Côte d’Ivoire: Cérémonie de pardon à Ouattara deux semaines après les émeutes anti-CIE

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Bouaké – Hamed Bakayoko dégaine contre Soro «Ouattara est indéboulonnable »

Il y a de cela deux semaines, la capitale du centre du pays était sous les feux des projecteurs avec les émeutes de l’électricité. Bouaké avait été mise sens dessus dessous, des symboles de l’Etat vandalisés, des entreprises privées dont des locaux de la CIE et des banques saccagées puis pillées. La colère des populations contre les factures de consommation d’énergie électrique exagérément élevées a mis au goût du jour le désamour entre le pouvoir Rdr et sa base militante, laquelle avait grossi le rang des manifestants.

Ce vendredi 5 août 2016, pour sauver les meubles et montrer que Bouaké demeure pro-Ouattara, une cérémonie de pardon a été organisée dans la ville. Une idée du député Rdr Béma Fofana fortement soutenue par la galaxie au pouvoir dont Téné Birahima dit Photocopie, représentant Alassane Ouattara, Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur, Paul Koffi Koffi, ministre de l’Enseignement technique et fils de la région.

Des libations et prières œcuméniques ont meublé la cérémonie. Mais on retiendra surtout, l’acte de pardon « improvisé » par les organisateurs, genoux fléchis contre le sol pour implorer la mansuétude de l’infaillible gourou afin qu’il limite sa colère à défaut de la proscrire totalement, après cette offense. Le député Béma par ailleurs porte-parole des populations et des représentants de plusieurs associations se sont ainsi mis à genoux pour Ouattara.

Quel acte de soumission !

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Le grand bémol cependant, fut l’absence fort remarquée de Guillaume Soro, autrefois chef incontesté de Bouaké, du temps où il présidait aux destinées de la coalition rebelle des Forces nouvelles.

Profitant de ce vide, Hamed Bakayoko s’est verbalement mis à l’aise dans une diatribe d’une rare agressivité contre ceux qu’ils soupçonnent d’être derrière le mouvement du 22 juillet 2016. Entre autres morceaux choisis tels qu’ils nous ont été rapportés par des témoins de la cérémonie, Hambak a dit à qui veut l’entendre : «Ce n’est pas en cassant qu’on va se faire élire ou prendre le pouvoir». Ou encore: «Cette manifestation pue la manipulation politique. (…) Mais Ado est indéboulonnable et celui qui va s’amuser (à le déboulonner) va avoir affaire à nous. La violence ne fait pas avancer et casser n’est pas un travail».

Des propos qui, même s’ils sont voilés, se décryptent facilement et dévoilent en même temps la guerre au sommet à laquelle se livrent les potentiels héritiers du chef. On comprend à présent pourquoi Hamed Bakayoko d’habitude prompt à intervenir et à monter sur ses grands chevaux est resté discret ce 22 juillet préférant attendre le moment opportun pour dire ses vérités.

Dont acte !

S. Debailly à Abidjan

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