Par Connectionivoirienne.net
“Un million de personnes sont sorties de la pauvreté”, affirme Kablan Duncan
Face aux journalistes ce lundi 6 juin 2016, Daniel Kablan Duncan a fait l’état des lieux de la gouvernance en Côte d’Ivoire. Il a fait parler les chiffres, beaucoup de chiffres. Tel dans un récital bien appris, le Premier ministre ivoirien a présenté un tableau reluisant de la Côte d’Ivoire, depuis avril 2011 citant les actions fortes menées par le gouvernement. A écouter son exposé, on envierait ce pays où tout est au mieux pour le meilleur des mondes possibles, un pays où coule le lait et le miel depuis l’avènement d’Alassane Ouattara.
Le Premier ministre a beaucoup parlé de macroéconomie, occultant volontairement la marche du pays au plan microéconomique. Ainsi, en guise de conclusion sur le paragraphe III ) mettant en lumière ce qui a été fait en matière de relance économique et de reconstruction nationale, Daniel Kablan Duncan a déclaré : « Les actions menées ont permis d’enregistrer une progression significative des revenus mensuels moyens par personne active, tous secteurs confondus, qui sont passés de 40.000 FCFA en 2008 à 84.000 FCFA en février 2015, soit une hausse de + 110 % par rapport à 2008. Quant au taux de pauvreté, il est passé de 51 % en 2011 à 46,3 % en 2015. Ce qui donne environ un million de personnes sorties de la pauvreté »
En ce qui concerne la gestion du portefeuille de l’Etat, le conférencier a communiqué les chiffres liés au déficit budgétaire, à la dette et à l’inflation. « Le déficit budgétaire a été de 2,2 % du PIB en 2013 et 2014 et contenu à 2,9 % en 2015, quand le taux d’endettement est resté soutenable à 41,3 % du PIB à fin 2015, pour une norme UEMOA établie à 70 % du PIB. Le taux d’inflation est également contenu à 1,2 % en 2015 en dessous de la norme communautaire de l’UEMOA de 3% », dit-il. Un discours pour réfuter en filigrane les critiques sur le surendettement dénoncé par l’opposition ivoirienne dans son ensemble. En affirmant que le taux de l’endettement est loin de la norme communautaire qui est de 70 % du budget, Kablan Duncan reconnait que le pays s’endette mais moins que la norme.
Aussi fait-il l’inventaire des travaux qui ont été réalisés au profit des populations avec l’argent de la dette. Ceux-ci ont été répertoriés dans trois domaines spécifiques : paix et sécurité – réconciliation nationale et cohésion sociale – reconstruction nationale et relance économique. Entre autres investissements réalisés, il cite :
• le revêtement de 1 980 km de routes interurbaines (travaux de point à temps) d’un coût d’environ 41,4 milliards FCFA TTC ;
• la réhabilitation de 220 km de voirie urbaine (travaux de PAT) d’un coût d’environ 24,8 milliards FCFA TTC ;
• la réhabilitation de 234 km de voiries en terre pour un coût d’environ 2,5 milliards FCFA TTC ;
• la construction de 134,7 km de routes neuves pour un coût total d’environ 46,1 milliards FCFA TTC. Il s’agit principalement des routes Boundiali-Bolona et Yamoussoukro-Attiégouakro ;
• la réhabilitation de 140 km d’autoroute et la construction et la mise en circulation de 116 km d’autoroute (Singrobo–Yamoussoukro, Abidjan–Grand Bassam) pour un coût global de 287,7 milliards FCFA ;
• La construction de 8 ouvrages d’art structurants. Il s’agit du pont HKB, des ponts de Jacqueville, de Bouaflé et de Gbélégban, de la 7ème et de la 8ème tranche, des échangeurs VGE et de la Riviera 2, ainsi que de la passerelle de Williamsville. A cela s’ajoutent 106 autres ouvrages constitués de Ponts et de dalots pour un coût total d’environ 214,6 milliards FCFA TTC.
Les questions des journalistes lui ont permis d’aller un peu plus en profondeur sur certains sujets. Mais le Premier ministre n’a pas créé la surprise. Il est resté sur son ton habituel, préférant les réponses qui relèvent de la communication à laquelle son gouvernement a habitué les Ivoiriens. Sinon il n’y a pas besoin d’être un spécialiste des chiffres pour comprendre que la Côte d’Ivoire ne va pas si bien que cela. Les problèmes sécuritaires sont loin d’être maîtrisés avec le phénomène des « microbes », ces adolescents qui tuent facilement. La corruption et les détournements de fonds restent encore un talon d’Achille de la gouvernance Ouattara. La politique de la réconciliation est un fiasco dans un pays idéologiquement et sociologiquement divisé. A la place d’une politique cohérente de réconciliation, le gouvernement ivoirien fait de grandes proclamations sans lendemain. Une vraie fantasmagorie.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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