Côte-d’Ivoire enquête: «Le notaire de Gbagbo» à Amsterdam suspecté de fraudes, suspendu, écroué puis relâché

notaire

Par Gbansé Douadé Alexis | Connectionivoirienne.net

L’affaire avait fait grand bruit à la fin de l’année 2014 en Côte-d’Ivoire. Le document notarié faisant acte de candidature de Laurent Gbagbo au congrès du FPI était-il légal et venant de l’ex président lui-même ? Connectionivoirienne.net qui avait pu contacter maître Robert Buurke, était arrivé à la conclusion que le notaire confirmait sa signature, en refusant de répondre à nos questions.

Toujours est-il qu’il restait de nombreuses autres questions en suspens. Le notaire avait-il physiquement rencontré Laurent Gbagbo lorsque l’ex président apposait sa signature au bas de sa déclaration de candidature ? La CPI, seule instance à mesure de dire oui ou non si Laurent Gbagbo s’était rendu dans les bureaux du notaire à Amstelveen [proche d’Amsterdam], ou encore que ce dernier lui avait rendu visite dans sa prison, était restée comme à ses habitudes muette sur l’affaire. On en était resté là, le Front Populaire Ivoirien allant à deux congrès organisés séparément par les camps Affi N’Guessan et [Gbagbo]Sangaré. Depuis cette affaire le FPI reste profondément divisé.

Buurke écroué

Vendredi 1er juillet 2016, la rédaction de Connectionivoirienne.net reçoit un coup de fil du journal à grand tirage néerlandais NRC Handelsblad. Á l’autre bout du fil Carola H., journaliste. “Connaissez-vous Robert Buurke ? En faisant des recherches, j’ai vu que vous avez écrit un article sur lui…».

La suite de la conversation laisse des doutes apparaître sur la légalité de l’acte notarié en faveur de Gbagbo signé par Buurke en 2014.

En effet, il ressort de l’entretien et des recherches effectuées par notre rédaction que Robert Buurke ainsi deux autres de ses collègues (candidat)notaires et deux autres personnes, sont soupçonnés par la Brigade de recherche du FISC néerlandais [FIOD] d’avoir aidé des entreprises à frauder sur des dossiers de faillite. La justice hollandaise qualifie les délits de fraudes à grande échelle. Les concernés sont en effet suspectés d’avoir aidé des entreprises à maquiller leurs adresses réelles au moment de leur demande de faillite, grugeant par cette pratique leurs créanciers. Cette pratique frauduleuse a pour but de réduire les sommes payées aux éventuels créanciers lors d’une procédure de faillite. La justice hollandaise parle d’une centaines de cas de fraudes. Dans la pratique, les suspects aidaient les entreprises sur le point de faire faillite à changer d’adresse. Les données d’une tierce personne étaient introduites dans le registre de commerce [libre d’accès aux notaires] de sorte que les sommations des huissiers atterrissaient à cette fausse adresse. Dans certains des cas les vrais locataires n’étaient curieusement pas informés de l’inscription d’une entreprise à leurs adresses. Les notaires sont aussi suspectés d’avoir facilité les changements frauduleux d’actionnaires d’une entreprise. Une personne tierce, souvent contre payement, devenait par acte notarié actionnaire principal d’une entreprise sur le point de faire faillite.

Buurke suspendu, blanchi, à nouveau suspendu

Robert Buurke et ses présumés acolytes sont libres après avoir passé une semaine en détention, mais ils sont toujours considérés comme des suspects. Les enquêtes continuent. Un coup d’œil dans le registre des Notaires néerlandais indique que le fameux notaire de Gbagbo a été suspendu à deux reprises ces dernières années. La première suspension a eu lieu du 20 avril 2015 au 3 mai 2015 dans une affaire dont Buurke finira par être blanchi, même si les causes de la suspension demeurent inconnues. Suite à l’éclatement de l’affaire de fraude sur faillites le notaire est à nouveau frappé d’une suspension qui court depuis le 16 juin de cette année.

Robert Buurke récuse toutes les accusations.

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