Le phénomène des microbes pourrait symboliser la faillite de différents secteurs de la gouvernance sous nos cieux : faillite du système éducatif, de la politique sociale, de la politique de l’emploi, du système sécuritaire, de l’urbanisation… Il ne faut pas non plus cacher la faillite du modèle familial : le planning familial, la responsabilité des parents, les valeurs prônées, l’éducation sociologique…
Cette culture de la violence, dépourvue pour l’instant de socle idéologique, imprègne peu à peu toutes les communes d’Abidjan. C’est à se demander si ces gamins n’ont pas un cahier de charges bien planifié. Après Abobo, Adjamé, Attécoubé, Yopougon, le cap est mis sur Marcory avec des attaques sporadiques à Port Bouet. Il ne reste plus que les communes de Cocody, Koumassi, Plateau et Treichville et les microbes auront conquis Abidjan ; pôle urbain de près de 5 millions habitants, 40% du PIB, première … citadelle militaire de notre pays !
Quelles sont leurs motivations ? Se faire un peu d’argent ? Colère brute liée à leurs conditions de vie comparées aux modèles qu’ils voient à la télé ? Manque d’espace de jeux qui amène ces enfants à penser à autre chose ? Abandon du père de famille lui-même étranglé par cette pauvreté galopante ? Oisiveté des ainés diplômés qui les pousse à quitter les bancs ? Dans pareil cas, il serait juste de parler de violence opportuniste… Mais leur mode opératoire amène à se poser de véritables questions de stratégie… Comment y mettre fin ?
Le phénomène des microbes me rappelle la lutte contre la violence dans les favelas au Brésil. En effet, en En 2008 Rio de Janeiro a lancé sa politique de pacification des favelas. Le principe est le suivant : implanter durablement la police dans des favelas qui jusque-là échappaient à tout contrôle et où les trafiquants de drogue opéraient au vu et au su de tout le monde. Une étude approfondie de cette lutte (qui a porté ses fruits) pourrait nous être d’un secours estimable. Une action déterminée des autorités ivoiriennes, comme celle engagée au Brésil dans les favelas, permettrait de lutter plus efficacement contre la violence (le recours à l’armée, puis le déploiement permanent de forces de police mais aussi l’amélioration des conditions de vie de la population).
Cela demande une aide sociale pour améliorer les conditions de vie des quartiers d’où viennent ces enfants. La violence à elle seule ne peut venir à bout de ce phénomène. D’ici là, apprenons à rester chez nous à certaines heures. Il est toujours bon de suivre certains groupes sur la toile qui informent (presque) à temps des mouvements des microbes.
SN
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