Par Connectionivoirienne.net
Rdr – Les jeunes réclament des emplois à leurs ministres et
Sidy Touré : « J’ai une mission républicaine, c’est inacceptable ! »
Comment Bictogo tire profit de la situation des jeunes
Des emplois et davantage d’emplois pour eux. C’est le message que des jeunes du Rdr ont adressé à Sidy Touré et à l’ensemble des ministres, directeurs généraux de société et d’administration de leur parti, mercredi à la Rue Lepic, à l’occasion d’un dialogue direct. Pour le moins que l’on puisse dire, les échanges étaient houleux et la langue de bois n’y avait pas sa place. Sidy Touré, ministre en charge de la jeunesse et de l’emploi dans le gouvernement Duncan a donné ses réponses. Dans sa position de ministre de la République, au service de l’intérêt général, on ne peut pas dire qu’il a répondu aux attentes de ses interlocuteurs. Mais il avait à ses côtés Adama Bictogo, membre de la direction du Rdr qui a donné des réponses politiques et a arraché des ovations à son auditoire. Il a dit les choses telles que les militants voulaient les entendre.
En gros, les interventions des jeunes ont tourné autour de la thématique de l’emploi dans un contexte de chômage accentué. Le premier intervenant s’est demandé combien sont les délégués régionaux du Rjr (Rassemblement des jeunes républicains, ndlr) pour ne pas qu’ils aient tous des emplois. Il n’y a pas de politique d’insertion des jeunes du Rjr, dénonce-t-il avant de menacer que si rien n’est fait, tous les jeunes vont virer au Pdci à la longue. Dans le même ordre d’idées, l’intervenant Diomandé Soualio a demandé à Sidy Touré combien de responsables départementaux de son parti il a embauché dans son cabinet de ministre. Si vous n’êtes pas capable (d’embaucher) rendez votre démission, s’est-il laissé aller avant de terminer sur un ton moins courtois : « Dès demain, prenez la liste des jeunes du Rjr pour les employer dans votre cabinet. En ce moment-là seulement, l’on saura que M. Sidy a travaillé pour les jeunes ». Plus audacieux encore, Youssouf Diabagaté, dirigeant d’un mouvement pro-Ouattara assène : « Quand vous lancez des offres d’emploi, ceux qui sont chargés du recrutement, ce n’est pas sûr qu’ils nous connaissent. Faites quelque chose ». Puis le sixième et dernier intervenant d’interroger si Sidy dispose d’un répertoire localisant les jeunes du Rdr afin de faciliter leur insertion.
Reprenant la parole pour répondre aux différentes questions, Sidy Touré a d’abord expliqué que, selon les textes en vigueur en Côte d’Ivoire, l’âge maximum pour être considéré comme jeune, est de 35 ans mais qu’il s’est battu au niveau du gouvernement pour que les différents programmes lancés puissent s’étendre à ceux qui ont 40 ans. Au-delà de 40 ans, dit-il, c’est un autre ministère qui prend le relais. En ce qui concerne l’emploi des seuls jeunes du Rdr Sidy a répondu à ses interlocuteurs en ces termes : « Notre difficulté est que nous avons une mission institutionnelle. C’est de nous occuper de tout le monde. C’est injuste et inacceptable de dire qu’il n’y a pas de militants Rdr embauchés. Mais nous travaillons pour nos mandants et je sais que l’attente est forte. Cependant, il ne faut pas faire le jeu de l’impatient. Chaque année, c’est 2 millions de demandes d’emplois qui sont enregistrées mais nos possibilités nous permettent de satisfaire 469 mille demandes. (…) Les choses ne sont plus ce qu’elles étaient hier. Aujourd’hui, on n’a plus besoin d’être le fils de quelqu’un pour bénéficier d’une opportunité. » Cette dernière partie de ses propos est accueillie par des chahuts dans la salle, en guise de désapprobation.
Venant à la rescousse de Sidy Touré, Bictogo a enflammé la salle en chargeant aussi bien les cadres de son parti que ses ex-collègues Rdr du gouvernement. « C’est au parti de s’occuper des jeunes. En interne, on doit pouvoir imposer un quota de recrutement à chaque responsable. (…) Il faut que les Dg et secrétaires nationaux permettent à certains jeunes d’avoir de l’emploi. (…) Moi j’ai embauché 70 jeunes ! Sidy est un ministre de la République, il ne peut pas venir dire qu’il prend seulement des jeunes du Rdr. C’est une violation des principes républicains », a lancé l’ancien ministre de l’Intégration africaine. Des propos accueillis par une salve d’applaudissements. Il a promis que jusqu’en septembre les choses vont changer tout en exhortant les responsables du parti à créer des ateliers régionaux pour que les militants parlent.
Cette rencontre du mercredi 3 août est la première d’une série entre la base et les cadres du parti. Des ministres et responsables de sociétés d’Etat Rdr vont défiler pour prendre langue avec leurs militants. Si celle d’hier n’a pas fait salle comble, elle a eu le mérite d’être une tribune de vérités crues. A écouter toutes les récriminations entendues de la part des militants du Rdr on pourrait se poser aussi cette question : A qui profite finalement le rattrapage (vocable bien connu en Côte d’Ivoire) ?
S. Debailly à Abidjan
Les commentaires sont fermés.