Interview
Par Serge Alain Koffi
Le Président du conseil d’administration de Côte d’Ivoire Télécom (CI Télécom), le Général d’armée à la retraite, Michel Gueu, a soutenu dimanche que les procédures judiciaires visant le Président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, sont en réalité « une campagne de dénigrement orchestrée par ceux qui voient déjà en lui, un potentiel adversaire aux élections de 2020« , dans une interview à Alerte Info.
Vous avez été élu le 7 novembre 2013, Président du conseil d’administration (PCA) de Côte d’Ivoire Télécom après trente-neuf ans passés dans l’armée ivoirienne, sans être un spécialiste du secteur. Quel sens donnez-vous à votre présence à ce poste ? Une reconnaissance ? Une récompense ?
Reconnaissance ou récompense, cela dépend de l’angle sous lequel on voit cette nomination. Le président de la République Alassane Ouattara a estimé que je pouvais encore servir la Côte d’Ivoire et donc, il m’a retenu. Au lieu de continuer dans l’armée, il m’a confié un poste et a pensé aussi que je pourrais encore apporter beaucoup à notre pays la Côte d’Ivoire même si c’est dans le domaine de la télécommunication. Mérite, reconnaissance ou récompense, je ne sais pas.
Le 13 mars dernier, la Côte d’Ivoire a essuyé pour la première fois de son existence, une attaque terroriste. Le gouvernement avait pourtant indiqué pendant de longs mois avoir pris les mesures pour faire face à la menace qui était devenue réelle avec les attentats au Mali et au Burkina. Des Ivoiriens ne comprennent pas que les autorités se soient laissées surprendre par cette attaque…
Les terroristes ne sont pas des ennemis conventionnels en tenues militaires. Par conséquent difficilement identifiables. Ils sont avec nous et vivent avec nous donc peuvent nous surprendre à tout moment surtout quand on sait qu’ils ont parfois des complices parmi nous. Et le gouvernement a bon droit de tranquilliser la population qui ne doit pas vivre dans la torpeur ou la peur au ventre.
Pensez-vous que nos forces armées sont (en terme d’équipements, de formation militaire) outillées pour faire face à la menace terroriste ?
Oui, nous avons des forces outillées pour faire face à la menace terroriste. Vous avez vu les Forces Spéciales à la tête desquelles se trouve l’un de mes brillants anciens élèves à l’œuvre dans les événements de Grand-Bassam. Il y a le Groupe de Sécurité Aéroportuaire, l’Unité d’Intervention de la Gendarmerie Nationale et les Fusiliers Commandos de l’Air, pour ne citer que ces forces, aptes à faire face à n’importe qu’elle menace terroriste. À coté, il y a des unités combattantes tel le Bataillon Commando Parachutiste qui peuvent venir en soutien à ces forces dites spéciales dans la lutte contre les terroristes et les pirates.
On a constaté aussi bien en Côte d’Ivoire, qu’au Mali et au Burkina, l’intervention du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) français. Comment expliquez-vous l’intervention systématique de cette unité d’élite de la Gendarmerie française, spécialisée dans la gestion de crise et dans les missions demandant un savoir-faire particulier, notamment dans la lutte contre le terrorisme ?
Aucune armée étrangère n’a participé aux opérations lors de l’attaque de Grand Bassam. Ce sont les Forces Spéciales aidées des éléments du CCDO, de la Police Nationale et de la Gendarmerie. Contrairement au Mali ou au Burkina Faso.
Le président ivoirien Alassane Ouattara a décidé qu’il n’enverra plus aucun ivoirien à la Cour pénale internationale (CPI). Est-ce un soulagement pour l’ancien membre de l’ex-rébellion des Forces nouvelles que vous êtes ?
Soulagement dans quel sens? J’ai toujours soutenu que j’étais prêt à répondre à la convocation de n’importe quelle juridiction, qu’elle soit étrangère ou ivoirienne quoique membre de l’ex-rébellion des Forces Nouvelles. Je n’ai aucune appréhension.
Est-ce à dire que vous ne vous reprochez rien dans les crimes qu’il a pu avoir pendant la crise post-électorale ?
Je ne me reproche rien. J’ai la conscience tout à fait tranquille et l’esprit dégagé. Je ne me reproche absolument rien dans les crimes qu’il a pu avoir dans la crise post-électorale pour la simple raison que pendant ou avant la crise dont il est question, j’ai toujours essayé de conduire mes opérations conformément au droit humanitaire et aux droits de la guerre. J’ai toujours demandé à mes hommes de faire preuve de circonspection aussi bien vis à vis de l’ennemi que des populations civiles. Il faut respecter le prisonnier de guerre et protéger la population.
Le procès de l’ancien Président Laurent Gbagbo s’est ouvert depuis le 28 janvier. Est-ce que vous pensez que sa libération peut booster la réconciliation nationale comme le soutiennent ses partisans ?
Ce n’est pas forcement parce M. Gbagbo est présent qu’on va se réconcilier. Mais il serait bon que ces frères qui sont l’autre côté reviennent en Côte d’Ivoire. Sans le président Gbagbo Laurent, on peut se réconcilier avec lui aussi on peut se réconcilier. A mon avis, sa présence n’est pas déterminante pour aller à la réconciliation. Il suffit qu’on le veuille, on va se réconcilier.
Il y a quelques semaines, le Président de l’assemblée nationale Guillaume Soro a rassemblé des anciens membres des Forces nouvelles (dont vous-mêmes) avec lesquels il s’est entretenu. Quel était l’objectif de cette rencontre ? De quoi avez-vous parlé ?
C’étaient de simples retrouvailles entre anciens membres des Forces Nouvelles. Une sorte de communion entre nous. Nous avons parlé de tout et de rien autour d’un repas copieux dans une ambiance très fraternelle soutenue par un orchestre congolais.
Pour certains Ivoiriens, le président de l’assemblée nationale, battait ainsi le rappel de ses troupes dans la perspective de la présidentielle de 2020….
Ce n’était pas le cas. On n’a parlé ni de politique ni de la reconstitution des Forces Nouvelles (FN), ni de la candidature de Soro Guillaume en 2020. Rien du tout.
Que pensez-vous de tous les ennuis judiciaires dans lesquels est empêtré M. Guillaume Soro ? Considérez-vous cela comme une campagne dénigrement ?
Je pense qu’il s’agit d’une campagne de dénigrement orchestré par ceux qui voient déjà en lui, un potentiel adversaire aux élections de 2020 et qui le devinent sur un starting-bloc. Pour cela il faut le salir, lui mettre les bâtons dans les roues, le vilipender.
Faites-vous allusion au ministre Hamed Bakayoko ?
Je ne citerai pas de nom parce que je n’en connais pas. Hamed Bakayoko ou tartampion, je ne rentre pas dans ces supputations. Sachez que la politique ne m’emballe pas tellement.
Avec les frictions au RDR et les dissensions au RHDP, êtes-vous inquiet pour la Côte d’Ivoire dans la perspective des élections de 2020 ?
Sincèrement je n’ai aucune inquiétude. Je suis positif de nature et en toute chose je ne vois que le bien, le bon et le beau. Je demande à tous les hommes politiques de quelque bord qu’ils soient, de s’entendre pour préserver notre pays d’un quelconque soubresaut ou une autre aventure.
SKO
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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