Côte d’Ivoire – Le Dramanistan en ébullition

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Une contribution de Briga Tibeu, membre de la diaspora

Nous vivons une période formidable. Soudainement poussée par une peur irrépressible de perdre son pouvoir, l’intelligentsia du Dramanistan est sortie de son abri doré pour étaler sur la place publique ses dissensions internes et dénoncer le pouvoir dans sa composition de personnes incompétentes et dans sa manière solitaire d’être exercé.

La survenue récente des révoltes liées au coût prohibitif du kilowatt d’électricité, a été le vecteur de son apparition. Cette intelligentsia a senti vaciller sous ses pieds, son édifice, elle se rend compte qu’il y a un hiatus entre les discours d’émergence, de taux de croissance à plusieurs chiffres dont on abreuve le peuple et le dénuement total dans lequel vit ce même peuple.

Voyant que l’édifice vacille et se fissure de partout et qu’il va s’écrouler, les militants du rdr, en tout cas les plus écoutés préconisent de circonscrire l’incendie, qui, si on n’y prend garde risque d’anéantir leurs privilèges, voire de les emporter dans les oubliettes de l’histoire. L’ennui ou ironie du sort, ces révoltes sont initiées dans les bastions supposés acquis à la cause du Dramanistan (Yamoussoukro ; Korhogo ; Bouaké ; Daloa…). Du coup la main armée du régime si prompte à tuer, à embastiller sous des prétextes fallacieux se trouve anesthésiée, car il s’agit de ceux qui constituaient les bataillons de rebelles qui détruisaient tout sur leur passage pour qu’Alassane Dramane Ouattara (ADO) accède au pouvoir. Son pouvoir n’étant bâti que sur la violence, il a peur de sévir avec la brutalité coutumière qu’on lui connaît contre ceux qui ont fait de lui un roi. Il sait qu’il ne jouit d’aucune assise populaire dans le pays, d’où sa retenue. Il règne plus par la terreur que par l’adhésion des ivoiriens à ses idées.

De la déchéance d’Anougblé III aux roitelets de pacotille…

Certes, quelques chefs déclarés traditionnels en quête de pitance en cette période de disette, crevant la dalle, lui ont fait allégeance par mendicité pour quelques prébendes. Personne n’est dupe à commencer par Alassane Dramane Ouattara lui-même. Il sait qu’ils l’ont fait par nécessité. Les peuples ont de la mémoire et savent identifier de qui vient leur malheur.

Comment peut-il en être autrement quand Clément Bley Douley rappelle dans son article de mars 2016 (Baoulés ! un peuple maudit !), les humiliations que le Roi des Baoulés Nanan Anougblé III et son royaume ont subies. Le Roi a échappé de justesse à son assassinat et a pris le chemin de l’exil, d’ailleurs cet affront non digéré a contribué à sa mort. Il ajoute à juste titre  » Sans fioriture aucune, le mal absolu des Baoulés s’identifie à Alassane Dramane Ouattara et sa rébellion.  » La rancune est profonde et tenace, même si quelques roitelets de pacotille et de circonstance, contre espèces sonnantes et trébuchantes, sans trop y croire, font illusion de leur soutien au bourreau de la Côte d’Ivoire.

Les Akans dont les Baoulés constituent une forte composante ruminent cet affront, et déplorent que Konan Bédié, leur propre fils, soit complice et prospère sur leur misère. Ce même Bédié qui, dans son livre « les Chemins de ma vie » méprisait celui dont il a accepté d’être aujourd’hui le valet. Les Wês, les Krous, les Attiés les Ebriés, Abbeys, les Gouros et j’en n’oublie n’ont pas été épargnés par les balafres que M. Dramane Ouattara a infligées au pays ; d’où son déficit de reconnaissance.


Le déficit de reconnaissance dont souffre M. Dramane Ouattar
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Depuis que M. Sarkozy l’a imposé en 2011 au peuple de Côte d’Ivoire, au prix de nombreuses vies d’innocents sacrifiées à cet effet, les malheurs du pays, commencés en 1999, ont atteint leur paroxysme.

Candidat sous le sigle d’ADO et imposé comme tel, le voici une fois installé au pouvoir, qui trouve la signification du D, d’ADO de son patronyme, avilissant et honteux. Il a fait appel à un certain Lakpé Raphaël qui aux ordres, en juin 2012, a intimé aux médias ivoiriens, que l’usage du nom Dramane devenait répréhensible. En se reniant de la sorte, de ne plus s’appeler Dramane, alors qu’à croire M. Lakpé, c’est un nom qui lui a été donné à la naissance, on comprend mieux, avec cette facilité qu’il a, de se détacher même des choses qui lui sont sacrées et intimes, le peu d’intérêt et de respect que Dramane Ouattara, accorde à la vérité.

Malgré le tapage médiatique orchestré par les puissants moyens de communication mis à son service par la communauté de ses maîtres, M. Dramane Ouattara n’est jamais entré dans le cœur des ivoiriens. Le sera-t-il un jour ? J’en doute. Il le sait et les chancelleries occidentales sur place ne l’ignorent pas non plus et donc les pays qui les ont accrédités en sont tenus informés.

L’amour du Président Koudou Gbagbo du fond de sa cellule de déportation, rayonne dans le cœur du peuple de Côte d’Ivoire et dans celui de beaucoup d’Africains. Même le groupe ethnique auquel Alassane Dramane Ouattara prétend se rattacher en filiation, et qu’il a pris en otage, veut que le Président Gbagbo revienne. Cf. « Gbagbo KA fissa ». Les succès rencontrés par les boycotts lancés par son parti, tendance Abou Dramane Sangaré pour contrecarrer le simulacre d’élections, soi-disant présidentielles (15 % de participation) sont les preuves de cet amour.

Le mal n’est pas consubstantiel au nom, mais aux actes. Le fardeau ce n’est donc pas le nom Dramane contrairement à ce qu’il croit. Le fardeau c’est le sang qu’il a versé depuis qu’il est arrivé sur la scène politique ivoirienne. Et c’est ce sang qu’il a répandu en Eburnie qui lui rappelle sans cesse sa forfaiture, comme l’œil d’Abel à Caïn. Ci-dessous un extrait de la « Conscience » de Victor Hugo. « …

Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.

Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre.

Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain.

L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.

S’il s’était appelé autrement, avec les mêmes parcours et comportement qui le caractérisent, le peuple s’en serait également méfié et lui aurait refusé sa reconnaissance. Qu’il se rassure, le nom Dramane que portent allègrement d’autres, n’est pas le problème. Son rejet résulte plus de ses actes qu’autre chose.

L’engouement des populations à signer la pétition lancée par Messieurs B. Dadié et J. Koffigoh, pour exiger la libération de cet Homme-Président, déporté abusivement et détenu arbitrairement à la Haye, démontre de cette reconnaissance. M. Alassane Dramane Ouattara est jaloux, car il est conscient du désamour que le peuple lui porte, et il en est frustré énormément. Il a beau s’agiter dans tous les sens, il ne pourra hélas jamais, bénéficier d’une telle reconnaissance.

La sortie des cadres et d’intellectuels du RDR

Et pourtant dans tous les coins les plus reculés du monde, bruissent les échos de l’émergence de la Côte d’Ivoire. Et son taux de croissance à plusieurs chiffres submerge la planète. Mais quand on vit sur place, on s’aperçoit de la supercherie. La famine y tue plus que tout. L’émergence ne se voit pas dans les assiettes. Elles sont vides. Les citoyens ne peuvent pas se soigner, éduquer leurs enfants. La vie en Côte d’Ivoire est aussi chère qu’au Japon ou à Monaco. On s’interroge alors à quoi sert cette putative croissance. Les hôpitaux sont sous équipés. D’ailleurs Monsieur Dramane court au moindre rhume, dans les hôpitaux parisiens. Les gens meurent par manque de soins. Les hôpitaux et les universités font de la peine à voir et pendant ce temps on nous bassine d’émergence et de taux de croissance.

Au final, la voix des griots attitrés du régime, qui obstrue la raison et abêtit l’individu, que sont africa24-rfi-bfmtv-Jeune Afrique etc…a fini par résonner dans le vide. C’est pour combler ce vide que sont sortis ceux que « la Dramanistanosphère » compte de cadres et de sachants comme, M. Bamba A. Souleymane – R. Banchi – Sékou Diarra et P. Soumarey, avec un soutien à peine voilé à Soro, ils accusent et dénoncent la gestion solitaire et égoïste du pouvoir, et ceux qui, incompétents, gravitent tout autour pour se remplir les poches sans partager avec ceux qui les ont portés au stade où ils sont, par la violence des armes.

Ainsi, M. Bamba A. Souleymane nous apprend que M. Dramane Ouattara est entouré de personnes incompétentes, arrogantes et carriéristes « dont à la vérité, pour beaucoup le choix n’est pas justifiable « . M. R. Banchi accuse violemment le régime  » Vous mangez seuls et étranglez les autres « . Quant au philosophe Sékou O. Diarra dans sa diatribe intitulée  » Quand le RDR réussit la prouesse de dresser ses propres militants contre Ouattara  » il met à nu les pratiques tribalistes et autocratiques du régime « … on fait venir des parents, enfants, neveux, cousins, oncles, frères, grands-parents, courtisans de l’Europe, de l’Amérique, de l’Asie à qui sont indûment confiés, quasiment tous les postes à responsabilité (…) pour les postes subalternes, il faut appartenir à certaines lignées ou à certaines familles…Pour les concours, des listes circulent avec des noms rigoureusement triés  »

Monsieur Dramane Ouattara ne favorise que son clan et ses affidés. Enfin Monsieur P. Soumarey reconnaît que les mouvements de mécontentements actuels sont dus « aux frustrations, clanisme, chômage, réconciliation inachevée, corruption, cherté de la vie, mauvaise gestion du foncier rural, etc. …  »

En découvrant maintenant ce qui a toujours existé, et que la plèbe avait déjà découvert depuis longtemps, pour le vivre au quotidien, même si on peut croire que ces contributions contiennent quelques relents égoïstes de ceux qui sont dépités d’avoir été écartés de la table du festin, elles ont le mérite d’exister et de nous changer au moins des déclarations paranoïaques, proférées avec cynisme, par sieur Amadou Soumahoro du genre  » Si on perd le pouvoir nous nous retrouverons en exil avec nos familles  »

L’abandon des factures litigieuses, croissance oblige

Enfin une note optimiste !

La croissance économique exponentielle de la Côte d’Ivoire devrait permettre de mettre un terme à la révolte des factures d’électricité, pour cela il suffit d’annuler les factures litigieuses, de baisser le coût du kilowatt, coût compensé par la croissance et non l’étalement de leur paiement sur toute une année. De qui se moque-t-on ? Le peuple est en droit d’attendre quelques retombées de la fameuse croissance à moins qu’elle ne s’assimile au Dahu dont on parle, sans que l’on sache exactement où il se trouve.

T. Briga

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