Dépassons le gbagboïsme pour devenir des disciples de Gbagbo
PRAO Yao Séraphin
« Soyons habités par la théophanie de Laurent Gbagbo et notre continent étonnera le monde » (L’auteur)
Il y a des Hommes qui marquent leur temps et les esprits. En Afrique, on peut citer Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Kwamé Nkrumah, Jomo Kenyatta, Nelson Mandela. Laurent Gbagbo a inscrit son nom sur cette prestigieuse liste en montrant qu’il était un digne et valeureux fils de l’Afrique. Son combat dépasse la stricte limite du territoire ivoirien car son ambition est de sortir le continent africain des griffes des colons occidentaux. Aujourd’hui, à la Haye mais il reste un héros. En Côte d’Ivoire, son charisme est si élégant et éloquent à tel point que tout le monde se dit « gbagboïste ». Mais entre cette proclamation et la pérennisation de l’idéologie de Laurent Gbagbo, il y a un grand fossé. L’objet de cette réflexion est justement d’appeler ceux qui se reconnaissent dans le « gbagboïsme » d’aller plus loin que cette simple affirmation. La raison est triviale : l’Afrique vit aujourd’hui des moments décisifs de sa vie. Les forces de la réaction et du néocolonialisme, désespérées par l’approche de leur défaite inéluctable, continuent leurs agressions en Afrique. A l’évidence, les impérialistes ne s’embarrassent d’aucune idée pour nuire les faibles. Dans les lignes qui suivent, nous apportons une brève définition du « gbagboïsme » avant d’indiquer les actes à poser pour être disciples de Laurent Gbagbo.
Le « gbagboïsme » c’est quoi au fait ?
Soyons très précis sur cette idéologie. Le « gbagboïsme » n’est pas le culte de la personnalité de Laurent Gbagbo ni une imitation de son style de vie. Cette idéologie est plus profonde que cette définition. Le « gbagboïsme » est un sursaut panafricain, un sursaut de dignité et de souveraineté face à l’impérialisme et au néocolonialisme. C’est une prise de conscience des potentialités africaines et un refus de l’assistanat. C’est une affirmation des Africains dans la gouvernance mondiale et le désir de réfléchir par nous et pour nous. Le « gbagboïsme », c’est également le refus de l’oppression et de la subordination. Il peut également signifier le combat contre les inégalités, la dictature et l’injustice. A partir de cette définition, il apparaît que le « gbagboïsme » est plutôt un comportement, une attitude, une posture. Le « gbagboïsme » implique l’action et non l’immobiliste stérile. Le « gbagboïsme » n’est pas incantatoire mais le « gbagboïste » est dans l’action pour la réussite de la lutte.
En Côte d’Ivoire, les « gbagboïstes » sont très nombreux mais amorphes et statiques. Ils sont devenus des rêveurs creux or le rêve sans action conduit au profond désespoir. Il faut donc dépasser le bonheur d’être « gbagboïste » pour mener des actions concrètes allant dans le sens du combat de Laurent Gbagbo. Les « gbagboïstes » sont devenus comme des pharisiens dont la seule constance est de dire sans faire. Ils sont semblables à des hommes superficiels attachés à la lettre et non à l’esprit de l’idéologie. En persévérant dans l’inaction, ils finissent par devenir des « d’hypocrites » et de « sépulcres blanchis ».
Les « gbagboïstes » doivent devenir des disciples de Laurent Gbagbo. On peut alors se demander c’est quoi être disciple de Laurent Gbagbo ?
Les vertus à développer pour être disciples de Laurent Gbagbo
Commençons par définir le disciple lui-même. Selon le dictionnaire Larousse, le disciple est une personne qui reçoit l’enseignement d’un maître et qui suit son exemple, sa doctrine, sa conception. Le plus important c’est que le disciple applique les enseignements du maître. Au moins six vertus sont nécessaires pour être un disciple de Laurent Gbagbo.
Premièrement, le disciple de Gbagbo doit s’engager contre la « Françafrique »
Pour François-Xavier VERSCHAVE, on peut définir la « Françafrique » comme « une nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisée sur l’accaparement de deux rentes : les matières premières et l’Aide publique au développement. La logique de cette ponction est d’interdire l’initiative hors du cercle des initiés. Le système autodégradant se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie ». On voit donc que la « Françafrique » agit avec plusieurs acteurs (économiques, militaires et politiques) entre un seul pays, la France et un continent, l’Afrique, le tout dans des réseaux. La « Françafrique » impose des présidents aux Africains et pille les ressources de notre continent. Elle veut tout contrôler même de simples nominations. Le disciple de Laurent Gbagbo doit combattre contre ce système dégradant.
Deuxièmement, être disciple de Laurent Gbagbo, c’est refuser les contrats léonins
Refuser les contrats léonins, mettre fin à la dépendance politique et financière, tel était l’objectif du Président Gbagbo. Pour le Président, l’Afrique a le sous-sol le plus fertile et le plus riche de ce monde, elle a le droit de jouir de ses ressources. Accorder des contrats gratuitement aux amis occidentaux est à proscrire car les Africains ne supportent plus le pillage à huis clos de leurs richesses. Les contrats doivent être négociés selon une logique de gagnant-gagnant.
Troisièmement, être disciple de Laurent Gbagbo, c’est avoir une réelle volonté de changement. La réorientation de la trajectoire du développement en Afrique implique l’existence d’une volonté de changement. Or, il ne semble pas que les Africains manifestent cette volonté. La clientèle, actuelle ou potentielle, n’apparaît pas favorable au changement radical du modèle. Sa seule préoccupation étant de compter parmi les nouveaux bénéficiaires, de conserver ou d’accroître la part de rente captée. Il est notamment à craindre que les futures administrations poursuivent cette activité prédatrice. Le disciple de Laurent Gbagbo doit être habité par une volonté de changer les mentalités aptes à la corruption.
Quatrièmement, être disciple de Laurent Gbagbo, c’est avoir le courage du combat
Les disciples de Laurent Gbagbo doivent s’engager dans la lutte sans calcul ni peur. Cette dernière est un sérieux handicap pour le combat. Laurent Gbagbo a bravé la peur et les humiliations pour arracher le multipartisme aux adeptes du parti unique en Côte d’Ivoire. Karl Marx nous rappelle à juste titre que “les moyens employés par la nation insurgée ne peuvent être mesuré selon les règles reconnues de conduite d’une guerre régulière ni d’après nul autre étalon abstrait mais d’après le degré de civilisation de la nation insurgée.”.
Cinquièmement, être disciple de Laurent Gbagbo, c’est refuser le néocolonialisme
L’Afrique durant son histoire a connu des torts dont les traces résistent et perdurent encore aujourd’hui. Après avoir connu la traite négrière dont les responsables sont les puissances esclavagistes d’Europe et les roitelets africains, les bourreaux de l’Afrique ont parachevé leurs actions par une occupation coloniale. Après les indépendances acquises dans la douleur, les nouvelles relations bilatérales entre les puissances esclavagistes d’Europe et les nouveaux venus sur la scène internationale étaient régies entre autres, par des accords de coopération et de défense. C’est tout simplement le néocolonialisme. Les Africains doivent se réveiller pour faire face à la nouvelle tentative de recolonisation de l’Afrique.
Sixièmement, être disciple de Laurent Gbagbo, c’est promouvoir la démocratie et les libertés
La démocratie a des atouts majeurs : elle assure au moins la paix sociale surtout lorsque chacun se plie au suffrage. Elle reste un système politique qui est à même d’éviter aux Africains des guerres inutiles. Elle favorise le développement et le bien-être. La démocratie ne s’impose pas par les armes. Elle n’est pas non plus une dictée de l’extérieur. C’est un véritable changement qui ne peut se faire qu’au travers d’un mouvement pacifique de l’ensemble du corps social. Le disciple de Laurent Gbagbo doit œuvrer pour la démocratie et les libertés.
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