Par Manuella Yapi
Depuis le 31 mai, date de l’ouverture du procès pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » de l’ex-Première dame de Côte d’Ivoire Simone Gbagbo, près d’une trentaine de personnes ont témoigné à la barre dont la majorité en portant des accusations par « déduction », n’ayant pas vu l’accusée poser un acte répréhensible.
Si à l’entame du procès les trois premiers témoins du ministère public ont surpris plus d’un par leurs déclarations à décharge, la suite des auditions abonde pleinement dans le sens de l’accusation, avec en tête le témoignage accablant de l’ex-chef de milice Moïse Harold Metchro Metch.
Accusant Mme Gbagbo d’avoir entre autres financé sa milice et ordonné le meurtre du journaliste français Guy André Kieffer puis l’incinération de son corps pour qu’il n’y ait « pas de trace et pas d’odeur », M. Metch dont le témoignage a eu le mérite de visiblement fragiliser la défense, admet cependant n’avoir « jamais vu » l’accusée remettre de l’argent à son supérieur nommé « Bouazo ».
A deux exceptions près à sa suite, plus d’une vingtaine de victimes de la répression des marches sur la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) et d’Abobo (Nord d’Abidjan) ainsi que de l’attaque du marché Siaka Koné de la même commune, désignent l’ex-Première dame comme la « commanditaire » de ces actes, sans pour autant établir de lien direct entre les faits et elle.
« Je ne l’ai pas vu mais elle est responsable parce qu’elle était au pouvoir ». Cette phrase sonne comme le refrain d’un tube, tant elle est prononcée par les témoins. Ils estiment qu’il est « normal » que Simone Gbagbo « prenne les pots cassés » parce qu’elle « était la présidente de la Côte d’Ivoire » selon Mariam Camara, et dans une moindre mesure pour avoir été pendant dix ans députée d’Abobo.
A cela s’ajoutent les contradictions concernant les certificats médicaux et les versions divergentes de témoins d’un même fait, comme l’attaque de Siaka Koné par exemple. Certains définissent tantôt ce lieu comme une « rue (marchande) qui mène à la mosquée Siaka Koné », tantôt comme « un vrai marché avec des magasins à l’intérieur ».
Concernant le point relatif aux documents, le certificat médical de Siaka Sidibé, commerçant à Abobo, indique qu’il a été touché à « l’œil gauche » quand la victime soutient qu’il s’agit plutôt « l’œil droit », avec insistance: « je connais mes yeux, je sais où j’ai mal ».
Celui d’Ibrahima Diarra, un paraplégique, a été établi et délivré par un médecin en « odonto-stomatologie » à la « mairie d’Abobo », comme plusieurs autres d’ailleurs, alors qu’il porte le sceau du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Cocody (Est d’Abidjan).
Les avocats de la défense dénoncent la comparution de « témoins qui n’ont jamais été entendus pendant trois ans d’instruction » et qui « procèdent par analyse et déduction ».
MYA
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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