Par Connectionivoirienne
Au tribunal d’Abidjan Plateau
Le procès de Simone Gbagbo devant la Cour d’Assise d’Abidjan a abordé une autre phase ce jeudi 23 juin 2016 avec l’audition des témoins de la partie civile. Les gendarmes Doffou et Albert Tanoh Kumassi ont été invités à la barre en qualité de témoins. Ces deux hommes étaient membres de la sécurité présidentielle. Ils étaient en poste à la résidence présidentielle de Cocody au moment des faits en 2011. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas comblé les attentes de ceux qui les y ont envoyé. Un remake des scènes du procès de La Haye. C’est le substitut du procureur de la Cpi Mc Donald qui qualifiait le témoin Sam l’Africain de témoin hostile. Doffou et Tano ont joué dans ce registre.
Tano Albert en particulier est resté constant dans ses déclarations à la barre, sous une avalanche de questions dont le but était de lui arracher des aveux. La partie civile et le procureur général voulaient à tout prix que celui-ci reconnaisse l’existence d’une « cellule de crise » à la résidence présidentielle dont faisait partie Simone Gbagbo. L’objectif in fine est de prouver qu’elle en a fait partie et a profité de sa position pour planifier les tueries des partisans d’Alassane Ouattara.
Quel était votre rôle à la résidence ? A cette question du juge-président Boiki Kouadio, Tano répond que sa tâche était de mentionner les noms des visiteurs, l’objet de leur visite, la personne à visiter et de s’assurer qu’ils étaient sans armes à feu. Le visiteur, après ces formalités, explique le gendarme, est installé dans une salle d’attente.
« Est-ce que quand la personne change de décision quant à la personne à visiter, vous changer les mentions dans le registre ? »
‘’Non’’, répond M. Tano.
Après cette réponse, les avocats de la partie civile brandissent une copie du registre saisi à la résidence. Dans celui-ci, ils insistent particulièrement sur quelques dates. Le 11 janvier et le 13 janvier 2011, des réunions se sont tenues à la résidence, auxquelles ont pris part le ministre de la Défense Alain Dogou, Affi N’guessan, Abou Drahamane Sangaré, Emile Guiriéoulou, Lia Bi Douayoua, Assoa Adou. La mention portée dans le registre à propos de l’objet de leur visite est « cellule de crise ». Puis l’accusation d’interroger : Avez-vous connaissance de cette cellule de crise ?
« Non je n’en ai pas connaissance. J’ai connaissance d’une cellule de prière à laquelle tout le monde participait », répond le témoin dont la signature (qu’il reconnait) figure dans le registre sur différentes pages en sa qualité de chef de poste.
Mais comment se fait-il que le nom de Koré Moïse qui est reconnu comme le pasteur de la résidence ne figure pas sur cette liste ?
« Je ne saurais vous répondre mais je répète que je n’ai pas connaissance d’une cellule de crise », martèle encore le témoin. Lequel restera constant même quand on lui demande que sur la page qui porte sa signature, il est bien inscrit comme objet de la visite « cellule de crise ». « Peut-être que c’est une erreur », ajoute le témoin.
Les avocats de la partie civile vont même jusqu’à demander si pour lui, témoin, le président de la République et la première dame jouent le même rôle et ont le même pouvoir. « Je ne saurais le dire », répond-t-il.
Sur le même registre figure une visite du patron de la gendarmerie au moment des faits, Edouard Kassaraté, à la première dame. Quand l’accusation interroge encore le témoin sur cette visite, il répond qu’il n’invente rien. C’est le visiteur lui-même qui indique qui il veut voir et les agents au poste se chargent simplement de l’enregistrer. Si le président est occupé, il peut décider de voir la première dame, tout dépend de lui, nous on ne fait que les formalités.
C’est sur ces précisions du témoin Tano kumassi que le juge a levé l’audience après une brève observation de Me Dadjé Rodrigue de la Défense. Celui-ci voulait s’assurer que le témoin a bien dit que le visiteur indique par lui-même l’objet de sa visite et la personne à visiter.
Le procès se poursuit mardi prochain à partir de 9h.
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