Par Connectionivoirienne.net
A l’Université Houphouët-Boigny de Cocody, la grève des étudiants combinée à celle des enseignants fait rage. Le front social est également en ébullition avec la crise de l’électricité qui revient, plus que préoccupante. Dans les salons comme dans les lieux publics des quartiers, on grogne, on dénonce. Les plus courageux de ces grognons ont décidé de prendre la rue pour manifester. Des manifs assimilables à de simples mouvements d’humeur au regard de la mobilisation mi-figue mi-raisin. Toutefois, la Compagnie ivoirienne de l’électricité (CIE) a fait les frais de ces mouvements visiblement désorganisés, non coordonnés mais surtout spontanés dans les villes de Yamoussoukro, Daloa, Bassam, Tiassalé, Korhogo.
Pendant ce temps, les partis politiques, ceux de l’opposition en particulier se contentent de déclarations de principe. Ils dénoncent et condamnent. Aucune action de leur part n’est projetée. Tous, en leur for intérieur, souhaitent pourtant que le pouvoir auquel ils sont opposés chute. Mais pour l’instant, aucun ne veut prendre le risque d’inviter ses militants dans les rues et s’associer ainsi à la grogne de tous ces mécontents qui n’accordent plus aucune crédibilité au pouvoir qui les a assez flattés.
Au nombre des déclarations enregistrées, il faut relever celles des deux tendances du Fpi et celle du Front national démocratique et réformiste (Fndr).
Sous la plume de sa secrétaire générale Agnès Monnet, le 20 juillet 2016, le Fpi pro-Affi après avoir accusé le gouvernement Ouattara d’être à la base de tous les remous sociaux, a fermement condamné les violences et la répression des étudiants sur le campus de Cocody. De même, ce parti dénonce la mesure de suspension des syndicats. Comme message de consolation, il a exprimé sa solidarité aux organisations syndicales et de consommateurs. Le Fpi d’Affi a également exprimé son engagement à « lutter à leurs côtés contre ces flagrantes injustices et graves violations des droits de l’homme». Sans plus.
Pour sa part, le Fpi pro-Sangaré, dans son style langagier direct qu’on lui connait a accablé le jeudi 21 juillet dans une déclaration, le pouvoir « installé par les armes de la France, de l’Onu et de la rébellion ». Il dit ne pas être surpris car l’on retrouve le même Ouattara sous lequel, à partir de 1990, « le monde du travail en général, et le milieu scolaire et universitaire en particulier, ont connu les moments les plus sombres de leur histoire ». Prenant position, cette tendance du parti de Gbagbo « apporte son soutien total aux revendications et à la lutte des étudiants pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail ». Il « interpelle les associations de parents d’élèves, la communauté internationale, ainsi que les organisations de défense des Droits humains, pour leur mutisme complice devant la destruction du système éducation-formation en Côte d’Ivoire ». Aucune action n’est envisagée à court terme.
Enfin, le 19 juillet 2016, le Fndr par une déclaration de son président fondateur Didier Brou a fait entendre sa voix. Ce parti qui inscrit son action dans le nationalisme démocratique, a, de son côté dénoncé ce qu’il qualifie de politique du « médecin après la mort », s’agissant de la réaction tardive et sans effet du gouvernement face aux problèmes récurrents des étudiants. Comme le Fpi pro-Sangaré, le Fndr exige aussi le retrait des forces de l’ordre sur l’espace universitaire. Ce qui pourrait contribuer, selon lui, à « pacifier l’Université et instaurer un climat sain et propice aux études. Pas d’action de mobilisation en vue, rien de tout cela. »
Pour l’heure, les mouvements de la société civile et les partis politiques naviguent à vue, sans véritable chef d’orchestre face aux problèmes sociaux du moment. Partis politiques et mouvements de la société civile constituent en Côte d’Ivoire un cocktail d’intérêts divergents. Sous cet angle, Ouattara peut dormir tranquillement.
SD à Abidjan
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