Le mandat d’arrêt judiciaire qui a troublé les mouvements internationaux de Guillaume Soro, Président du parlement ivoirien pour son rôle présumé dans le putsch de septembre 2015 sous la Transition burkinabè, a fini par se muer subitement en latitude laissée à la dénonciation. Bien malin, qui saura dire clairement, comment cela s’est opéré. Que peut bien faire la diplomatie, dans un différend qui a plutôt un fond judiciaire ? Cette affaire illustre à l’évidence, le règlement à l’amiable, d’un type singulier avec une diplomatie directive sacrifiant le droit par une voie nouvelle, dite « diplomaticienne »
Le mot « diplomaticien » n’existe pas pour le moment dans le dictionnaire français. C’est un néologisme made in Burkina, né sous la pointe de ma plume. Il peut être mis à l’actif de notre pays, en tant qu’extrant linguistique résultant des péripéties de la Révolution burkinabè enclenchée depuis fin octobre 2014, profondément marquée de vers et revers, de tours et détours, de jeux et enjeux. À ce titre, j’ai pris attache avec l’Académie française, – bien entendu, les bonnes volontés influentes étant invitées à soutenir l’initiative -, pour son inscription dans les futures éditions du dictionnaire de la langue française.
Le poète académicien Léopold Sédar Senghor, dans l’usage du terme « politicien », chargé de connotation péjorative, entendait établir la nuance avec son cousin, le mot « politique » qui est plutôt idéalement noble ou encore positif selon le sens étymologique ((polis, politeia), sinon selon l’entendement de philosophes de renom dans la pensée politique de l’Antiquité grecque, comme Platon, Aristote, etc.
Le mot dérivé « politicien » est au terme « politique », ce que le mot dérivé « diplomaticien » est au terme « diplomatique »
Le parallélisme fécond permet merveilleusement de dériver le néologisme diplomaticien de diplomatique pour mettre en exergue une nuance de dépréciation. Ainsi, à une dimension plus ou moins intra-nationale, le mot dérivé « politicien » est au terme « politique », ce que le mot dérivé « diplomaticien » est au terme « diplomatique » à l’échelle internationale.
En effet, la diplomatie ou la diplomatique est toute une science de relations internationales apaisées, tout un domaine assez noble sous-tendu par la souplesse, la flexibilité, les concessions, mais aussi une certaine rigueur régie par des codes de procédure et des grilles de lecture, souvent bien connus des initiés, donc des codes bien lisibles, sinon plus ou moins transparents. C’est cette rigueur et cette lisibilité qui donnent toute la plénitude de son sens à cet important ouvrage volumineux de l’auteur Jacques Gandouin, intitulé, « Guide du protocole et des usages ».
Des couleuvres diplomaticiennes
Si à l’épreuve de la réalité du terrain politique et diplomatique, l’homme politique dans ses limites, ses faiblesses, ses calculs, ses intérêts et son imperfection humaine, nous sert à longueur de journée des couleuvres politiciennes que nous avalons malgré nous à l’échelle intra-nationale, pourrait-on l’empêcher de nous faire vivre l’amère expérience d’avaler aussi au passage, cette fois à l’échelle internationale, des couleuvres diplomaticiennes ?
Lire aussi : Qu’est-ce que la politique ? http://lefaso.net/spip.php?article58415
Idrissa Diarra
Précurseur l’Initiative pour l’érection du Site de l’Assemblée nationale en
Musée à ciel ouvert.
Géographe & politologue.
Secrétaire Exécutif du Mouvement de la Génération Consciente
du Faso (MGC/Faso).
Courriel : diarra.idrissa@rocketmail.com
Site Web : www.erigan-musee.com
29 juin 2016.
Les commentaires sont fermés.