Dès l’ouverture, Joël Kouadio N’Guessan, témoin à la CPI et porte-parole du RDR, réaffirme ce qu’il disait la veille : « Tous les partis politiques (…) sauf le RDR » ont utilisé le concept d’« ivoirité ». Il donne des noms : Bédié, Gbagbo, Guéï. Le témoin P-48 insiste de nouveau sur le fait que ce concept a engendré de multiples violations des droits de l’homme qui ont fait l’objet de nombreux rapports de diverses ONG. Mais selon lui, lorsqu’il était ministre entre 2006 et 2007, aucun de ces rapports ne fut jamais distribué lors des conseils des ministres. « C’est ça qui a fait le lit de cette succession d’impunités », explique-t-il. Une impunité qu’il déplore d’autant plus qu’il juge les atteintes aux droits de l’homme comme « régulières ».
Des propos « dignes des nazis »
Le témoin explique aussi qu’après 2005, certains avaient eu l’espoir de voir l’organisation d’élections la même année ou la suivante. Il assure que c’est à cette époque que Laurent Gbagbo aurait prononcé une phrase qui l’a « particulièrement choqué ». Pour N’Guessan, l’ancien président aurait affirmé vouloir « désinfecter » les listes électorales. Une référence, selon le témoin, à la nécessité pour le pouvoir d’empêcher les gens du Nord de voter. « Je lui ai répondu (à Laurent Gbagbo, ndlr) dans un article, explique N’Guessan. Ce sont des personnes humaines (…) ces propos sont dignes des nazis. »
« Holdup électoral »
L’interrogatoire de l’accusation, qui continue à être centré sur les années 2000, commence à agacer la défense et le juge-président Cuno Tarfusser. « Nous disposons de suffisamment de contexte », assure ce dernier avant d’exhorter l’accusation à passer aux questions concernant la crise postélectorale.
Pour le témoin, en 2010, le camp de Ouattara avait des informations selon lesquelles « le camp de M. Gbagbo s’apprêtait à faire un holdup électoral ». Après avoir été réprimandé par Emmanuel Altit, l’avocat de Gbagbo, pour relayer uniquement « des ouï-dire », puis par le juge Tarfusser lui-même pour « créer de la polémique » (en affirmant que « le véritable camp présidentiel c’était celui de Ouattara »), N’Guessan raconte sa vision de la bataille d’Abidjan en avril 2011.
Séka Séka et Bakaba
Il raconte avoir été, le 8 avril, arrêté par le commandant Séka Séka, accompagné du cinéaste pro-Gbagbo Sidiki Bakaba. Les 4 personnes avec qui il était ont été tuées. Le témoin raconte qu’une d’entre elles avait la tête explosée et que Sidiki Bakaba « a prononcé, tout en filmant, cette phrase : ‘Quelle belle patate !’ »
Bakaba aurait ensuite mis le pistolet sur la tempe de N’Guessan mais un appel de son neveu lui aurait permis d’être sauvé. « Ce mec est sous la protection de très haut, je vous interdis de le toucher », aurait dit un militaire. Finalement libre après de nombreuses tergiversations, le commandant Séka Séka lui aurait dit ceci : « Vous direz au président Ouattara que vous m’avez vu et que vous êtes toujours en vie. »
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Les articles écrits à l’occasion du procès relatent les faits tels que décrits par l’accusation, la défense, la représentante des victimes ou les témoins. Ils ne traduisent pas la pensée d’Ivoire Justice et doivent être compris comme des récits d’audiences.
Ivoire Justice est une plateforme créée par le programme « Justice internationale » de l’ONG RNW Media, basée aux Pays-Bas. Nous nous efforçons d’expliquer et donner des informations sur les affaires ivoiriennes à la CPI mais nous n’en sommes en aucun cas rattachés.
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