Par Afriquesur7
La grogne sociale a pris de l’ampleur en Eburnie du fait de la hausse des factures d’eau et d’électricité. À Yamoussoukro, Daloa, Korhogo ou Bouaké, des agences de la SODECI-CIE ont été caillassées, brûlées et pillées par des manifestants en colère. Les autorités ivoiriennes ont donc déployé un important contingent de policiers, gendarmes et militaires à travers Abidjan et autres agglomérations du pays pour étouffer les mouvements d’humeur, donnant l’impression d’être dans un régime militaire.
La grogne sociale face à la répression policière
La grogne sociale, longtemps étouffée, a fini par exploser au grand jour. L’élément déclencheur de ce ras-le-bol collectif est la hausse de la facturation de la Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE) passée du simple au double. Mais en lieu et place d’un discours d’apaisement, les autorités ivoiriennes ont décidé de faire montre de leur autorité. Ainsi, remarque-t-on en ce moment une forte présence des forces de défense et de sécurité à travers Abidjan. Armes au poing, casques blindés, visages graves dans leurs véhicules de transport de troupes, tel était le tableau lundi. Aux abords des agences de la CIE et de la SODECI, sur les grandes artères, à des carrefours stratégiques… Toute la capitale ivoirienne était quasiment quadrillée par ces forces de l’ordre.
À Bouaké où la grogne sociale a particulièrement pris la forme d’une émeute généralisée, le tableau n’est nullement différent. Du quartier Commerce à Koko en passant par Ahougnassou, la présence policière est des plus dissuasives. Des personnes arrêtées lors de la manifestation du jeudi dernier croupissent encore dans un camp militaire de la ville. Leurs proches tentent vainement d’obtenir leur libération. Les blessés par balles continuent de suivre des soins pour éviter d’engager leur pronostic vital. Les familles endeuillées lors de ces évènements continuent de pleurer leur mort.
La situation en Eburnie se dégrade de plus en plus. Les responsables de la CIE ont tenté de trouver des parades pour faire avaler la pullule, mais rien n’y fit. Ainsi, au lieu de faire baisser le soufflet par un retour à la facturation antérieure, l’État a plutôt fait sortir sa force de répression.
La présence policière sur les franchises universitaires du campus
Bien avant les mouvements sociaux liés à la hausse de la facturation, le régime Ouattara avait décidé d’installer des policiers au campus. À défaut de construire un commissariat de police au sein de l’université comme initialement prévu pendant la réhabilitation des lieux, c’est une présence massive, remarquée et encombrante des policiers dans ce temple du savoir qui saute aux yeux. C’est une lapalissade de dire que la cohabitation étudiants-policiers est loin d’être pacifique. Les récents affrontements à l’université FHB sont une preuve de la volonté des uns et des autres d’en découdre. Le président Alassane Ouattara a décidé de maintenir ces forces contre vents et marées au campus. Pire, un important renfort d’éléments est venu épauler les milliers de policiers déjà en place sur le campus.
La liberté d’expression, de réunion et d’association qui caractérise un État de droit est à l’heure actuelle en déliquescence. Le dialogue républicain qui a, pendant longtemps, prévalu en Côte d’Ivoire, est en train de tomber en lambeaux. À l’expression d’un mécontentement, la répression est des plus rudes. Et pourtant, aussi farouche soit-elle, toute crise finit par se résoudre dans le dialogue et la concertation.
Pourquoi donc placer la charrue avant les boeufs et donner l’impression que la Côte d’Ivoire est de retour dans un État-gendarme ?
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