Sur Twitter et Facebook , des partisans de Guillaume Soro s’en sont pris au responsable du journal l’Intelligent d’Abidjan suite au commentaire ci-dessous , fait au sujet de l’interview accordée à Rfi .
« Occuper le terrain médiatique et rebondir pour dire qu’il n’est pas fini , qu’il faut encore compter sur lui. Occuper le terrain médiatique après avoir occupé le terrain social et politique , comme pour dire que cela seul n’est pas suffisant !
Mais que dire de la posture et des propos du Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro ? Qu’il soit permis – aux côtés des commentaires enthousiastes parlant de coup de maître , de cours magistral , de génie politique – à l’auteur de ces lignes de relever quelques aspects , pour livrer sa compréhension de la parole « Soroïste ».
» AH NON NON NON ! IL NE PEUT PAS Y AVOIR DE QUERELLE ENTRE LE VICE-PRÉSIDENT ET LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE »
Guillaume Soro a maintenu un suspense de principe au sujet de sa position sur l’instauration d’une vice-présidence, à l’occasion de la prochaine constitution , en indiquant qu’il réservait la primeur de son point de vue à l’Assemblée nationale lors de la clôture de la première session en cours du parlement. Toutefois en ajoutant qu’il ne saurait y avoir de confusion ni de conflit entre les prérogatives du futur le vice-président d’une part , et d’autre part celles du président de l’Assemblée nationale, il met de l’eau au moulin de la réforme du chef de l’État , Alassane Ouattara.
Avant donc de faire connaître officiellement et formellement sa position , Guillaume Soro affirme clairement que le poste de vice-président fait de son titulaire le futur numéro 2 et deuxième personnage de l’État , même si en réalité cela ne peut être vraiment le cas.
Du point de vue protocolaire, le chef du parlement reste le deuxième personnage de l’État même s’il n’est pas en posture de dauphinat constitutionnel. Sauf à doter la vice-présidence de pouvoirs propres , et sauf mentions expresses dans le dispositif réglementaire et les usages protocolaires, le vice-président demeure une sorte de président par délégation , appelé à être installé protocolairement derrière le Président de la République lors des cérémonies officielles , et non avant le président de l’Assemblée nationale.
Soucieux de donner des gages et l’assurance que la mise en place d’une vice-présidence ne le dérange outre mesure , et déjà satisfait d’avoir bénéficié , assure-t-il , durant 5 ans de la posture de dauphin constitutionnel même avec moins de marges et de prérogatives par rapport au prochain dauphin à venir , Guillaume Soro montre pattes blanches sur la question.
Il souhaite tout simplement – et sagement – ( sachant que désormais cela peut ne même pas être un acquis ) demeurer chef du parlement pour la prochaine législature.
Il semble désormais convaincu malgré l’inquiétude des siens depuis un certain temps , qu’il s’agit d’une bonne position pour la suite , même si le fonction est dépouillée de tout lien de succession – ou de sujétion- à l’exécutif.
» C’est mieux que rien , mieux vaut être dans le système et non en dehors. Ne pas être vice-président ni dans l’ordre constitutionnel de succession ne constitue nullement un obstacle ; au contraire cela crée plutôt un déficit de légitimité à celui qui sera nommé au lieu d’être élu », semble-t-on désormais se dire dans la maison Kigbafori.
Affaire à suivre.
» Moi jaloux de la confiance du président pour Hamed Bakayoko «
Interrogé sur l’idée que le ministre d’État Hamed Bakayoko aurait pris sa place dans le cœur du chef de l’État ivoirien , Guillaume Soro a parlé de « gaminerie ». Une manière de dire qu’il s’agit de petitesse et de bassesse , qui ne le concernent point.
Au passage , sans prononcer le nom du Memis , ni de personne d’autre d’ailleurs ( notamment Amadou Gon que des internautes se disant partisans de Guillaume Soro ont copieusement insulté ces temps-ci sur les réseaux sociaux ) , le président de l’Assemblée nationale souhaite bonne chance à celui qui aura désormais le bénéfice d’un privilège qu’il a eu dans une période sensible et difficile, et qu’il perdra sans regret bientôt : être le successeur constitutionnel du président Alassane Ouattara.
Encore affaire à suivre…
» Ma position sur 2020 «
Sur la question de 2020 , le chef des députés ivoiriens jure ne privilégier que l’intérêt national , une mission et non une ambition individuelle , encore moins un agenda personnel. Et on est prié de le croire….
Mais là où il y’a problème – ( même s’il dit que les présidents Bedié et Ouattara y pensent eux-mêmes régulièrement ) c’est quand Guillaume Soro dit que tout le monde en parle.
Selon lui en Côte d’Ivoire tout le monde ne rêve qu’à 2020.
Dire cela n’est-ce pas pourtant ignorer l’exaspération que le chef de l’Etat ivoirien avait manifestée au Président Bedié sur la question?
Alors qu’au Pdci les cadres parlaient de 2020 et d’alternance juste après sa réélection , le chef de l’Etat avait déploré cette manière ancienne de faire la politique qui ne permettait pas de se mobiliser sur les enjeux de son mandat.
Il se trouve justement que c’est parce que tout le monde ne pense qu’à cela , que les préoccupations des jeunes , les questions relatives à la cherté de la vie et autres ne semblent pas être au cœur de l’action politique.
Si le président de l’Assemblée nationale se met à dire qu’il est pertinent de se « focus » sur 2020, les cadres du Pdci et d’ailleurs auront beau jeu , de se mettre à ce sport national, en reléguant aux calendes grecques les vrais sujets. Inquiétant pour le peuple ! Encore une affaire à suivre…
» Si la cpi veut m’entendre, elle m’entendra «
Là Guillaume Soro joue le serein et le brave. Il fait au passage de l’humour au sujet de Sabine Kheris qui serait portée disparue alors que selon lui , elle est attendue à Abidjan depuis Janvier 2016.
Après avoir dit ailleurs ( avec Cyril Bensimon in le monde.fr ) qu’il ne saurait répondre à la Cpi parce qu’il n’a fait que jouer sa partition dans le respect des résolutions de la communauté internationale , le chef du parlement ivoirien se dit prêt ( avec Boisbouvier sur Rfi ) à répondre à la justice internationale .
On appelle cela souffler le chaud et le froid …
Une autre affaire à suivre…
» Pourquoi vouloir m’entendre sur l’assassinat d’IB «
Là où Guillaume Soro peut soulever des inquiétudes , c’est quand il se demande pourquoi des juges voudraient l’entendre sur le cas IB.
Le journaliste de Rfi parle d’assassinat. Guillaume Soro reprend le même mot , la même thèse de l’assassinat sans émettre aucune réserve .
Alors que la littérature officielle présentait toujours le mort d’IB comme résultant des combats sur le terrain , suite à son refus de négocier et de déposer les armes , Christophe Bousbouvier laisse entendre qu’IB a pu être abattu froidement , assassiné.
Guillaume Soro ne dément pas , mais contrairement à la question de la présidentielle où il dit privilégier l’intérêt collectif , le voici qui joue « perso » sur la question IB : » je n’étais pas à Abobo où il a été assassiné ».
Mais IB a-t-il été vraiment assassiné ?
Dans une interview précédente Guillaume Soro , au sujet aussi bien d’IB que de Tagro avait dit à peu près ceci avec ses propres mots : aller demander au Président Alassane Ouattara.
En tout cas , il est difficile de comprendre autrement que ceci ces bouts de phrase : » Je n’étais pas sur le terrain, j’étais Premier ministre, ministre de la Défense, mais pas chef suprême des Armées » ou bien » Je n’étais pas à Abobo » .
Qu’en sait Guillaume Soro ? Les soldats sur le terrain ont-ils reçu des ordres précis ? De qui ?
Une autre affaire à suivre ….
En dehors de ces points commentés , l’on peut noter qu’au sujet du Burkina Faso , Guillaume Soro a botté en touches , ne souhaitant pas raviver la polémique, alors que l’affaire semble se calmer .
Ce qui apparaît de façon indiscutable dans l’entretien , c’est le recours constant et permanent à la couverture , à la protection, et à la revendication de la confiance du chef de l’État Alassane Ouattara.
Il est vrai que nous sommes dans un système dit présidentiel , il est vrai également que le Président Ouattara dispose d’un charisme incontournable et inattaquable ; cependant lorsque des partisans de Guillaume Soro prétendent qu’il dispose lui aussi d’une légitimité personnelle et historique au dessus de celle de bien d’autres d’une part ; et lorsque d’autre part un acteur politique a les moyens d’exister par soi même , ou par lui-même et qu’il ne doit rien à personne – mais que des gens ont plutôt une reconnaissance de dette à son égard , à en croire Mamadou Sangafowa – ce leader là, ne cherche pas tant la couverture du président de la République , comme le ferait tout simple citoyen , comme tout autre acteur .
Cela fait beaucoup d’affaires à suivre , sans oublier que s’agissant du Rhdp , le Pdci est bel et bien aux aguets pour l’alternance en 2020 : une réalité que les exigences de l’intérêt collectif et national prônées par Soro peut permettre de comprendre.
Nous répondrons tous au débat et au rendez-vous de 2020 , et même au delà si Dieu donne santé et longue vie aux uns et autres » .
Alafé Wakili
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