L’Université de Cocody est depuis quelques semaines sous les feux de l’actualité. Plus rien ne va au temple du savoir. La doyenne des universités ivoiriennes est sujette à des mouvements de contestations et même à des scènes de guérilla urbaine. Et la mort accidentelle d’un étudiant récemment percuté par un véhicule de police, n’a pas arrangé les choses. Car prenant prétexte de cet accident, les mouvements syndicaux, pourtant interdits d’activité sur le campus, conformément à la décision du Conseil de l’Université, ont demandé le départ des agents de police du campus. Ce à quoi s’oppose la Coordination nationale des enseignants chercheurs de Côte d ‘Ivoire (Cnec). Dans cet entretien, Pr Johnson Zamina Kouassi, porte-parole de la Coordination, donne les raisons de la position des maîtres. C’est un véritable cri de détresse qu’il lance à l’endroit des autorités universitaires et du gouvernement, afin qu’ils mettent tout en œuvre pour sortir l’université des griffes de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci).
Le patriote : Monsieur le secrétaire général, selon les informations en notre possession, vous avez été victime d’agression de la part de certains étudiants de la Fesci. Qu’en est-il exactement ?
Pr Johnson Kouassi Zamina : L’agression – qui, précisons-le, était le fait de la Fédération estudiantine de Côte d’Ivoire – n’était pas nécessairement dirigée contre notre personne. Des étudiants de la Fesci étaient à la poursuite d’un autre étudiant. Ce dernier dans sa fuite pour échapper à ses poursuivants, a trouvé refuge à l’amphithéâtre B, où moi-même et 5 à 6 autres enseignants se trouvaient. Nous sommes donc intervenus pour nous interposer, afin qu’ils laissent l’étudiant. Ce n’est donc pas moi qui étais visé en tant que tel. Ils ne savaient même pas si j’étais présent sur le campus. Mais au cours des échauffourées, les agresseurs ont bien sûr su que nous étions des enseignants, mais cela ne les a pas du tout freinés. Or, logiquement, en pareille circonstance, ils se seraient retirés, parce que leurs maîtres se sont interposés entre eux et un des leurs. La bonne éducation aurait dû leur permettre d’expliquer tranquillement à ceux qui leur donnent le savoir, ce qui s’était passé et une solution aurait été trouvée.
LP : Que s’est-il donc passé ?
Pr JZK : Quand nous leur avons demandé ce qui se passe, ils nous ont répondu qu’ils n’avaient d’explications à donner à personne, encore moins de leçons à recevoir de qui que ce soit. Voilà pourquoi je parle d’agression. Parce s’adresser avec cette violence à des professeurs dans une institution académique, où des étudiants restent des étudiants et les enseignants leurs maitres, cela relevait d’une agression. Mais mieux, j’ai reçu un coup de poing dans le dos au moment où l’un des agresseurs a tenté d’arracher de nos mains l’infortuné étudiant. Mais finalement, nous avons pu éviter à notre protégé du jour un lynchage en règle. Et les assaillants sont donc retournés à leur quartier général. J’ai dû appeler le commissaire du 8è arrondissement qui est venu constater et interroger le pauvre jeune homme. Ce dernier a expliqué les avoir vus en train de mettre dans leurs pantalons des machettes. Et comme, il les regardait, il est devenu une menace pour eux et ils ont donc voulu le tabasser. C’est comme ça qu’il a couru vers la sortie de l’école de police. Sa chance a été qu’ils l’ont rattrapé au niveau de l’amphi B du district où nous étions en train de surveiller des compositions. Vraiment, Dieu était avec ce jeune homme. Ce qui lui a permis d’avoir la vie sauve.
LP : Qu’est-ce qui vous fait dire que les agresseurs étaient des « fescistes » ?
Pr JZK : Parce qu’ils ont reconnu qu’ils sont de la Fesci. Et je les connais parce que je les ai indexés et la police est allée les interroger. De plus, je sais de quoi je parle, car je suis témoin de plusieurs faits sur le campus.
LP : Vous avez déploré l’inaction de la police, alors qu’elle était présente au moment de l’incident.
Pr JZK : La police a un comportement sur le campus que nous ne comprenons pas. Du moins, avant d’avoir cherché à comprendre le pourquoi de cet attentisme. Car des explications nous ont été données. Quand nous avons approché les autorités policières présentes sur le campus, elles nous ont dit que, certes, la police a pour mission de sauver des vies et qu’elle ne peut pas voir des individus malmenés, être battus à sang, agonisés et ne pas réagir. Mais ils expliquent leur immobilisme par le fait que lorsqu’ils interpellent des éléments de la Fesci, ce sont les mêmes autorités ivoiriennes qui appellent le même soir pour non seulement les menacer, mais aussi et surtout demander la libération des interpellés. Au point que ces individus reviennent les inviter à boire un casier de bière. Une façon donc de les narguer. Voilà pourquoi la police recule, parce qu’elle se dit que c’est vain d’attraper quelqu’un qui le lendemain vient te narguer. Du coup, ils se disent en danger. Car les « fescistes » peuvent venir les tuer le lendemain et « il n’y aura rien ! », pour parler comme à Adjamé. Il faut que cela s’arrête. Nous avons déjà appelé la présidente de l’Université pour lui faire l’état des lieux et lui demander de prendre ses responsabilités maintenant. Je demande aussi à l’autorité de tutelle de regarder de près cette situation, car dans une telle situation, c’est la police qui est en danger. Je tiens à signaliser que la Cnec, au terme de sa dernière Assemblée générale, a exigé le maintien de la police sur le campus et surtout qu’on lui donne un nouveau mandat. Nous avons demandé que ce soit les policiers qui occupent les soi-disant QG des mouvements d’étudiants. Parce que, nulle part au monde, on a vu de QG d’étudiants sur un campus, si ce n’est en Côte d’Ivoire. De deux, les entrées et les sorties de l’université doivent être fouillées par les policiers. Et les policiers ne doivent pas être dans un cargo, mais dans les lieux clés du campus, y compris les cités où habitent les étudiants. Ainsi, ceux qui veulent faire cours, feront cours. Ceux qui vont, ne serait-ce que pour siffler, seront arrêtés et conduits à la Maca. Ce que les enseignants ont décidé. Nous sommes au campus pour 20, 30 40 ans. C’est nous les maitres du campus. Des malfaiteurs, des voyous, ne peuvent pas venir salir notre maison, notre village et partir. Car, eux ils sont de passage, nous, c’est notre village. C’est pourquoi, nous demandons au ministre de se rendre sur le campus, voir comment sa police est en danger et lui donner un nouveau mandat. Et les décisions de notre AG ont été approuvées à 120% par le Conseil de l’université, qui s’est réuni le vendredi 1er juillet dernier. Le Conseil a même demandé un renfort avec d’autres éléments pour assurer la sécurité. Tout le campus veut donc que la police reste jusqu’à nouvel ordre. Qu’est-ce qu’on attend donc pour extirper ces malfrats de l’espace universitaire ? Depuis 1990, ça ne va pas et ce sont les mêmes méthodes. Pourquoi on ne trouve pas de mécanismes pour mettre fin à cela ? Pour moi, c’est fait exprès. Des gens gagnent derrière la Fesci.
LP : Vous décrivez une situation extrêmement grave ?
Pr JZK : Mais, c’est déplorable ce qui se passe. Nous sommes arrivés à une situation de guérilla. Un individu qui dit non à la Fesci est terrorisé, tué, massacré au vu et au su de toutes les autorités universitaires. Nous ne pouvons plus tolérer cela. Demain, ça sera nous les enseignants qui seront visés. Aujourd’hui, je vous accorde une interview où je dénonce de façon toute crue ce qui se passe. Ça va me coûter ce que ça va me coûter. Mais, je vais toujours dénoncer. Nous ne voulons plus de cette guéguerre Fesci-Ageeci. C’est pourquoi, nous demandons que les autorités politiques et universitaires se réveillent.
LP : Vous avez parlé de vos décisions qui ont été entérinées par le Conseil de l’univeristé. Quelles sont les autres décisions arrêtées par ce Conseil ?
Pr JZK : Le conseil a décidé que la police reste. Il y a eu un accident. Les enquêtes pour situer les responsabilités sont en cours. Mais nous estimons que la police est mieux que les étudiants de la Fesci. Nous ne sommes pas contre les mouvements estudiantins. Dans tous les pays, les mouvements estudiantins existent. Mais nous voulons les mouvements qui tiennent compte de l’existence des autres. Au niveau des professeurs par exemple, en plus de notre syndicat, le SYNARES existe, l’UNECI existe. Ils ont leurs façons de faire, nous avons les nôtres. Nous les critiquons, ils nous critiquent aussi. Cela est normal parce que l’Université c’est la pluralité des idées. Mais ce n’est pas le cas au niveau des étudiants. La Fesci terrorise tout le monde impunément. Il faut que cela s’arrête. En 2012, lorsque des voix se sont élevées pour réclamer la dissolution de la Fesci, c’est le ministre de tutelle de l’époque qui a dit non. Et nous l’avons soutenu parce que le droit d’association existe dans la Constitution. Il faut donc que les mouvements estudiantins existent. Le droit à la différence doit exister. Mais nous sommes sur un campus qui a des règles, des normes qui doivent être respectés. Et donc chacun doit respecter les normes. Celui qui ne les respecte pas, qu’on le mette dehors. Celui qui vient courir sur un campus comme dans une caserne militaire ou siffler, qu’on le mette dehors. Le conseil a également décidé que les cités universitaires soient vidées une bonne fois. Ceux qui sont officiellement logés vont revenir puisqu’ils ont des documents dûment remplis par l’administration. Parce que le bâtiment H1 et H4 sont actuellement pris en otage, au vu et au su de tout le monde. Il faut aussi des QG de policiers dans les cités parce que la nuit les Fescistes viennent déloger ceux qui sont contre eux. Par exemple, les membres du comité des résidents, qui ont annoncé qu’ils vont négocier avec l’Etat pour les jeux de la Francophonie, ont été chassés. Et en lieu et place, ce sont les fescistes qui sont dans leur chambre, au vu et au su de tout le monde. Il y a donc un problème. Si on continue ainsi, nous qui dénonçons les tares, nous serons également malmenés. On va peut-être nous mettre des pistolets sur la tempe pour nous dicter les devoirs à donner aux étudiants et fixer également les barèmes de correction et le nombre d’admis. Le conseil a aussi décidé de la fin des commerces sur le campus et la fermeture des salles de classes à partir de 21 heures. Partout dans le monde, les salles de classes sont fermées sauf en Côte d’Ivoire. Tous les tables bancs se retrouvent dehors. Pourtant en 2012, l’Etat avait équipé toutes les salles de classe. Aujourd’hui tout est vide. Il faut qu’on assainisse l’université et ceux qui sont là présentement, s’ils ne veulent pas prendre leur responsabilité (ce ne sont pas les intelligences qui manquent), nous allons les mettre dehors pour gouverner l’université nous-mêmes, parce que nous avons parlé, rien ne bouge. Etant donné que le conseil est allé totalement dans le sens de la CNEC, nous sommes à l’aise pour contribuer au changement. Nous ne demandons pas à être nommés. Ce n’est pas à la CNEC de nommer des gens non plus.
LP : Qu’est-ce que vous préconisez alors ?
Pr JZK : Nous, à la CNEC, nous avons toujours demandé une élection. Les autorités disent non. Mais depuis la reprise, aucune nouvelle nomination. Ceux qui gouvernaient sous Gbagbo sont encore en train de gouverner. Il n’y a que la tête qu’on a changée. Vous trouvez cela normal ? Donc pas de nouvelles idées. Tout est caduc. Ils sont tous peureux. Il suffit que la Fesci lève un doigt, ils sont à terre. S’ils ont peur de la Fesci, qu’ils dégagent. Il y a des courageux sur le campus qui peuvent dire non à la Fesci.
LP : Donc pour vous, les actuels dirigeants de l’Université et les doyens des facultés ont failli ?
Pr JZM : Ils ont tous failli. Ça ne va pas. Voilà pourquoi nous sommes intransigeants avec eux. Les Qg que les mouvements estudiantins se créent sur un territoire bien donné. Les doyens qui sont là, la plupart ont étudié et voyagent très souvent. Lorsqu’ils vont dans les universités extérieures comme à Nantes, Oxford, Harvard, ont-ils vu des QG d’étudiants sur les universités ? Pourquoi cela se crée sur leur territoire ? C’est eux qui devraient d’abord s’élever contre cela et interpeller la présidente de l’université. On doit démanteler tous ces QG.
LP : En novembre 2015 déjà, le conseil de l’Université avait pris une décision pour démanteler les QG de syndicat des mouvements estudiantins et leur suspension d’activité sur le campus. Pourquoi cela n’a pas été respecté ?
Pr JZK : Merci pour cette question. Lors du 2ème conseil de l’Université, lorsque j’ai pris la parole, je n’ai pas du tout été tendre avec les responsables. Une institution, ce sont les règles. Le grand défaut que nous avons en Côte d’Ivoire, c’est qu’on prend facilement les lois et les applications sont compliquées. Pourtant, la discipline devrait venir des autorités. Moi, au département d’Anglais, je règne en maître avec la collaboration de mes collègues. Une faute est immédiatement sanctionnée. Lorsque nous établissons une règle, elle est scrupuleusement suivie. De sorte que ni la Fesci, ni l’Ageeci n’ont droit de cité au département d’Anglais. Parce que nous avons sonné le glas de tous ceux-là. Est-ce que j’ai des cornes ? Non. C’est parce que je ne m’amuse pas avec les principes. C’est pour vous dire que les doyens, les patrons, les présidents d’université n’ont pas appliqué la décision prise. Les mêmes causes qui ont entraîné cette décision existent encore. C’est pourquoi certains se sont demandé pourquoi prendre de nouvelles décisions quand les premières n’ont pas été appliquées. C’est pour cela que moi, je n’ai pas été tendre avec eux. Il faut nommer des gens capables de diriger, de mettre dehors ceux qui viennent avec de mauvaises idées.
LP : Ce qui se passe actuellement ne donne-t-il pas raison à ceux qui pensent qu’il faut la police universitaire sur le campus ? D’autant plus que c’est une police de proximité qui peut facilement cibler les auteurs des violences.
Pr JZK : La police universitaire, c’est autre chose. Nous n’étions pas contre la police universitaire. Elle a montré ses limites. Nous sommes restés plus d’un an avec elle. Mais quand on va contre les individus qu’on est censé sécuriser, alors il y a problème. Voilà pourquoi nous avons demandé le retrait de la police universitaire. Mais cette police universitaire existe à Bouaké, à Nangui Abrogoua, à Daloa. Si là-bas, ça va, tant mieux. Jusqu’à présent en tout cas, nous n’avons pas encore entendu un son contraire à ce qui devrait être normal. Donc si la normalité se vit là-bas, tant mieux. Mais ici à Cocody, cette police s’est fourvoyée, s’est déculottée.
LP : Mais il faudra bien une police de proximité à l’Université ?
Pr JZK : Justement, dès lors qu’en lieu et place des QG des étudiants, nous prônons la police, cela veut dire que c’est une police qui est proche des étudiants. Si elle veut vraiment travailler, elle pourrait circonscrire rapidement le moindre grabuge. Nous avons analysé beaucoup de plans. Mais ce que nous voyons pour le moment, c’est que la police reste. Parce qu’elle a une possibilité beaucoup plus grande, vu les forces qui sont en face. Notre campus est entouré au Sud par une section de police et de gendarmerie. A l’Ouest par le 8ème Arrondissement, au Nord par l’Ecole de police et de gendarmerie. Plus loin à l’Est par les deux camps d’Akouédo (ancien et nouveau). Logiquement, on ne devrait donc pas avoir de problème de sécurité. Il se trouve que tout cela ne suffit pas. Il se trouve même qu’en présence de la police, il y a des incidents et elle n’intervient pas. D’aucuns vous diraient qu’il y a la franchise universitaire. On ne peut parler de franchise universitaire que lorsque les règles sont respectées. A preuve, aux Etats- Unis, lorsqu’un étudiant rentre dans une université pour tuer, c’est la police qu’on appelle pour venir maîtriser l’individu. Sur la base de franchise universitaire, on aurait pu le laisser exterminer la population universitaire.
LP : Vous dénoncez la violence chez les étudiants. Mais on vous a vu faire usage de la même violence lors de vos grèves…
Pr JZK : Nous n’avons jamais été aussi radicaux que lorsque nous avons en face de nous une certaine radicalité. Nous sommes nés officiellement le 14 mars 2006. A son temps, le pouvoir a dit que nous étions la branche intellectuelle de la rébellion. C’est deux mois après que le président Affi N’Guessan nous a reçus chez lui, à la maison, avec tout le gotha du FPI. Quels propos nous n’avons pas entendu de la part de la Première dame d’alors ? Comme notre action n’est pas politique, je voudrais m’arrêter là. Le Professeur Téa Gokou, président de l’université en son temps, a refusé de nous recevoir. Nous avons dû avoir des grabuges pour qu’il comprenne qu’il y a une force qui arrive. Parfois, la violence appelle la violence. C’est parce qu’il a prôné la violence que nous étions violents. Sous le professeur Aké N’Gbo, qui l’a succédé, il n’y a pas eu de violence. Parce qu’il avait les mêmes méthodes que la présidente actuelle. Tu as beau être violent, lorsqu’on discute avec toi, tu essaies de comprendre que celui qui est en face de toi a une volonté d’apaisement. C’est en cela que nous sommes contre la méthode actuelle de la Fesci, parce que la présidente actuelle a usé de toute sorte de dialogue, même lorsqu’il n’y avait pas de rendez-vous. Quelle autorité se rabaisse ici en Côte d’Ivoire ?
LP : Oui, mais récemment, lors de vos revendications, vous avez interrompu violemment une séance de soutenance ?
Pr. JZM : Non, je suis tout juste entré pour les informer qu’il y avait une grève des enseignants. Un rappel pour vous dire que ce sont les mêmes enseignants qui profitent de nos grèves. La preuve, ils se sont tous acheté de grosses voitures. Nous sommes partis d’un salaire dérisoire en 2006, qui a été multiplié aujourd’hui par 3, grâce à nos efforts. Quand ça va, ils sont avec nous. Quand ça ne va pas, ils se cachent. Pourquoi ils se cachent ? Dans une université, on ne se cache pas derrière les rideaux pour apporter son soutien. Nous sommes juste allés pour leur rappeler que les enseignants étaient en grève. Mais ils ne voulaient pas que j’ai accès à la salle. Ce sont donc eux qui ont provoqué la violence. Dès que je suis entré et que j’ai parlé, le premier responsable qui est le doyen est sorti. Logiquement, il pouvait me dire qu’il y a une soutenance que je ne pouvais interrompre, car il est mon supérieur hiérarchique. Nous qui sommes tant violents, on a blessé qui ? On a tué qui ? On a cassé quoi ? Rien. Celui qui nous avait accusés de l’avoir violenté, finalement, nous sommes devenus des amis. Aujourd’hui, tous les présidents qui n’étaient pas d’accord, composent avec nous, car nous sommes une force.
LP : En tant que maîtres, n’avez-vous pas failli pour qu’il y ait tant de violence chez les étudiants ?
Pr JZK : Oui, nous avons tous échoué, la tête de l’Université, la présidente avec ses accesseurs, les doyens, les enseignants. Tous, avons échoué. Pourquoi, je l’ai déjà démontré tout au long de mon interview. Nous sommes leur maîtres et c’est nous qui voulons maquiller leur défaut. Nous voulons donner au diable des beautés pas possibles. Lorsqu’on veut dénoncer les comportements des étudiants, il nous oppose les droits de l’homme. Mais quand les étudiants meurent, il n’y a plus de droit de l’homme. Les mêmes enseignants épris de justice, de scientificité, de logique viennent donner une position qui est de nature à encourager la Fesci. Généralement, un mouvement, c’est pour le bien de ses membres. Quand on fait le bilan de la Fesci depuis 1990, quelle positivité ? Quelle noblesse ? Quel intérêt ont-ils produit pour l’école ivoirienne en général et pour leur mandant, si ce n’est quelques postes pour les têtes. Ils ont été placés politiquement. Véritablement, ils ont fait quoi pour l’école ? Qu’ils viennent s’asseoir pour faire le bilan. Originellement, je ne pense pas que la Fesci venait pour tuer ou supporter les hommes politiques au détriment des étudiants. Les étudiants dans leur majorité désapprouvent la Fesci, puisque malgré les violences, ils se rendent à l’université. Or, l’intention de la Fesci, c’est de faire en sorte qu’on dise que tel ou tel a échoué pour remettre l’école en marche. Le vrai problème est donc plus politique que syndical. Nous ne voulons plus cette manière de faire le syndicalisme sur le campus.
Réalisée par Dao Maïmouna, photo Tano E.
Le Patriote Abidjan
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