prison. Nous militons pour l’unité du parti. Ne faisons pas comme le rat palmiste et le calao qui, pour une graine de palme, ont fait péricliter le monde animal et chacun est allé de son côté », avait déclaré en substance Kadet Bertin qui dit être revenu d’exil pour que des Ivoiriens reviennent.
Au Fpi pourquoi ce qui est bien pour x ne serait pas bien pour y ? Il est de notoriété publique que des militants du Fpi et même de la tendance « Gbagbo ou rien » sont, sous Ouattara, de hauts cadres de l’administration ivoirienne. Certains effectuent même au quotidien des voyages à l’étranger et en reviennent, ils vivent chez eux à Abidjan ou à l’intérieur du pays sans que le ciel ne leur tombe sur la tête. Pourquoi ceci ne serait pas valable pour Kadet et pour KB ?
Ce parti gagnerait à sortir des petites querelles intestines pour se poser comme une alternative crédible en Côte d’Ivoire. A vouloir affaiblir ses propres cadres, à les vilipender à tous égards, à s’éterniser dans ce débat de pro-Gbagbo de souche pure et de pro-Gbagbo traitres ou impurs, il finira par se saborder et à perdre tout crédit aux yeux de l’opinion. Laurent Gbagbo, l’homme de l’unité et du compromis a-t-il vraiment besoin de cela dans sa posture actuelle ?
« Les cas KB et Kadet montrent que les codes en politique ont leurs secrets que le non-initié n’arrive pas toujours à décrypter », écrivait mon confrère Benoît Hili du Noveau Réveil. Il faut laisser vivre les gens.
SD
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